Saga Simca

Il y a 70 ans, les premières Simca sortaient de l’usine de Nanterre. La remarquable réussite de la marque sera aussi celle de son créateur, Henri Pigozzi.

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Histoire : Historique Simca

Gilles Bonnafous le 04/04/2005

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Italien de naissance, Henri Théodore Pigozzi, qui est né à Turin en 1898, arrive en France dans les années vingt. D’abord ferrailleur, il se lance en 1926 dans la distribution des Fiat dans l’hexagone. Très entreprenant, il assemble bientôt, sous licence, les Fiat dans ses ateliers de Suresnes. Ainsi naissent les premières Fiat françaises, la 6 CV, pendant de la populaire 508 Ballila, et la 11 CV, version tricolore de la 518 Ardita.

Henri-Théodore Pigozzi, dans la cour de l'usine Simca de Nanterre
Henri-Théodore Pigozzi, dans la cour de l'usine Simca de Nanterre D.R.
11 CV cabriolet, 1935
11 CV cabriolet, 1935 D.R.

En novembre 1934, Henri Pigozzi franchit un nouveau pas, décisif, en fondant la Société Industrielle de Mécanique et Carrosserie Automobile (Simca). Il s’agit maintenant de produire et plus seulement d’assembler les modèles Fiat. A cette fin, le Piémontais acquiert les usines Donnet, situées à Nanterre, qui bénéficient d’installations ultramodernes. En sortent en 1935 les premières Simca-Fiat (le suffixe Fiat ne disparaîtra qu’en 1938). La gamme des 11 CV voit les carrosseries légèrement modifiées par rapport à leurs modèles italiens, tandis que celle des 6 CV est augmentée d’un cabriolet et d’un charmant roadster Sport doté d’un moteur culbuté et superbement dessiné par Ghia.

Les 6 CV connaissent un succès certain grâce à leur caractère économique ainsi qu’à leurs qualités techniques : freins hydrauliques, un équipement très rare à l’époque, et caisses dépourvues de montant central pour les berlines, d’où une exceptionnelle accessibilité. Par contre, les 11 CV ont plus de mal dans un secteur très concurrentiel.

6 CV cabriolet, 1935
6 CV cabriolet, 1935 D.R.
11 CV 2 litres 7 place, 1936
11 CV 2 litres 7 place, 1936 D.R.

Devenu en quelques années l’un des principaux constructeurs français, Henri Pigozzi, qui n’a que 38 ans, lance en 1936 la Simca 5, équivalent français de la Fiat 500 Topolino. Coup de génie du grand ingénieur Dante Giacosa, cette dernière est la première mini-voiture populaire construite en grande série de l’histoire de l’automobile.

La firme poursuit le développement de sa gamme avec la présentation en 1937 de la Simca 8, réplique de la nouvelle Fiat Ballila 1100. Un modèle bien dessiné et motorisé par un quatre cylindres à soupapes en tête. Pour favoriser le lancement de la voiture, Pigozzi fait réaliser plusieurs records, dont celui des 10 000 kilomètres parcourus à Montlhéry à 115 km/h pour une consommation inférieure à huit litres aux cent kilomètres.

Simca 5 et decouvrable
Simca 5 et decouvrable D.R.
Simca 8 coupé, 1938
Simca 8 coupé, 1938 D.R.

L’année suivante, est lancé un très beau coupé Huit, premier modèle de Nanterre dont la carrosserie ne dérive pas d’une Fiat. Cette volonté d’émancipation s’exprime également par la disparition de Fiat de l’écusson de la marque, qui figure dorénavant une hirondelle, allusion à la consommation modeste des Simca (appétit d’oiseau). C’est également l’époque où Amédée Gordini transforme les Simca pour la compétition. La meilleure performance est obtenue par un tank profilé sur la base d’une Huit, qui remporte en 1939 le classement à l’indice de performance des 24 Heures du Mans.

Pratiquement inchangées, les Simca 5 et 8 retrouvent les chaînes de Nanterre au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Au salon de Paris 1947, la 5 est épaulée par la Simca 6 à la carrosserie modernisée et qui la remplacera bientôt. En 1950, la Huit 1200 apparaît comme un modèle de transition avant le lancement de l’Aronde l’année suivante.

Simca 6, 1948
Simca 6, 1948 D.R.
Simca 6, 1949
Simca 6, 1949 D.R.

Grande nouveauté, l’Aronde apparaît comme la première Simca développée de manière totalement autonome par rapport à Fiat. De conception moderne, elle est également la première voiture de la marque à carrosserie autoportante. L’objectif qui lui est fixé est de concurrencer la Peugeot 203. Elle réussira remarquablement. Son succès sera considérable et sa longévité exceptionnelle avec une production supérieure à 100 000 exemplaires annuels jusqu’en 1959. Elle s’effacera alors au profit de la P60.

Simca Aronde, 1954
Simca Aronde, 1954 D.R.
Simca Vedette Trianon, 1957
Simca Vedette Trianon, 1957 D.R.

En 1954, intervient un événement décisif dans l’histoire de la firme. Simca rachète Ford, filiale française du géant de Detroit en déficit chronique, et met la main sur l’usine ultramoderne de Poissy. Celle-ci va permettre de renforcer le potentiel industriel de Simca. Elle deviendra même le site de production majeur, l’usine de Nanterre étant cédée à Citroën en 1961. Dans la corbeille, se trouve également la Vedette V8 qui, dès lors, sera commercialisée sous l’appellation Simca Vedette.

La Versailles et ses acolytes Trianon, Régence et Marly, le premier break français de luxe conçu à l’américaine, sont suivis par la génération Chambord, toujours motorisée par le V8 Ford latéral (jusqu’en 1961). En 1957, est née l’Ariane, un modèle singulier, fruit du croisement entre la caisse déchromée de la Versailles et le quatre cylindres de l’Aronde. Sous-motorisée, cette voiture familiale pour père tranquille jouit d’une exceptionnelle habitabilité eu égard à sa cylindrée de 1300 cm3. Elle rencontrera un grand succès auprès des compagnies de taxis.

Simca Vedette Chambord, 1960
Simca Vedette Chambord, 1960 D.R.
Ariane
Ariane D.R.

La période qui suit voit un certain déclin de la marque. Chrysler acquiert d’abord 15% des actions de Poissy pour devenir majoritaire en 1963. L’année précédente, a été lancée la Simca 1000, une jolie petite populaire, dont le quatre cylindres cinq paliers est disposé en porte-à-faux arrière. Sur un marché difficile, elle saura se faire une place de choix et concurrencer la Renault 8. Un million d’exemplaires seront diffusés en un plus de dix ans. Outre les séduisants coupés Bertone, des berlines sportives seront extrapolées, la 1000 Spéciale au moteur de 1118 cm3, puis la 1300 Rallye et la Rallye 2, une bombe de 86 ch capable de 170 km/h.

A partir de 1963, Simca produit également deux berlines à la ligne très séduisante, la 1300 et la 1500, suivies de leurs évolutions 1301 et 1501. En 1968, sort la 1100, première Simca à traction avant, dont le moteur prend place en position transversale. Cette excellente berline deux volumes à la remarquable voiture tenue de route connaîtra un grand succès commercial.

Simca 1000, 1963
Simca 1000, 1963 D.R.
Simca 1000, 1966
Simca 1000, 1966 D.R.

Détenue par Chrysler qui possède la quasi-totalité du capital, Simca devient Chrysler France en 1970. C’est l’année où est présentée la Chrysler 160, une berline sans caractère dessinée en Angleterre. Elle sera épaulée par la 180 et la 2 Litres lancée en 1973. Les moteurs à arbre à cames en tête de ces modèles ne feront pas oublier leur design indigent (et américanisé) sanctionné par la clientèle.

Peugeot reprendra Simca quand Chrysler se retirera d’Europe en 1978. On connaît la (triste) suite avec la tentative de ressusciter Talbot et l’échec cuisant qui suivra. Simca avait racheté la marque Talbot en 1959, mais avait renoncé à utiliser le nom…

Simca 1500, 1963
Simca 1500, 1963 D.R.
Simca Chrysler 2 litres, 1974
Simca Chrysler 2 litres, 1974 D.R.
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