Rétromobile 2004

ALVIS Speed

Gilles Bonnafous le 13/02/2004

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Alvis se trouve avant la guerre à la pointe de la technologie automobile britannique. Elle lance en 1932 la génération des modèles Speed, qui seront les plus brillants de l'histoire de la marque.

Négociant et restaurateur belge installé près de Bruxelles, Bernard Marreyt présentait sur son stand trois superbes Anglaises, une Aston Martin et deux Alvis Speed. C’est dire qu’il a un faible pour les voitures nées au-delà du Channel. En particulier pour la marque Alvis, spécialiste du haut de gamme sportif, qui fut dans les années trente à la pointe de la technologie automobile britannique.

ALVIS Speed ALVIS Speed

Fondée en 1914 par Geoffrey de Freville, la firme de Coventry fabrique d’abord des pistons. La première Alvis, la 10/30 conçue par de Freville et un ingénieur gallois, Thomas George John, apparaît en 1920. Puis le Captain T.G. Smith-Clarke rejoint la société en tant qu’ingénieur en chef et crée en 1923 la célèbre 12/50. Alvis prend alors une part non négligeable dans le développement de la traction avant en Europe. La première traction Alvis de série est lancée en 1928 (une 1500 cm3 à arbre à cames en tête), année où deux voitures remportent la catégorie 1,5 litre aux 24 Heures du Mans. Avec les modèles Speed 20, Speed 25 et Speed 4,3 litres, les années trente seront les plus brillantes de l’histoire de la marque au triangle rouge. Après la guerre, Alvis deviendra un constructeur conservateur, même si le coupé Graber a fière allure.

Présentée en 1932, la Speed 20 est motorisée par un six cylindres de 2,5 litres développant 90 ch. La voiture est donnée par la firme pour 160 km/h, un chiffre optimiste, la réalité se situant plutôt aux alentours de 140 km/h. La Speed 20 SA exposée sur le stand de Bernard Marreyt, que ce dernier partageait avec Rudy Pas de Classic Car Associates, est l’une des toutes premières Speed construites. Elle est encore équipée d’un essieu avant rigide et d’une boîte de vitesses à première non synchronisée. Sa carrosserie tourer en aluminium est due au spécialiste anglais Cross & Ellis. Toutes carrosseries confondues, 900 Speed 20 ont été construites, dont une dizaine seulement de Speed 20 SA avec le radiateur plat. Le modèle évolue ensuite en 2,7 litres avec la Speed 20 SB équipée d’une boîte synchronisée et d’une suspension avant indépendante.

Car, en 1934, Alvis est la première marque anglaise à construire une boîte de vitesses entièrement synchronisée (Jaguar attendra trente ans pour cela !), qui sera copiée par les concurrents Lagonda et Bentley. Autre élément moderniste, les Alvis reçoivent, la même année, une suspension avant indépendante. Motorisées par des six cylindres culbutés bien conçus, puissants, légers et compacts, les Speed sont dotées de trois carburateurs SU et de deux pompes à essence électriques fonctionnant simultanément pour assurer un débit régulier.

Les Speed sont habillées de carrosseries en aluminium par Cross & Ellis, qui a beaucoup travaillé pour Alvis, Charlesworth, Mayfair et Van den Plas. Leur capot s’orne d’une belle mascotte en forme d’aigle, le «Silver Eagle» (deux versions existent avec ailes dressées et ailes baissées). Celle-ci a pris la place de la précédente qui représentait un sympathique mais plébéien lièvre… Progressivement, les Alvis Speed vont devenir de plus en plus luxueuses et chères — une Speed coûte alors presque le double d’une Jaguar SS. Les dimensions du châssis sont agrandies, les voitures se chargent d’accessoires et s’alourdissent. Pour conserver, et même accroître, leurs performances, le six cylindres sera réalésé jusqu’à la limite de ses possibilités (tout en gagnant des paliers de vilebrequin).

Ainsi naît en 1935 la Speed 25, dont le 3,5 litres développe 135 ch. Les 160 km/h sont atteints avec aisance. La voiture présentée à Rétromobile est un très élégant cabriolet (« drophead coupé ») avec capote trois positions, qui, de plus, a conservé sa livrée « Indian Red » d’origine. Nettement plus bourgeoise que la 20 SA, elle bénéficie de vitres latérales et de riches boiseries. Sa carrosserie a été réalisée par Charlesworth. Elle paraît assez audacieuse pour un travail anglais des années trente, les marchepieds, qui s’effacent dans leur rôle fonctionnel, ne concourant qu’à l’esthétique. La voiture fonctionne parfaitement. Bernard Marreyt la possède depuis plusieurs mois, il fait rouler régulièrement cette grande routière, qui parcourt de longues distances sur l’autoroute à 130 km/h.

Dernier avatar de la génération Speed, la 4,3 litres, lancée en 1938, reçoit le moteur de la 25 réalésé. Son châssis est allongé afin d’accueillir de confortables et bourgeoises limousines. Oiseau rare de la lignée, elle ne sera produite qu’à 196 exemplaires jusqu’à la guerre. Son six cylindres s’avère toutefois un peu fragile — la 25 apparaît comme le meilleur compromis.

Le modèle culte d’Alvis n’en reste pas moins la Speed 4,3 litres châssis court Van den Plas. Il s’agit d’une petite série d’une dizaine d’exemplaires réalisée par le carrossier sur le châssis Speed 25 équipé du moteur de la 4,3 litres (attention, une réplique moderne a été réalisée par un fabricant anglais !). Voiture la plus recherchée des collectionneurs d’Alvis, elle se négocie aujourd’hui aux alentours de 250 000 €. Par comparaison, la Speed 20 était proposée par Bernard Marreyt à 80 000 € (elle a été vendue pendant le salon) et la 25 à 120 000 €.

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