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Mercedes-Benz 500 K : l'Abstraction lyrique

Serge Bellu le 17/03/2008

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Pendant plus de cinquante ans, l’un des chantres de l’Abstraction lyrique a utilisé une Mercedes-Benz emblématique : le type 500 K.

Georges Mathieu fit l’acquisition de la 500 K n° 105383 en 1958 lors d’une vente aux enchères officielle de l’État français. Le peintre avait alors trente-sept ans et il se trouvait au sommet de son art. Son travail rivalisait avec les œuvres de l’Expressionnisme abstrait né aux Etats-Unis sous les pinceaux de Jackson Pollock. Georges Mathieu s’est longtemps servi quotidiennement de sa formidable Mercedes. En 1985, elle a subi une restauration complète chez le carrossier André Lecoq.

Mercedes-Benz a dévoilé la 500 K dans le cadre du Salon de Berlin 1934. Dérivée du modèle 380, cette grande routière sportive affichait une technique ultramoderne stigmatisée autour d’une suspension à quatre roues indépendantes et d’un moteur huit cylindres en ligne à compresseur.


D.R. / Bonhams
Georges Mathieu
Georges Mathieu Loïc Bailliard

La gamme des carrosseries comprenait de nombreuses variantes : cabriolet « A », à deux places, cabriolet « B », à quatre places, avec quatre vitres latérales, cabriolet « C », à quatre places également, mais avec seulement deux vitres latérales, coupé, berlinette profilée surnommée « Autobahn-Kurier » et surtout « Spezial-Roadster ».

Cette dernière était la plus désirable du catalogue avec son habitacle minimum contrastant avec le long capot, mais le cabriolet « A » était aussi rarissime puisqu’il ne fut fabriqué que trente-trois exemplaires de ce modèle.

Les premières séries de « 500 K », fabriquées au cours de l’année 1934, se caractérisaient par des ailes fines. Une caractéristique esthétique abandonnée sur les modèles ultérieurs. Sur le modèle 1936 qui nous intéresse, les ailes se sont épaissies, se prolongeant par des bavolets à l’avant comme à l’arrière.

La Mercedes-Benz 500 K recrute bien sûr sa clientèle chez les puissants de ce monde. Parmi eux, on trouve quelques personnages peu recommandables, comme Göring, mais on croise aussi des figures plus fantasques telles qu’Arturo Lopez-Willshaw, roi de l’étain et de la vie parisienne qui reconstitua dans son hôtel particulier de l’île Saint-Louis, à Paris, le mobilier en argent massif de Louis XIV !


D.R. / Bonhams

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Le contexte politique dans lequel vécut la 500 K n’est pas anodin. Le gouvernement nazi accordait beaucoup d’importance à l’automobile qui faisait partie des signes extérieurs de la puissance de la nation. Dès qu’il arriva au pouvoir, en 1933, Hitler annonce qu’il ferait de l’automobile l’un des fers de lance de sa politique et de sa propagande.

L’essor de l’industrie accompagna la mise en place d’un réseau autoroutier stratégique et prestigieux. Le développement économique du pays passait par la mise en valeur de voie de communication modernes, et Hitler activa le déploiement du réseau des « Autobahnen » qui avait été lancé en 1927.

Puis il encouragea la représentation de l’Allemagne au plus haut niveau du sport automobile. L’état allemand soutint financièrement la participation de Mercedes-Benz et d’Auto-Union dans les grands prix. Vitesse et puissance faisaient partie du discours que propagent les idéologues du Troisième Reich.

Dans ce contexte politique, la 500 K n’était pas innocente.


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