Essai POLESTAR 4

Walid Bouarab le 13/10/2025

La gamme Polestar s'installe peu à peu. Mais le nouveau blason premium a du pain sur la planche pour imposer son image en Europe, et imprimer son logo dans l'esprit des acheteurs. Après le SUV sportif 3, c'est au tour de l'original 4 d'entrer dans l'arène. Et les arguments ne manquent pas.

Partagez

réagir

L'ovni bien pensé

Polestar continue d'avancer à pas mesurés mais assurés sur le vieux continent, avec une stratégie claire : imposer son style scandinave dans un univers automobile saturé de copies et de compromis. La Polestar 4, dernier modèle en date de la marque suédoise, s'inscrit pleinement dans cette ambition. À mi-chemin entre SUV coupé, berline haute et concept car de salon, elle brouille volontairement les repères habituels. En la découvrant, on se demande d'abord ce qu'on regarde : un crossover ? une GT surélevée ? un coupé familial ? C'est un peu tout cela à la fois, et c'est peut-être ce qui fait son charme — ou sa singularité.

Voir plus de photos

La silhouette, sans lunette arrière, allonge le pavillon et donne à la voiture une allure à la fois futuriste et massive. On sent que Polestar veut se distinguer de Volvo, sa maison mère, en adoptant un langage de design plus audacieux, presque conceptuel. En vrai, la Polestar 4 attire l'œil. Son regard effilé, ses proportions tendues, ses jantes de grand diamètre et son toit fuyant lui donnent une présence étonnante. À côté d'une traditionnelle BMW i4 ou d'un Tesla Model Y très courant, elle dégage quelque chose d'inédit, moins consensuel. On aime ou on déteste, mais difficile de rester indifférent.

L'intérieur progresse

L'habitacle, lui, marque une vraie progression par rapport à la Polestar 3. Là où le grand SUV paraissait parfois froid et un peu brouillon dans son ergonomie, la Polestar 4 mise sur la clarté et l'élégance. Les matériaux sont d'excellente facture, les assemblages précis, et l'ambiance intérieure reste fidèle à la philosophie minimaliste scandinave : peu de boutons, beaucoup de logique. Du moins plus qu'à bord du 3.

L'écran central est mieux intégré et plus fluide, les commandes tombent naturellement sous la main, et l'assise des sièges avant offre une meilleure position de conduite. On sent que le constructeur a appris de ses erreurs, notamment avec des pictogrammes sur les commandes au volant, ou autant d'actionneur que de lève-vitres… Il y a une impression générale de raffinement et de sérieux, sans esbroufe.

En revanche, le confort reste typiquement Polestar, c'est-à-dire ferme, parfois trop. Les suspensions pilotées n'effacent pas complètement la raideur de l'ensemble, et sur route secondaire, les irrégularités se font sentir jusque dans la colonne vertébrale. Ce n'est pas inconfortable au sens strict, mais on aurait aimé un meilleur niveau de filtration pour cette familiale pas comme les autres. La direction, quant à elle, surprend par sa nervosité. Trop directe, presque artificielle, elle donne l'illusion d'une agilité extrême, alors que la voiture pèse plus de 2,4 tonnes. Résultat : on se retrouve avec une auto vive dans ses réactions mais un peu excessive dans son ressenti, comme si la Polestar 4 voulait prouver qu'elle sait danser alors qu'elle porte des bottes de plomb. Idem pour les pédales d'accélérateur et de frein : la conduite s'en trouve heurtée.

En revanche, côté dynamisme pur, il faut reconnaître que la voiture sait se défendre. Les 400 kW (544 ch) et les 686 Nm de couple du modèle Dual Motor catapultent les 2,4 tonnes sans effort. Le 0 à 100 km/h est expédié en moins de 4 secondes, avec une poussée franche et linéaire, parfaitement maîtrisée par la transmission intégrale. En conduite sportive, la tenue de route est irréprochable : le centre de gravité abaissé par la batterie et la répartition du poids donnent un équilibre étonnant. Sur route sinueuse, on peut vraiment hausser le ton sans jamais sentir la masse se désunir. C'est une voiture performante et efficace. Attention tout de même à l'excès d'optimisme. La masse reste conséquente, et les sensations, muettes. Le tout est tellement bien contenu que la sensation de vitesse disparaît, au point qu'on se retrouve souvent bien au-delà des limites légales sans s'en rendre compte. Mais la Polestar 4, ce n'est pas seulement un jouet pour amateurs d'accélérations.

Une familiale polyvalente

C'est aussi une voiture de tous les jours, et à ce niveau-là, elle surprend agréablement. Les places arrière sont spacieuses malgré la ligne de toit plongeante, la visibilité (notamment grâce à la caméra qui remplace le rétroviseur central) est étonnamment bonne, et le coffre de plus de 520 litres offre une vraie polyvalence. Le silence de fonctionnement, l'isolation phonique et la qualité du système audio en font une excellente compagne de long trajet. On peut cruiser des heures sans fatigue. Côté autonomie, les chiffres officiels annoncent un peu plus de 580 km sur le cycle WLTP. Dans la vraie vie, on est plus proche de 470 à 500 km selon la conduite et la météo, ce qui reste une belle performance pour un engin de cette taille et de ce poids. Sur autoroute, à 130 km/h stabilisés, on descend autour de 320 km réels, un score très correct compte tenu du gabarit. En recharge, la Polestar 4 fait le job sans exceller : 200 kW en pic sur borne rapide, et une recharge de 10 à 80 % en environ 30 minutes dans de bonnes conditions. À la maison, son chargeur embarqué de 11 kW demande environ 9 à 10 heures pour refaire le plein complet. Dans l'usage quotidien, c'est suffisant, et la gestion de la batterie semble bien calibrée, avec une consommation moyenne raisonnable autour de 20 kWh/100 km.

En somme, la Polestar 4 est un produit cohérent, techniquement abouti et esthétiquement audacieux. On sent la maturité croissante d'une marque encore jeune mais de plus en plus crédible face aux mastodontes allemands. Elle n'est pas parfaite : trop ferme, trop directive, un peu trop lourde dans son ambition dynamique. Mais on ne peut lui retirer sa forte personnalité, et ses prestations, globalement au niveau des ambitions.

À retenir

quoteSous sa robe intrigante, la Polestar 4 dévoile une homogénéité plaisante. Si on s'accommode de son confort ferme et de son gabarit, elle sait faire office d'une familiale tout à fait recommandable. Les tarifs sont haut perchés, mais les prestations sont à la hauteur. Alors pourquoi pas ?
points fortsPerformance, présentation intérieure en progrès, châssis dynamique
points faiblesConfort très ferme, tarifs, gabarits
13.8

20
Les chiffres
Prix 2025 : 69 800 €
Puissance : 544 ch
0 à 100km/h : 3.8s
Conso mixte : 19 kWh/100 km
Notre avis
Note de coeur : 13/20
Agrément de conduite
  • Accélération
  • Reprises
  • Direction
  • Agilité du châssis
  • Position de conduite
  • Commande de boîte
  • Etagement de la boîte
:
16/20
Sécurité active et passive
  • Adhérence
  • Freinage
  • Equipements de
    sécurité
:
15/20
Confort et vie à bord
  • Habitabilité
  • Volume du coffre
  • Visibilité
  • Espaces de rangement
  • Confort de suspension
  • Confort des sièges
  • Insonorisation
  • Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
:
14/20
Budget
  • Rapport prix/prestations
  • Tarif des options
  • Consommation
:
12/20

Partagez

réagir

Derniers essais POLESTAR

POLESTAR 3
POLESTAR 3
Tous les essais POLESTAR

Tags liés

Avis des propriétaires

Commentaires