Saga Zagato

Si, par sa dimension économique, Zagato apparaît comme une maison secondaire, la carrosserie a joué, grâce à sa personnalité forte et originale, un rôle qui dépasse la simple arithmétique de sa production.

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Histoire : Historique Zagato

Gilles Bonnafous le 20/01/2006

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Si, par sa dimension économique, Zagato apparaît comme une maison secondaire par rapport à Pininfarina, Bertone ou Italdesign, la carrosserie milanaise a joué, grâce à sa personnalité forte et originale, un rôle qui va bien au-delà de la simple arithmétique de sa production.

Ugo Zagato a 28 ans quand il crée sa carrosserie à Milan en 1919. Il vient de l’Officine Aeronautiche Pomilio, une entreprise aéronautique filiale du groupe Ansaldo, qui, la guerre terminée, licencie une grande partie de son personnel. Il y travaillait sur les ailes et les empennages des biplans de l’époque.

Ugo Zagato
Ugo Zagato D.R.

Zagato

La carrosserie Zagato est ainsi marquée dès l’origine par la personnalité et la formation de son créateur, qui, rapidement, va mettre en œuvre les techniques issues de l’aéronautique. Sportivité, légèreté et aérodynamique seront les valeurs distinctives des Zagato.

Ugo Zagato ne possède pratiquement aucune expérience de l’automobile. Ce qui pourrait apparaître comme un inconvénient se transforme en avantage, car cette méconnaissance affranchit notre homme du conditionnement auquel sont soumis les carrossiers de l’époque, lesquels perpétuent le style de la voiture hippomobile. Il conçoit des structures légères et a recours à l’aluminium, utilisant des procédés d’assemblage mécaniques (rivets) compte tenu des difficultés de soudure de ce métal.

Sva 1919
Sva 1919 Zagato

Après des débuts modestes, le caractère particulier des réalisations Zagato s’affirme vers le milieu des années vingt. Les carrosseries sont entièrement métalliques. La maison habille d’abord des Fiat, avant de collaborer étroitement avec Alfa Romeo. La RLSS constitue la première étape de ce partenariat. Le véritable élan sera donné par la 1500 Sport, qui, grâce à sa victoire aux Mille Milles de 1928, apportera la renommée aux voitures frappées du Z. Peu après, l’entreprise déménage pour s’installer près de l’usine Alfa du Portello.

Zagato se fait une spécialité des Mille Milles, prouvant ainsi la justesse de ses idées. Avec Campari au volant, l’Alfa Romeo 1750 remporte l’édition de 1929 avant de récidiver l’année suivante (Nuvolari). De nombreuses Fiat Topolino et Ballila carrossées par Zagato participent également à la course. En 1938, pas moins de 36 voitures arborant le Z prennent le départ de l’épreuve.

Alfa Romeo RLSS en 1927
Alfa Romeo RLSS en 1927 Zagato
Alfa Romeo 1500 Sport en 1928
Alfa Romeo 1500 Sport en 1928 Zagato

Si les années trente sont une période d’expansion pour l’entreprise, elles voient aussi la rupture avec Alfa Romeo. Dont l’évolution du style, plus bourgeois et esthétisant, éloigne la marque de Zagato. Mais cela nous vaudra les sublimes créations de Touring, devenu le carrossier attitré d’Alfa Romeo.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Ugo Zagato fabrique des cabines de camions pour Isotta-Fraschini. Il s’installe même dans les locaux du constructeur après que son usine a été détruite par un bombardement en 1943. Luigi Rapi lui proposera de carrosser deux prototypes de l’extraordinaire Monterosa, une huit cylindres à moteur implanté à l’arrière, chant du cygne d’Isotta-Fraschini au lendemain du conflit.

Fiat 500 A Topolino en 1936
Fiat 500 A Topolino en 1936 Zagato
Ugo Zagato avec l'Isotta-Fraschini Monterosa en 1947
Ugo Zagato avec l'Isotta-Fraschini Monterosa en 1947 D.R.

Fiat 8V Zagato
Fiat 8V Zagato Zagato
Fiat 1400 Panoramica, 1948
Fiat 1400 Panoramica, 1948 Zagato

Après la guerre, les deux fils d’Ugo, Elio et Gianni, entrent dans l’entreprise. Gianni est ingénieur. Quant à Elio, il court, notamment sur la Fiat 8V Zagato au volant de laquelle il remportera maintes victoires, y compris sur le circuit de l’Avus, à Berlin, en 1955.

Zagato innove en 1948 avec sa carrosserie panoramique, dont les portières et le pare-brise empiètent sur le toit de manière à faciliter l’accès et à accroître la luminosité de l’habitacle. Une idée pas vraiment nouvelle, en fait, puisque qu’elle reprend le concept développé dans les années trente par la carrosserie française Gaston Grümmer. Elle sera montée sur différents modèles : Fiat Topolino, 1100 et 1400, Lancia Ardea, Maserati 1500 et même une MG.

MG 1500 Panoramica et en version normale, 1948
MG 1500 Panoramica et en version normale, 1948 Zagato
Alfa Romeo 159 de Formule 1 en 1951
Alfa Romeo 159 de Formule 1 en 1951 Zagato

Zagato participe à l’étude de la carrosserie de l’Alfa Romeo 159, au volant de laquelle Fangio est sacré champion du monde de Formule 1 en 1951. Après la très belle Alfa Romeo 1900 SS, la seconde moitié des années cinquante est marquée par les Abarth 750 et 1000, grâce auxquelles l’entreprise connaît un important développement. Puis viendront l’Alfa Romeo Giulietta Sprint Z, l’une des plus célèbres Zagato, ainsi que la Lancia Appia et l’OSCA GT, qui, comme les Abarth, sont dotées du fameux double bossage sur le toit, signe distinctif de la marque.

Abarth 750 GT
Abarth 750 GT Zagato
Alfa Romeo Giulietta Sprint Z en 1960
Alfa Romeo Giulietta Sprint Z en 1960 Zagato

Zagato s’intéresse également aux marques anglaises : Jaguar XK 140 et 150, Bristol, Rover et la célébrissime Aston Martin DB4 GT, l’un des chefs-d’œuvre du carrossier avec la sublime Maserati A6G 54 des années cinquante.

Rover 2000 TCZ, 1967
Rover 2000 TCZ, 1967 Zagato
Aston Martin DB4 GTZ, 1960
Aston Martin DB4 GTZ, 1960 Zagato

Avec la Lancia Fulvia Sport, Zagato accède à une nouvelle dimension, celle de la production industrielle. Construite à la cadence de onze exemplaires par jour, la voiture sort de la nouvelle usine de Terrazzano di Rho (banlieue de Milan) mise en service en 1966. Mais elle verra l’abandon de l’aluminium pour la tôle. La maison marche à fond, produisant mille voitures par an, dont la Lancia Flavia Z à la ligne singulière et l’Alfa Romeo Junior, dernière voiture dessinée par le styliste Ercole Spada avant qu’il ne parte, remplacé en 1969 par Giuseppe Mittino.

Période difficile pour Zagato que les années 70 ! Après l’arrêt de la Fulvia en 1972 et de la Junior en 1975, l’entreprise assemble la version spider de la Lancia Beta. Mais aussi des voiturettes électriques (de golf surtout), ainsi que des voitures blindées, un comble pour une maison qui a bâti sa réputation sur la sportivité et l’allégement. Il faut bien vivre…

Lancia Fulvia Sport spider
Lancia Fulvia Sport spider D.R.
Lancia Flavia Super Sport
Lancia Flavia Super Sport D.R.

Grâce à Alessandro De Tomaso, Zagato revient à des tâches plus en rapport avec son histoire en construisant, à partir de 1984, la Maserati Biturbo spider. Suivront les Aston Martin Vantage et Volante. Et pour célébrer ses 70 ans d’existence, la firme réalise en 1989 l’Alfa Romeo SZ en souvenir de la Giulietta Sprint Z. En 1996, Zagato propose, avec la Raptor, un prototype original motorisé par le V12 Lamborghini, dont l'habitacle est entouré de verre jusqu'aux célèbres bulles. Doté d’un toit relevable, ce coupé hautes performances à quatre roues motrices peut ainsi se transformer en barquette.

Aston Martin Vantage, 1986
Aston Martin Vantage, 1986 Zagato
Alfa Romeo SZ, 1990
Alfa Romeo SZ, 1990 Zagato

Aujourd’hui, Zagato est un designer polyvalent spécialisé dans les transports et la locomotion : automobile, véhicules industriels, trains et bateaux. L’entreprise possède également une structure dédiée à la construction de prototypes et de petites séries. Parmi les créations de ces dernières années, on citera la Fiat Ecobasic présentée au salon de Genève 2000, l’Aston Martin DB7 Zagato dévoilée au Mondial de Paris en 2002, dont la production a été limitée à 99 exemplaires, et l’Ypsilon Sport exposée au salon de Genève 2005, fruit de la collaboration avec Lancia.

Raptor; 1996
Raptor; 1996 Zagato
Aston Martin DB7 Zagato, 2002
Aston Martin DB7 Zagato, 2002 Zagato
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Commentaires

avatar de doublair41
doublair41 a dit le 12-05-2008 à 22:38
L'article est intéressant, mais j'aimerais qu'on parle et surtout trouve des photos des rares françaises carrosées par Zagato. Je ne connais que la D.B Panhard de 1953 (j'ai photos et échanges de courriers d'époque) et la ou les 2 Dauphines Renault. Peut être y en a t'il d'autres ? En ce qui concerne la D.B, j'en cherche désespérément une vue d'arrière ou 3/4 arrière...Elle a tout de même été championne d'Italie GT moins 501 à 750cc en 1954 !