Vente Bonhams à Rétromobile

Farman A6B : Rêve de Maharadjah

Serge Bellu le 17/03/2008

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Ce n’est pas tous les jours qu’une Farman se trouve sur le marché et pourtant cette automobile extraordinaire ne trouva pas d’acheteur à Rétromobile ; injustice de la conjoncture ! Cette torpédo portant le n° 428 et datant de 1921, fut la propriété du maharadjah Shri Himatsinhji Dowlatsinghi d'Idar. Puis elle coula des jours heureux dans une collection nichée dans l'île de Guernesey jusqu’en 2004, date de la mort de son propriétaire, Wolfgang Gawor.

La marque Farman n’est connue que des amateurs éclairés. D'où vient cette famille aux accents britanniques ? D'origine anglaise, les trois frères Farman, Henry, Maurice et Richard ont effectué toute leur carrière en France. Grands sportifs, ils furent à l'affut de toutes les inventions qui foisonnaient à la fin du XIXe siècle. On les vit à vélo, en tandem puis au volant d'automobiles. En 1902, sur le Circuit du Nord, Maurice Farman gagna sur une Panhard & Levassor qui utilisait l'alcool pour carburant.


D.R. / Bonhams

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La même année, dans la course Paris - Vienne, Farman remporta sa classe, toujours pour le compte de Panhard & Levassor. Au cours de la tragique course Paris - Madrid, Henry Farman sortit de la route. Dans la 4ème Coupe Gordon Bennett, disputée en Irlande, il était un des représentants de la France. Puis les Farman ouvrirent un grand garage pour la vente des automobiles Panhard & Levassor. Ils nourrissaient le secret espoir de créer leur propre automobile, mais y renoncèrent vite. Un autre centre d'intérêt les attirait désormais.

Les boulimiques frères Farman se lancèrent dans l'aviation naissante. En 1905, Henry Farman boucla le premier kilomètre en circuit fermé sur un avion Voisin mais le nom des “ Farman ” écrit en gros caractères sur les ailes de l'appareil, éclipsait déjà celui de Voisin... Henry Farman monta sa propre affaire en 1909 et fut rejoint par son frère Maurice en 1912. Plus effacé, Richard Farman s'occupait de la gestion de l'entreprise.

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, Farman est une entreprise prospère. Elle a su glisser, opportunément, de la guerre à la paix ouvrant en juillet 1919 la première ligne aérienne commerciale du monde, entre Paris et Londres.


D.R. / Bonhams

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L'automobile apparaît comme une activité marginale au sein des vastes usines qui se trouvent dans la banlieue parisienne, à Boulogne-Billancourt. Au Salon de l'Automobile 1919, la Société H. & M. Farman dispose d'un tout petit stand où sont exposés un châssis nu et un coupé-chauffeur. La Farman A6 est une automobile ambitieuse, prestigieuse, capable de rivaliser avec les Rolls-Royce, Hispano-Suiza ou Isotta-Fraschini.

Ce vaisseau est propulsé dans un silence absolu par un moteur six-cylindres à longue course bénéficiant d'un double allumage. La distribution s'effectue par un arbre à cames en tête, commandé par pignons et arbre vertical, solution d'inspiration aéronautique.

Très vite, la notoriété de Farman s'écrit à travers les pages du Bottin mondain. En 1922, Farman livre un coupé de ville à l'actrice Pearl White et une torpédo à l'aviateur Charles Nungesser. En 1924, le shah d'Iran se fait confectionner un coupé-limousine chez le carrossier Jean Gaborit tandis que le sultan du Maroc défile dans une magnifique torpédo blanche frappée de ses armoiries.


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