Rétromobile 2001

L'aventure Peugeot

Gilles Bonnafous le 09/02/2001

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L'Aventure Peugeot poursuit son hommage au XXe siècle initié en 2000. Ce sont les années 1925 à 1938 qui sont mises à l'honneur dans le cadre de Rétromobile 2001.

L’Aventure Peugeot poursuit son hommage au XXe siècle initié en 2000. Le constructeur ayant opté pour une démarche chronologique, ce sont les années 1925 à 1938 qui sont mises à l’honneur dans le cadre de Rétromobile 2001. Une époque faste pour Sochaux, dont la production s’enorgueillit d’une belle variété de modèles.

L’Aventure Peugeot présente une très riche exposition, dont quelques pièces de grand intérêt. Une partie des véhicules provient du Musée de Sochaux (ceux du podium central), les autres appartiennent à des collectionneurs privés. Trois vedettes émergent incontestablement du vaste aréopage de voitures présentées : la 401 Eclipse, le prototype 402 Andreau et la monoplace Darl’mat. Les deux premières témoignent d’un louable esprit d’innovation, recherches aérodynamiques pour l’Andreau et exploration de voies nouvelles avec l’Eclipse. A ces modèles d’exception, nous associerons dans l’hommage deux superbes berlines, la 176 sans soupapes de 1926 et la 601 profilée de 1934.

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Nous tenons toutefois à faire quelques mises au point. Pour rendre à César ce qui est à César et afin que l’histoire soit écrite comme il se doit. On ne dira jamais assez que le toit rétractable électriquement est une invention française et que nous la devons à deux hommes : Georges Paulin, qui l’a conçue (c’est l’Eclipse), et le carrossier Marcel Pourtout, qui l’a réalisée dans le milieu des années trente. Ce dernier a appliqué cette technique à différents modèles — des Peugeot mais aussi des Lancia —, et ce n’est que devant le succès de la formule que Peugeot s’y est véritablement intéressé. Cette invention originale sera reprise dans les années cinquante par Ford Etats-Unis sur la Skyliner, avant que Mercedes ne la redécouvre avec le SLK. Et que Peugeot retrouve ses racines (grâce à Mercedes !) en proposant cette excellente solution sur la 206 CC.

Par ailleurs, s’agissant de la monoplace Darl’mat, contrairement à ce qu’indique Peugeot, la voiture n’est pas de 1947. Mon ami Claude Pourtout m’a précisé (archives de l’entreprise en main) que la voiture était sortie de la carrosserie de son père en mai 1938.

On sait que l’Aventure Peugeot fédère une myriade de clubs français et étrangers (originaires de nombreux pays d’Europe, mais aussi d’Amérique du Nord, d’Afrique du Sud, d’Australie, de Nouvelle-Zélande, etc.). Autour du vaste podium central, s’articulent donc, comme à l’accoutumée, de nombreux stands de clubs consacrés aux voitures de Sochaux. Mais aussi aux motos et même aux miniatures de la marque au lion ! Sans oublier la CAAPY, qui regroupe les passionnés des véhicules construits à Poissy (Ford et Simca). Une jolie Simca 9 Sport de 1952, à l’élégante carrosserie réalisée chez Facel, est du reste exposée.

Parmi les voitures exposées par les clubs, signalons une charmante torpédo Type 177 de 1924 (1525 cm3, 9 ch et quatre vitesses), un magnifique et très immaculé cabriolet 403 entièrement blanc, ainsi qu’une 604 STI blindée carrossée chez Chapron (la voiture était utilisée dans les cortèges de la Présidence de la République).

D’une étonnante diversité, cet ensemble fait un peu inventaire à la Prévert. Des véhicules rares, voire uniques, côtoient de modestes et plébéiennes populaires d’usage, à l’image de la 204 break présentée par le Club 204/304 ! Notons toutefois que plusieurs véhicules utilitaires sont (fort légitimement) mis sous les projecteurs : 302 boulangère de 1938, 203 commerciale de 1954 et 403 camionnette.

Une requête pour finir : que Peugeot nous épargne en 2002 les hautes rambardes vitrées qui ceinturent (de très près) les voitures, ainsi parquées dans une déplaisante enceinte. Il ne manque que les chiens policiers…

401 ECLIPSE

Dentiste de son état et designer amateur (de grand talent), Georges Paulin imagina en 1933 le système de toit métallique rétractable électriquement dans le coffre. Il fit breveter son invention sous le nom d’Eclipse, que le carrossier Marcel Pourtout se chargea de réaliser. Ainsi naquit notamment la Peugeot 301 Eclipse, suivie de la 401 présentée au salon de Paris de 1934. Seulement 79 exemplaires en seront construits. Le prix de la voiture était en 1935 de 34 750 francs de l'époque contre 27 000 francs pour le cabriolet traditionnel.

402 ANDREAU

Si la 402 se réclame de la ligne " Fuseau Sochaux ", elle est fortement inspirée de la Chrysler Airflow lancée en 1934. A partir de 1935, la marque au lion collabore toutefois avec un aérodynamicien de renom, l’ingénieur Andreau : après le prototype NA8 destiné à recevoir un moteur V8, Peugeot réalise en 1936 cinq exemplaires de la N4X, dont celui présenté ici. Profilée et dotée d’un pare-brise bombé, la voiture est équipée d’un aileron en forme de dérive d’avion. Cette carrosserie insolite habille un châssis de 402 (moteur de deux litres, 55 ch et boîte Cotal à quatre vitesses). Ces recherches aérodynamiques permettaient à la 402 Andreau de gagner 7 km/h par rapport au modèle de série (127 km/h).

MONOPLACE DARL’MAT

Présentée sur le stand des Amis de Darl’mat, la monoplace Darl’mat a été réalisée en 1938 par Marcel Pourtout. Exemplaire unique, cette voiture construite sur un châssis spécial est équipée d’une mécanique TH 4 de 2142 cm3 à arbre à cames en tête (dérivée du moteur de la 402). Cachée pendant la Seconde Guerre mondiale, elle réapparaîtra après le conflit pour être pilotée par Charles de Cortanze. Elle participera ainsi en 1947 et 1948 à plusieurs des Grand Prix organisés dans l’immédiat après-guerre. Elle remportera même la coupe de l’AGACI courue au Bois de Boulogne le 27 juillet 1947 (après avoir réalisé le meilleur temps aux essais).

BERLINE 176 SANS SOUPAPES

Motorisé par un quatre cylindres sans soupapes de 2,5 litres (55 ch) associé à une boîte à quatre rapports, le type 176 a été présenté en 1926. Il sera construit à 1512 exemplaires dans l’usine d’Issy-les-Moulineaux, spécialisée dans la production des Peugeot haut de gamme. Une version torpédo Grand Sport s’illustrera en compétition, notamment au Grand Prix de l’ACF et à la Coupe Florio de 1925.

BERLINE 601 PROFILEE

Cette berline 601 de 1934 doit une bonne part de sa noble élégance à la poupe profilée dont jouit sa carrosserie. Comme toute la gamme Peugeot depuis la 201 C de 1931, la voiture reçoit un essieu avant à roues indépendantes. Motorisé par un six cylindres de 2,1 litres (60 ch), ce haut de gamme sera produit à 3999 exemplaires en 1934 et 1935, dont 457 en version profilée.

Cette berline 601 de 1934 doit une bonne part de sa noble élégance à la poupe profilée dont jouit sa carrosserie. Comme toute la gamme Peugeot depuis la 201 C de 1931, la voiture reçoit un essieu avant à roues indépendantes. Motorisé par un six cylindres de 2,1 litres (60 ch), ce haut de gamme sera produit à 3999 exemplaires en 1934 et 1935, dont 457 en version profilée.

BERLINE 12 SIX TYPE 183 C

Apparue en 1927, la 12 Six Type 183 fut produite jusqu’en 1931. D’une puissance de 42 ch en version C, son six cylindres de deux litres était réputé pour son silence et sa souplesse. Il fit notamment le bonheur des chauffeurs de taxis parisiens. La voiture s’illustra également dans le Tour de France de 1929 et dans le raid Alger-Dakar-Alger de 1931 (mission Proust-Peugeot, 16 000 kilomètres en 32 jours).

CABRIOLET 201

Premier modèle à arborer l’appellation à trois chiffres avec zéro médian, la 201 permit à Peugeot de traverser sans trop de dommages la crise économique des années trente. Jusqu’en 1937, elle sera construite à plus de 140 000 exemplaires. Mais la version exposée ici, séduisant cabriolet deux places avec spider de 1930, ne sera produite qu’à 1385 unités.

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