Saga Aston Martin

Mouvementée, l'histoire d'Aston Martin révèle un destin hors-norme. Celui d'une marque de prestige et de performances, mais à la santé fragile. En cent ans d'aventure, Aston Martin a souvent changé de mains et a connu des périodes plus ou moins fastes. Reste que son image inoxydable la rend virtuellement immortelle ! Rendez-vous dans cent ans ?

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ASTON MARTIN DBR1

Gilles Bonnafous le 15/11/2006

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Plus glorieuse Aston Martin de course, la DBR1 est aussi, avec ses courbes fluides et ses galbes voluptueux, l’une des plus belles Sport-prototypes jamais construites.

En 1956, David Brown met en chantier une nouvelle voiture pour remplacer la malchanceuse DB3S. Un nouveau châssis tubulaire est tracé sous la responsabilité de l’ingénieur Ted Cutting. Rigidifié, il est aussi allégé de 23 kilos par rapport à celui de la DB3S. Elle bénéficie d’un excellent train arrière à pont de Dion, qui fait défaut à la Jaguar Type D. Fiable, son six cylindres double allumage en alliage léger de trois litres développe 255 ch avec trois carburateurs double corps Weber de 45 mm. La boîte de vitesses est une David Brown à cinq rapports.

Aston Martin DBR1 de 1958
Aston Martin DBR1 de 1958 Aston Martin
ASTON MARTIN
Didier Bailleux

Due au talent de Frank Feeley, également auteur de la DB3S, la magnifique carrosserie de l’Aston Martin DBR1 avoue une ressemblance frappante avec sa devancière. Quatre voitures d’usine seront construites, plus une privée pour Graham Whitehead.

La première voiture construite (DBR1/1) reçoit le six cylindres dans une définition de 2,5 litres. Pilotée par Tony Brooks et Reg Parnell, elle débute aux 24 Heures du Mans 1956, où elle s’avère dépassée par ses concurrentes nettement plus puissantes, avant d’abandonner sur ennui mécanique. Ce sera son unique sortie au cours de la saison. En fin d’année, John Wyer et Reg Parnell sont nommés par David Brown pour prendre en main la compétition Aston Martin.

Les choses changent en 1957 quand l’Aston Martin DBR1 se voit gréer une évolution du trois litres de la DB3S. Deux voitures sont ainsi alignées au Grand Prix de Spa en mai, où la DBR1/2 de Tony Brooks remporte une première victoire. Aux mêmes mains, la DBR1 glane deux nouveaux succès : aux 1000 Kilomètres du Nürburgring et aux 3 Heures de Spa. Mais elle subit un nouvel échec au Mans, notamment en raison de problèmes de boîte de vitesses, sa seule vraie faiblesse. Un comble !

La réglementation des Sports-prototypes est modifiée pour la saison 1958. La cylindrée des moteurs est désormais limitée à trois litres, ce qui fait les affaires d’Aston Martin. Exit les concurrentes les plus dangereuses de la DBR1 : Jaguar Type D, Maserati 450 S et Lister Jaguar.

ASTON MARTIN
Didier Bailleux
ASTON MARTIN
Didier Bailleux

Les 24 Heures du Mans restent plus que jamais l’objectif de la marque et une troisième voiture est fabriquée. Avant le grand rendez-vous de la Sarthe, les 1000 Kilomètres du Nürburgring sont considérés comme un tour de chauffe : nouvelle victoire avec Stirling Moss et Jack Brabham sur l’Aston Martin DBR1/3. Par contre, c’est une véritable débâcle que connaît Aston Martin au Mans, où aucune des trois DBR1 alignées ne termine !

Alors qu’une ancienne DB3S, la seule engagée (Whitehead), prend la deuxième place derrière la Ferrari 250 TR d’Olivier Gendebien-Phil Hill. Moss et Brooks se consolent en gagnant le Tourist Trophy sur la DBR1/2 et David Brown en prenant la deuxième place au championnat du monde des constructeurs derrière Ferrari.

La libération va enfin venir en 1959 ! Une quatrième voiture est réalisée pour la saison, tandis qu’une cinquième est construite pour le fidèle client Graham Whitehead (DBR1/5). Sur la DBR1/1, Stirling Moss et Jack Fairman glanent la troisième victoire consécutive de l’Aston Martin DBR1 au Nürburgring.

Quatre voitures d’usine sont engagées au Mans, plus celle de Whitehead. Plus rapide (taux de compression plus élevé), la DBR1/3 de Moss joue le rôle du lièvre dans les premières heures. Le moteur de la voiture rend l’âme à la sixième heure, mais la tactique va payer car les Ferrari vont casser.

ASTON MARTIN
D.R.
ASTON MARTIN
D.R.

Après 4348 kilomètres parcourus à la moyenne de 181 km/h, Carroll Shelby et Roy Salvadori l’emportent sur la DBR1/2. Comme un bonheur n’arrive jamais seul, Aston Martin s’offre le doublé avec Maurice Trintignant et Paul Frère sur la DBR1/4 (deuxième place dans le même tour à dix kilomètres seulement des vainqueurs).

David Brown a réalisé son rêve et cette victoire demeurera unique. En fin de saison, la marque s’adjugera le titre de champion du monde des constructeurs grâce à la victoire de Shelby, Fairman et Moss dans le Tourist Trophy au volant de la DBR1/2. De 1957 à 1959, l’Aston Martin DBR1 a couru seize épreuves. Elle en a gagné huit, dont six avec la même machine, la DBR1/2.

Carroll Shelby et Roy Salvadori en 1959
Carroll Shelby et Roy Salvadori en 1959 D.R.
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