Salon du Cabriolet & du Coupé 2004

Les spiders Maserati

Gilles Bonnafous le 03/04/2004

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Moins connus que les coupés dont ils dérivent, les spiders Maserati apparaissent comme de superbes créations, aussi rares qu'exclusives.

En 2004, la traditionnelle rétrospective du salon mettait Maserati sur la sellette, un choix doublement judicieux. D’abord parce qu’il correspond au 90e anniversaire de la création de la marque fondée en décembre 1914 par Alfieri Maserati et ses frères. Un coup de projecteur également très opportun pour une firme qui monte depuis qu’elle a effectué son grand retour dans le giron de Ferrari. En attestent notamment le lancement prochain de la version Gran Sport de la 4200, ainsi que la présentation au salon de Genève 2004 de la magnifique MC 12, une supercar dessinée par Giugiaro. On évoque également le retour du Trident aux 24 Heures du Mans…

En collection, les modèles du passé devraient profiter de ce regain et leur valeur s’apprécier. Car on ne peut qu’être frappé par la cote modeste affichée actuellement par ces magnifiques GT que sont la 3500, la Ghibli, la Bora ou la Khamsin (dans l’ordre chronologique). Sans parler de la superbe Quattroporte dessinée par Pietro Frua (première version).

La rétrospective était organisée par l’importateur Charles Pozzi SA, aujourd’hui filiale de Ferrari-Maserati, en collaboration avec le Club Maserati France, désormais soutenu par le constructeur. Grâce au vaste hall 2.1 qui accueillait la quinzième édition du salon (un plus par rapport au hall 2.1 des années précédentes), l’exposition bénéficiait d’un espace généreux situé au beau milieu de la manifestation, d’où une présentation aérée — mais hélas mal éclairée.

Constitué de douze voitures, le plateau réunissait les principaux modèles Maserati des années soixante et soixante-dix : deux spiders 3500 GT Vignale, un spider Mistral, une Mexico, deux Ghibli 4,7 litres et un spider SS cinq litres, une Indy, une Bora, une Merak et une Khamsin. Enfin, une 3200 GT assurait la transition entre le passé et l’actualité de la firme. Il ne manquait à ce brillant aréopage qu’une représentante de la génération A6, ainsi qu’une voiture de compétition, comme celle qui figurait sur l’affiche du salon...

C’est pour nous l’occasion de mettre l’accent sur les spiders Maserati des cinquante dernières années, de superbes créations souvent moins connues que les coupés dont elles dérivent. Les plus exclusives sont les premières, extrapolées des modèles A6 construits au lendemain de la guerre et jusqu’au milieu des années cinquante. Fabriquées de manière artisanale, elles sont réalisées au compte-gouttes, voire à un seul exemplaire par un carrossier sur commande spéciale d’un riche client. Rares, ces voitures constituent aujourd’hui l’orgueil d’une collection. C’est le cas du spider Frua A6G 2000 construit à partir de 1951 à cinq exemplaires, dont chacun présente quelques spécificités (des détails décoratifs) qui le distinguent de ses frères. Son six cylindres de deux litres à simple arbre à cames en tête développe un peu plus de 100 ch (160 km/h).

L’A6 atteint le sommet de son évolution avec l’A6G 54 dévoilée au salon de Paris de 1954. Le deux litres hérite de deux arbres à cames en tête (150 ch et 200 km/h). Surtout construit en coupé par Zagato, Frua et Allemano, le modèle connaît une magnifique version spider due à Frua. Elle sera réalisée en douze exemplaires de 1955 à 1957, dont l’un se trouve au musée de La Rochetaillée et un autre était exposé en Allemagne dans la collection Rosso Bianco. Présenté au salon de Genève de 1955, un spider Zagato demeurera sans lendemain (il sera vendu en Argentine).

Pour Maserati, une nouvelle ère «industrielle», si l’on ose dire, en tout cas de production en série, fait son apparition avec la 3500 GT. Très bien accueilli au Etats-Unis, le coupé sera épaulé par une version découverte, précisément à la demande du marché américain. C’est le spider Vignale fabriqué par le carrossier et dessiné par Michelotti, qui sera construit à 243 exemplaires de 1960 à 1964.

Pour autant, quelques voitures uniques voient le jour, dont le magnifique spider Frua, aujourd’hui aux Etats-Unis après avoir séjourné France. La parenté de style avec la Floride saute aux yeux (face avant, logement des phares, profil, poupe et ses ailerons), le séduisant petit cabriolet de la Régie Renault étant également sorti des cartons de Frua. Deux autres spiders uniques seront encore réalisés par Touring en 1958 et Vignale en 1962.

Fort du succès rencontré par la 3500 GT Vignale, Maserati lance une version découverte de celle qui lui succède, la Mistral. Du, comme le coupé, à Frua, le spider propose un design très réussi, pur et original, fait de lignes tendues et de surfaces planes à raccords anguleux — hélas gâché par une vilaine capote lorsque la voiture est fermée. 120 voitures voient le jour de 1964 à 1970, avant que la Mistral ne s’efface au profit de la Ghibli.

Apparue dès 1966, la Ghibli, le chef-d’œuvre de Giorgetto Giugiaro, est motorisée par un nouveau V8 de 330 ch. On retrouve sa ligne saisissante de pureté sur le spider, qui, avec le coupé, est la voiture la plus chère de son époque (le prix de trois 911 S !). Confortable et spacieux, le spider est également doté d’un coffre à bagages généreux. Il ne sera produit qu’à 125 unités. Sa rareté conduira certains amateurs à guillotiner des coupés — ô sacrilège — pour en faire des spiders ! Méfiance donc pour l’éventuel acquéreur d’un spider Ghibli. Il y a les vrais et il y a les faux…

Enfin, la Biturbo a connu une avalanche de version spiders, pas moins de huit modèles produits de 1984 à 1994. Leur puissance va de 180 ch (2.0) à 248 ch (2.8). Sur dix ans, 3076 spiders Biturbo sont sortis des usines Maserati. Faute d’être les plus convoités, ils sont les plus nombreux !

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