Essai KIA EV3

Dans la grande ruée vers l'électrique, Kia dégaine un nouveau pion au style bien trempé : l'EV3. Un SUV compact aux faux airs de concept-car, mais bien ancré dans la vraie vie. Lignes tendues, regard digital en pixel art et silhouette ramassée : le Coréen n'a pas oublié de soigner sa présentation. Surtout en finition GT Line, où les détails noir brillant, les jantes de 19 pouces et les touches sportives donnent au petit SUV des allures de baroudeur chic prêt à électriser les centres-villes. Sous cette carrosserie au style tranché, on retrouve un moteur électrique de 204 chevaux entraînant les roues avant. Une version 4x2 donc, qui préfère les trajets quotidiens à l'aventure hors bitume. Ce bloc s'appuie sur une batterie de 81,4 kWh, une capacité généreuse qui permet à Kia d'annoncer une autonomie record de 605 km en cycle WLTP. De quoi voir venir. Sauf que cette promesse tient surtout sur le papier : dans la vraie vie, comptez plutôt autour de 450 km sans trop jouer avec la pédale de droite. Ce qui reste très correct pour un SUV de ce gabarit.

Sur la route, l'EV3 mise sur la douceur. Silence de cathédrale, direction légère, freinage doux (parfois trop), l'ensemble inspire la sérénité. Jusqu'à ce que la suspension décide de s'inviter à la fête. Car si le confort est au rendez-vous en ligne droite ou sur autoroute, le châssis révèle vite ses limites dès que le rythme s'accélère. Le roulis, comme revenu d'un voyage dans les années 90, se rappelle alors à votre bon souvenir. À la moindre bretelle prise un peu fort, la caisse s'incline franchement, trahissant une suspension au calibrage trop souple pour le style dynamique que veut afficher la GT Line. On aurait apprécié un peu plus de rigueur, un soupçon de maintien, histoire de faire rimer douceur avec maîtrise. Mais rien de rédhibitoire pour qui conduit sans brusquerie.

Côté recharge, Kia nous avait habitués à mieux. L'EV3 repose sur une architecture 400V, là où les modèles les plus ambitieux du groupe (comme l'EV6 ou l'EV9) carburent au 800V. Résultat : un temps de recharge un peu plus long que ce que l'on aurait espéré, avec un passage de 10 à 80 % en 31 minutes sur une borne rapide. Ce n'est pas mauvais, mais la concurrence pousse déjà plus fort. On pense au Volvo EX30 ou même au Smart #1, qui font mieux sur le même segment, au moins sur ce point.

Pour le reste, difficile de ne pas apprécier l'intérieur de ce petit SUV. La planche de bord s'étire en largeur avec une dalle numérique d'un seul tenant, un ensemble d'environ 30 pouces qui regroupe instrumentation et infodivertissement. L'ergonomie est globalement bonne, les matériaux sont valorisants, et l'ambiance se veut moderne sans tomber dans l'austérité. La position de conduite est naturelle, les sièges accueillants, et l'espace à bord suffisant pour accueillir une petite famille sans sacrifier les bagages. Le coffre affiche 460 litres, et peut grimper à 1 251 litres une fois les dossiers rabattus. De quoi partir en week-end sans jouer à Tetris. L'EV3 arrive donc dans un segment de plus en plus compétitif, celui des SUV électriques compacts. Face à lui, le Hyundai Kona Electric, le Peugeot e-2008 ou encore le Volkswagen ID.3 jouent chacun leur carte. Et si Kia peut se targuer d'un style fort et d'une autonomie dans le haut du panier, certains détails l'empêchent de dominer sans partage. Le confort trop lâche sur route, la recharge en retrait et l'absence de transmission intégrale – qui aurait fait sens dans cette finition GT Line – sont autant de petites pierres dans la chaussure.

Reste que ce Kia EV3 GT Line a plus d'un argument dans son sac : un design audacieux, une autonomie solide, un équipement techno complet, et un agrément de conduite indéniable au quotidien. Il n'est peut-être pas le plus rigoureux dans les virages, ni le plus rapide à la borne, mais il a cette capacité à rendre chaque trajet simple et fluide. Et parfois, c'est exactement ce qu'on attend d'un SUV urbain moderne.