Rétromobile 2005

Compte rendu

Gilles Bonnafous le 14/02/2005

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« Prototypes d'hier, automobiles de demain » : pour son trentième anniversaire, Rétromobile célèbre l'avant-garde.

« Prototypes d’hier, automobiles de demain », Rétromobile 2005 célèbre l’avant-garde. Saluons ce thème choisi pour honorer le trentième anniversaire du salon, qui offre avec bonheur une image futuriste du rétro. Présenté sur les podiums du salon comme sur les stands des exposants, un large aréopage de modèles offre un panorama du génie créatif et du pouvoir d’anticipation des ingénieurs et designers. Projets raisonnés d’ingénieurs visionnaires ou propositions peu réalistes d’inventeurs naïfs, toutes ces voitures jouent l’engagement audacieux pour inventer le futur contre la sécurité tranquille et le conformisme de bon aloi.

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Au gré de ses déambulations dans les allées de Rétromobile, le visiteur pourra découvrir la Renault 108, projet avorté de ce qui deviendra ensuite et sous une forme bien différente la Frégate, ou la Burney Crossley, une berline six places à quatre roues indépendantes et moteur en porte-à-faux arrière proposée dès 1930 ! Quelle ne sera pas sa surprise devant la Wimille de 1946, la première voiture de sport moderne à moteur central arrière, une formule dont on sait quelle sera la postérité à partir des années soixante ?

Le passionné ne pourra que s’enthousiasmer à la vue de machines aussi étonnantes que la Panhard Dynavia, concept car révolutionnaire dont l’aérodynamique est inspirée de l’aviation, ou que la Socema-Grégoire, première voiture française mue par une turbine à gaz, avant l’Etoile Filante de Renault. Place à l’insolite (mais un insolite non gratuit) avec la STELA, une berline 5/6 places électrique construite sous l’Occupation, ou avec les deux Mathis de l’immédiat après-guerre, la 333 à trois roues et la 666 d’inspiration américaine en laquelle Emile Mathis fondait de grands espoirs. Bien d’autres voitures seront encore à découvrir pendant la semaine de Rétromobile, comme la très distinguée Bentley Cresta, l’une des premières créations de Pierre Daninos avant qu’il ne lance Facel Véga.

Il est remarquable que la majorité des voitures présentées ont été imaginées pendant ou de suite après la Seconde Guerre mondiale. Elles partagent presque toutes un point commun, leur carrosserie aérodynamique. On ne dira jamais assez ce que l’automobile doit à l’aéronautique, notamment à travers l’aérodynamique.

Dès les origines, des pionniers ont créé des véhicules témoignant de préoccupations aérodynamiques. En 1899, la première voiture à dépasser les 100 km/h, la « Jamais Contente » du Belge Camille Jenatzy, est une machine électrique dont la carrosserie épouse la forme d’un obus. En 1913, Castagna réalise pour le comte Ricotti une carrosserie en forme d’œuf sur la base d’une Alfa Romeo 40/60 CV. Puis le Hongrois Paul Jaray en Allemagne, Andreau en France, développent une approche scientifique avec des brevets déposés dans les années vingt. C’est à partir de 1934, avec la Tatra 77 et la Chrysler Airflow, qu’apparaissent les voitures aérodynamiques commercialisées. Dans la seconde moitié des années trente toutefois, la carrosserie profilée deviendra plus une mode esthétique, en provenance des Etats-Unis, qu’une démarche technique.

Rétromobile 2005 célèbre aussi et à sa manière le moteur arrière. La majorité des voitures exposées adoptent en effet cette architecture qui triomphera dans les années soixante, époque joyeuse des populaires douées pour la danse. Un futur qui, aujourd’hui, appartient bel et bien au passé. Banalisée et devenue un produit de masse, l’automobile ne saurait tolérer de nos jours les espiègleries de ces insoumises — le moteur arrière ne concernant que des voitures de sport réservées à une clientèle censée avertie.

Au rayon de la folle audace, signalons enfin l’Autoplane, une voiture volante construite dans son jardin par un particulier, Robert Lebouder. Projet fou mais réalisé, et qui a prouvé sa fiabilité puisque la voiture ou l’avion — on ne sait comment qualifier l’engin — a été homologuée et a parfaitement marché, c’est-à-dire roulé et volé, pendant plusieurs années !

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