Salon du Cabriolet, du Coupé et du SUV 2008

DELAHAYE 135 MS Cabriolet Figoni

Gilles Bonnafous le 09/04/2008

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Carrossé par Figoni, ce cabriolet Delahaye 135 MS d'exception a appartenu à la môme Moineau, célèbre chanteuse rivale d'Edith Piaf.

Les voitures d’exception sont toujours commandées par des gens fortunés et le souvent célèbres, artistes en vue ou capitaines d’industrie comme on disait jadis. Cette « Delahaye Spéciale » n’échappe pas à la règle. Elle a appartenu à Lucienne Dhotelle, plus connue sous son nom d’artiste, la môme Moineau, célèbre chanteuse des années trente et rivale d’Edith Piaf. La vendeuse de fleurs ambulante est rapidement devenue milliardaire. De plus, en 1929, à l’âge de 21 ans, elle a épousé le richissime homme d’affaires portoricain Felix Benitez Rexach rencontré à New York.

La môme a commandé la Delahaye à la fin 1938. Elle l’a réceptionnée au début de 1939 après l’avoir fait carrosser par la célèbre maison Figoni & Falaschi, ce qu’a confirmé, d’après les livres de l’entreprise, Claude Figoni, le fils du carrossier. La voiture porte le numéro de châssis 60173 et sa référence de fabrication Figoni est FIFA 727.

DELAHAYE 135 MS Cabriolet Figoni DELAHAYE 135 MS Cabriolet Figoni

C’est un cabriolet quatre places trois positions — capote fermée, ouverte et à demi ouverte. Cette dernière s’escamote intégralement dans la malle arrière. Disparaissant totalement à la vue, elle participe ainsi à l’élégance de la silhouette d’une carrosserie par ailleurs avant-gardiste. On retrouve les formes et éléments décoratifs chers à la grande maison, en particulier les ailes et les ouïes d’aération du capot en forme de croissant. Mais le style s’avère assez tempéré et se refuse aux extravagances parfois constatées sur certaines voitures habillées par Figoni. Des lignes hors du commun, mais qui demeurent dans les limites du bon goût.

Constitué de deux parties, le pare-brise est rabattable. Mais en position droite, il est placé si près du volant qu’il a été rayé côté conducteur. On dit que ce sont les fabuleux bijoux de la môme Moineau qui seraient à l’origine du dommage… Du moins avant qu’elle ne se les fasse tous dérober !

Ce vaste vaisseau baroque aux lignes sensuelles n’en est pas moins une voiture de sport performante (pour l’époque). Il s’agit d’une 135 MS, version survitaminée de la Delahaye 135. Les 145 ch de son six cylindres de 3,5 litres à trois carburateurs lui permettent d’atteindre 165 km/h. La transmission est assurée par une boîte présélective Cotal à quatre rapports.

La môme Moineau récupère la Delahaye après la guerre, qu’elle a passée à Porto-Rico. La voiture subit alors un ensemble de modifications cosmétiques, effectuées probablement dans les ateliers Figoni — mais ceci n’est pas avéré. L’objectif est d’actualiser le design. Au lendemain du conflit, l’industrie automobile française n’est pas en mesure de lancer de nouveaux modèles de prestige et l’on reprend les voitures d’avant guerre en essayant de leur donner une nouvelle jeunesse.

Les retouches concernent le marchepied, qui est supprimé, la calandre qui est affinée, tandis que des bavolets sont posés à l’avant entre la caisse et les pare-chocs. Ces derniers sont eux-mêmes modernisés. La voiture reçoit également une planche de bord de Delahaye 235, le bois étant remplacé par une tôle peinte au tampon.

La Delahaye Figoni est cédée au milieu des années cinquante à un grand collectionneur du Sud-Ouest, qui la revendra dans les années 70 à un amateur belge par l’intermédiaire du marchand Lalanne.

C’est en 1985 que Patrick se rend acquéreur de la 135 MS. Il en est ainsi le quatrième propriétaire. Très saine, la voiture est complète et tourne bien. Son vendeur belge est du reste venu de Bruxelles à Paris par la route. Elle a été repeinte dans les années cinquante en deux tons de vert, dans des nuances laiteuses. A l’origine, sa livrée était monochrome en gris métal — ce sont alors les débuts en France des peintures métallisées — et la sellerie est bleu nuit, comme la capote.

Aussitôt acquise, la Delahaye subit une restauration complète réalisée en grande partie dans les ateliers de Patrick, qui possède une concession automobile. Seule la sellerie est réalisée à l’extérieur par un ancien de chez Chapron. La nouvelle peinture conservera la bichromie, mais dans des tons verts plus éclatants, ce qu’autorise le style de la carrosserie.

Aujourd’hui, la voiture apparaît telle qu’elle était il y a 23 ans lorsqu’elle est sortie de restauration. Elle a tout de même parcouru 50 000 kilomètres depuis lors. Elle roule parfaitement et est venue par la route de Normandie pour le salon. Elle se fond aisément dans le trafic moderne et, sur autoroute, les 130 km/h correspondent à son régime de croisière. Elle tient bien la route et son freinage s’avère efficace pour une voiture de l’époque — surtout elle freine droit. Douce et agréable à conduire, assez légère (ses ouvrants sont en aluminium), elle ne manifeste aucune lourdeur particulière en manœuvres, contrairement à ce que son gabarit pourrait donner à croire.

DELAHAYE 135 MS Cabriolet Figoni DELAHAYE 135 MS Cabriolet Figoni

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Avis des propriétaires

Commentaires

avatar de 130245
130245 a dit le 11-04-2008 à 13:50
Même modèle 135 Ms mais carrosée par Chapron, très peu de différence de carrosserie, phares intégrés dans les ailes, parchoc différent, ouies de capot moteur différentes. Cette voiture avait été carossée pour un chanteur célèbre de l'époque et mon père l'avait acheté apres la guerre. Le moteur faisait à mon avis 180 à 190 CV et la la voiture prenait 180 Km/h.