Essai MAXUS eTerron9
Walid Bouarab le 04/07/2025
Sur le papier, rien ne va. En pratique, c'est un peu mieux. Mais on ne peut s'empêcher de questionner la pertinence du eTERRON9 sur notre marché encore frileux de tout ce qui est électrique, chinois, et démesuré.
A contresens
Il y a des véhicules qui vous regardent de haut. Le Maxus eTERRON9, lui, vous regarde d'encore plus haut. Avec ses 5,50 mètres de long, ses 2 mètres de large et sa silhouette taillée au burin, ce pick-up électrique XXL semble échappé d'un salon de tuning texan ou d'un film post-apocalyptique. Sauf que lui n'est pas là pour faire de la figuration. C'est du sérieux, du lourd, du branché. Littéralement. Bienvenue dans l'ère du pick-up électrique, version démesurée.
Premier du genre sur le marché français, le eTERRON9 n'a pas de véritable concurrent, ce qui tombe bien, car il aurait du mal à se battre dans un espace réduit. Sous son look de déménageur hyper-protéiné se cache une mécanique étonnamment sophistiquée : deux moteurs électriques synchrones (170 ch à l'avant, 272 à l'arrière) qui délivrent la bagatelle de 442 chevaux cumulés. De quoi catapulter l'engin de presque 3 tonnes de 0 à 100 km/h en moins de 6 secondes. Oui, vous avez bien lu. Un sprint de GT dans un costume de container.
Mais au-delà de la fiche technique qui fait lever un sourcil, c'est surtout l'expérience qui interroge. Car conduire ce colosse en ville revient à manier un porte-avions dans un bassin à poissons rouges. Ses dimensions sont telles qu'on redécouvre les joies oubliées du créneau à trois manœuvres. La visibilité n'est pas mauvaise, mais les caméras font de leur mieux pour compenser l'encombrement. Interrogation tout de même sur l'implantation de la caméra du rétroviseur central (qui ne propose pas de mode miroir) : installée sur la ridelle, elle perturbe l'appréhension de la taille de la benne. Peu logique et pas vraiment ergonomique.
Techniquement, c'est du solide. Sa batterie lithium-fer-phosphate de 102,2 kWh promet 430 km d'autonomie (cycle WLTP), avec une recharge rapide à 115 kW qui permet de passer de 20 à 80 % en 40 minutes. Ajoutez à cela une suspension pneumatique, six modes de conduite et une capacité de remorquage de 3,5 tonnes, et vous avez de quoi transformer votre week-end au vert en expédition militaire.
Et pourtant, malgré cette fiche de super-héros, tout ne fonctionne pas à merveille. Sur route, le eTERRON9 manque clairement de finesse. Les suspensions se cherchent entre confort et mollesse, la direction manque de retour, et les enchaînements de virages rappellent vite que l'engin n'a pas été conçu pour la conduite dynamique. L'impression dominante, c'est celle d'un paquebot dont le gouvernail a du jeu. Il avance, certes vite, mais sans grande élégance.
L'ergonomie, elle, relève du casse-tête, et les alertes sonores sont beaucoup trop nombreuses et rarement identifiables… Et passons sur leur déconnexion, toujours aussi pénibles… À bord, l'ambiance est flatteuse avec du cuir, des sièges massants, ventilés, chauffants, deux écrans de 12,3 pouces et une connectivité complète. Mais l'interface manque de logique : il faut souvent fouiller dans les menus pour trouver une fonction basique, et certaines commandes semblent avoir été placées là où il restait de la place. C'est joli, mais confus.
Heureusement, le eTERRON9 sait recevoir. Les cinq places sont vastes, la présentation sérieuse et même assez chic. La modularité est à l'avenant : les sièges peuvent se transformer en couchette de fortune de 1,70 m, et le coffre avant — un “frunk” de 236 litres — complète la benne arrière (620 kg de charge utile). Pas mal, mais ce chiffre de charge trahit le revers de la médaille électrique : à force d'embarquer des kWh, on sature la capacité de chargement. Un comble pour un utilitaire.
Alors à qui s'adresse ce Maxus ?
Pas aux artisans pressés, ni aux amateurs de pick-up rustiques. Plutôt à un entrepreneur un peu bohème, ou à un amateur de glamping qui veut impressionner sur les parkings de festival. Un véhicule qui ne ressemble à rien d'autre, à cheval entre utilitaire et ovni roulant, avec un positionnement hybride qui risque de lui coûter cher sur notre marché hexagonal, pas vraiment taillé pour les pick-up d'apparat.
Son originalité ? Incontestable. Son habitabilité ? Royalement généreuse. Mais son comportement routier, son ergonomie hasardeuse et son gabarit hors normes le condamnent à rester une curiosité de salon plutôt qu'un best-seller. Il faut dire que dans un pays où les trottoirs ont parfois plus d'autorité que les limitations de vitesse, le eTERRON9 semble avoir été pensé pour un monde parallèle. Un monde où les places sont toujours larges, les routes droites et les prises rapides toujours libres. Mais ça, ce n'est pas encore la France.
À retenir



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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation