Saga Maserati

Créé en 1914 par six frères, Maserati est l'archétype du constructeur de voitures de sport issues de la course. Ce n'est qu'après la Seconde Guerre mondiale que Maserati viendra à la production de GT concurrentes des Ferrari.

sommaire :

MASERATI 3500 GT, Sebring et Mistral

Gilles Bonnafous le 09/05/2003

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Si les A6 construites de 1947 à 1957 apparaissent comme les premières Maserati de production, la 3500 GT marque le passage de la marque à une période nouvelle de son histoire, celle de la construction en série - un effort industriel partagé par la Carrosserie Touring. Lancée pour concurrencer Ferrari, en particulier sur le marché américain, la 3500 GT offre au constructeur son premier grand succès commercial. Son rôle historique apparaît d'autant plus grand qu'elle va permettre à la firme d'assurer sa survie à une époque où elle est une fois de plus menacée.

Maserati 3500 GT
Maserati 3500 GT D.R
Maserati 3500 GT
Maserati 3500 GT D.R

Présentée par Touring au Salon de Genève de 1957, la Tipo 101 - telle est son appellation usine - entre en production au cours du second semestre 1957. La nouveau-née est réalisée selon la technique Superleggera chère au carrossier milanais, tandis qu'un certain nombre de ses composants proviennent d'Angleterre, où l'ingénieur Giulio Alfieri a fait son marché afin de réduire les coûts.

Superbe réussite de la carrosserie Touring, la 3500 GT offre au regard le remarquable équilibre de son profil. Prioritairement destinée au marché d'outre-Atlantique, cette GT, qui s'inscrit dans la pure tradition italienne, se trouve pimentée de quelques attributs caractéristiques du design américain. Parfaitement réussie, cette synthèse esthétique préserve l'homogénéité du style et confère son charme unique à la voiture - à l'image du pare-brise panoramique et des ailerons à peine esquissés. Habile concession à l'air du temps, ceux-ci n'altèrent en rien le classicisme de la ligne. A une face arrière pleine de caractère fait écho une proue en gueule de poisson vorace, frappée en son centre de l'attribut de Poséidon.

MASERATI
D.R
MASERATI
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Mais le traitement du pavillon constitue sans doute le trait le plus remarquable de ce design inspiré. Basse et courte, sa forme sportive ne laisse en rien augurer d'une spacieuse 2 + 2. Car, loin de proposer, comme c'est souvent le cas, des places d'appoint pratiquement inutilisables, la 3500 GT jouit d'une habitabilité arrière généreuse. Fort heureusement, cette ligne inventive ne sera altérée par aucun restyling - on note simplement l'apparition de nouveaux clignotants rectangulaires en 1962. Outre qu'il en fait l'une des plus belles 2 + 2 de l'époque, le design de la 3500 GT confère à la voiture une personnalité rare et originale dans la famille des GT transalpines.

MASERATI
D.R
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Dérivé de la mécanique de la Maserati 350 S - un modèle de compétition -, le six cylindres de 3,5 litres à deux arbres à cames en tête et double allumage a été étudié par Giulio Alfieri. Grâce à ses 220 ch, il offre à la 3500 GT une vitesse de pointe de l'ordre de 230 km/h. Rond et onctueux, ce moteur plein de ressources brille par sa souplesse. Favorisé par une longue course, son couple de 32 mkg lui offre une large plage d'utilisation. Cette excellente disponibilité participe grandement au plaisir que l'on éprouve au volant de la 3500 GT. Loin d'être une bête de course, elle apparaît comme une grande routière puissante, cossue et confortable sinon agile.

Au fil des années, la 3500 GT bénéficiera de quelques améliorations mécaniques. C'est le cas des freins à disques en série qu'elle reçoit à l'avant en 1960. Un pont autobloquant et une boîte de vitesses à cinq rapports complètent l'équipement en 1961, tandis que la voiture devient GTI en 1962 avec l'adoption de l'injection indirecte Lucas. Mais de réglage délicat, cette technique ne constitue pas à proprement parler un progrès. De sorte qu'il était fréquent de lui préférer à l'époque les trois carburateurs Weber double corps avec lesquels la 3500 GT est née.

MASERATI
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Maserati 3500 Gt Cabriolet 1961
Maserati 3500 Gt Cabriolet 1961 D.R

Nombreux sont les carrossiers qui exercent leur talent sur le châssis de la 3500 GT. Allemano, Bertone et Frua proposent leurs propres interprétations du coupé, mais aucune ne vaut la réalisation de Touring. Frua, ainsi que Touring, font de même pour la version cabriolet - deux voitures très réussies. Toutefois, c'est Vignale qui se voit confier la fabrication du modèle que Maserati décide de produire en 1959. Baptisé Spyder et présenté au salon de Paris de 1960, il doit sa ligne à Giovanni Michelotti. Construit sur un empattement raccourci de dix centimètres (et doté de freins à disques à l'avant), il est considéré comme le précurseur d'une version plus sportive du coupé. Mais celle-ci ne verra pas le jour.

Salon de Turin 1960 : de gauche à droite, le spider 3500 GT Vignale avec son hard top, le coupé 3500
Salon de Turin 1960 : de gauche à droite, le spider 3500 GT Vignale avec son hard top, le coupé 3500 D.R
Maserati 3500 GT Spider Frua
Maserati 3500 GT Spider Frua D.R

Modèle fondateur à bien des égards, la 3500 GT va connaître une postérité aussi large que diversifiée. La première évolution est présentée au salon de Genève de 1962 sous l'appellation de coupé " 3500 GTIS ". Baptisée ensuite Sebring, cette voiture est produite parallèlement à la 3500 GT pendant l'année 1963. Dessinée par Vignale, elle reste une 2 + 2. Pourtant, avec sa silhouette trapue et ses formes aiguisées, elle se veut plus sportive que la 3500 GT. Une apparence confirmée par sa structure, qui retient l'empattement réduit de dix centimètres du cabriolet 3500 GT. D'abord motorisée par le seul 3,5 litres injection, la Sebring sera offerte par la suite en trois versions de cylindrée : 3,5 litres, 3,7 litres par allongement de la course à partir de 1966 (245 ch) et quatre litres (alésage et course augmentés) à partir de 1967 (255 ch).

Tandis que la 3500 GT est abandonnée, la Sebring reçoit en 1964 le renfort d'un nouveau modèle, la Mistral. Due au crayon de Pietro Frua, la voiture propose un design original, non dépourvu de similitude avec celui de la Quattroporte lancée en 1963 et dessinée par le même carrossier. Des lignes tendues dotées de surfaces planes à raccords anguleux, un pavillon haut et une proue fast back prolongée par une vaste lunette arrière, autant de traits innovants qui composent une esthétique nouvelle. La Mistral s'imposera grâce à la forte personnalité de son style. Construite sur un empattement encore raccourci de dix centimètres (2,40 mètres), la voiture reçoit le six cylindres de la Sebring dans sa version de 3,7 litres. En même temps que le coupé, est lancé un cabriolet également très réussi.

Maserati Sebring
Maserati Sebring D.R
Maserati Mistral
Maserati Mistral D.R

En 1966, la Mistral s'enrichit du moteur de quatre litres, composant ainsi une gamme de quatre modèles - coupé et cabriolet en deux motorisations. Après la Sebring, qui disparaît en 1969, la Mistral s'effacera à son tour en 1970 au profit de la Ghibli, apparue dès 1966, et de l'Indy présentée en 1969. Ainsi prendra fin l'histoire du six cylindres Maserati, qui aura bien mérité de la marque au Trident et dont la succession sera assurée par le nouveau V8 de 330 ch.

Maserati Mistral Spider Hard Top
Maserati Mistral Spider Hard Top D.R
MASERATI
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