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Saga Facel Vega
En ce début des années cinquante, les marques françaises de haut de gamme disparaissent les unes après les autres. Bugatti n'est déjà plus qu'un souvenir, Delage et Delahaye connaissent leur hallali avec leurs châssis obsolètes, tandis que Talbot et Salmson s'enfoncent dans les difficultés financières. Quant aux grands carrossiers, qui ont connu leurs heures de gloire dans les années trente, ils subissent, ou vont subir, le même sort.
Jean Daninos relève le challenge. Il faut dire qu'il ne manque pas d'arguments. Fort de l'expérience qu'il a acquise avant la guerre d'abord chez Citroën, puis dans l'aéronautique, il possède une parfaite maîtrise de la construction des carrosseries métalliques. Il sait réaliser une voiture moderne. Il l'a prouvé dans le cadre de ses collaborations avec plusieurs grands constructeurs, Panhard, Simca et Ford SAF, pour lesquels sa société Facel fabrique des carrosseries en sous-traitance.
En 1954, Jean Daninos se lance dans la construction d'un coupé sportif de grand luxe. Ainsi apparaît la Facel Véga, une étoile dans le firmament (peu brillant) de l'automobile française. Si, en l'absence de moteur français à la hauteur, l'âme de la nouveau-née est un gros V8 Chrysler, son design ne doit rien à la mode d'outre-Atlantique même si la voiture adoptera ultérieurement le pare-brise panoramique. Le style plein de caractère de la Véga est le fruit d'une élaboration progressive scandée, au cours des années antérieures, par la Simca 8 Sport, la Ford Comète et la Bentley 4,5 litres dessinée en 1951 par Jean Daninos (un exemplaire unique).
Stars de la production française, les différents modèles de coupés Véga (FV, HK 500 et Facel 2, la plus belle de toutes les Facel dont la carrière sera prématurément interrompue) apparaissent, dans le paysage automobile hexagonal de l'époque, comme des véhicules on ne peut plus excentriques : puissance colossale, couple énorme, vitesse de pointe astronomique vu l'état du réseau routier, consommation extravagante
Sans parler du luxe de l'aménagement intérieur qui associe le cuir Connolly à la célèbre planche de bord métallique imitant à la perfection la ronce de noyer. Pour s'en souvenir, l'auteur de ces lignes peut témoigner que passer, dans le milieu des années cinquante, d'une 403 à une Facel Véga, c'était véritablement changer de planète !
Quant à l'Excellence, berline d'exception surmotorisée, elle aspire à concilier les performances de très haut niveau propres aux vraies GT (du moins en puissance et accélérations) avec l'espace et le confort des berlines cossues, voire des limousines de grand luxe. Elle connaîtra une éphémère postérité au milieu des années 70 avec la confidentielle Monica de Jean Tastevin.
La belle aventure Facel Véga durera jusqu'en 1964. Dix années seulement. Mais une décennie qui verra naître les plus somptueuses voitures françaises de l'après-guerre à vrai dire les seules !