Mondial de Paris 2000

Compte rendu

Gilles Bonnafous le 30/09/2000

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Floraison de concept cars, abondance de premières mondiales, séduisant cocktail de clins d'œil au passé et d'innovations, le Mondial 2000 restera dans les mémoires comme la grande fête automobile de cette fin de siècle.

Les hommes n’ont pas fini d’aimer les voitures. " Révélée " par un récent sondage de la SOFRES, cette évidence ne requiert pas la compétence d’un économètre émérite pour être observée. Il suffisait de déambuler dans les allées du Mondial pour se rendre compte à quel point la passion reste au cœur du phénomène automobile. La voiture n’est pas près d’être ravalée au rang de simple instrument de déplacement. Fort heureusement, c’est bien l’irrationnel qui conduit la foule à rêver devant des véhicules inaccessibles au plus grand nombre par leurs prix ou leurs performances.

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Comment les visiteurs auraient-ils boudé leur plaisir devant le nombre et la richesse des concept cars et prototypes exposés, autant d’étoiles qui brillaient sur les stands de la majorité des constructeurs, même les plus petits. A l’instar du charmant cabriolet Speedino de Chatenet, un spécialiste des voitures sans permis. Parmi les plus remarquées de ces voitures, dont toutes ne sont pas appelées à connaître une vie " civile ", citons la Porsche Carrera GT, l’Audi Steppenwolf, la BMW Z9, la Lancia Nea, la Mazda RX-Evolv, la Nissan Fusion et la Koenigsegg CC, la voiture la plus puissante du Mondial. Sans oublier la Hyundai Neos, un roadster biplace de 250 ch à roues avant découvertes. De même, nous avons beaucoup aimé le séduisant petit coupé Smart, dont on espère une prochaine commercialisation. Sur le stand Bertone, la Slim n’est pas passée inaperçue, qui évoquait le Messerschmitt des années cinquante (deux places en tandem sous un cockpit d’avion). Pas plus que l’Alfa Romeo Bella réalisée sur la base de la berline 166. Tendance oblige, le carrossier italien présentait également un cabriolet M3 à toit escamotable : BMW se laissera-t-il convaincre ?

Si les hommes n’ont pas fini d’aimer les voitures, il en est de même de la mécanique. Une passion comblée en toute irrationalité par la montée en puissance des moteurs. Comme des sculptures qu’ils sont le plus souvent, ceux-ci s’exposaient sans pudeur sur les stands des constructeurs allemands (Mercedes, Audi et BMW), grands motoristes devant l’éternel comme on sait. Une " impudeur " qui contrastait avec la discrétion des marques françaises à cet égard. Alfa Romeo n’était pas en reste en exhibant de précieuses entrailles, sous la forme de trois mécaniques anciennes appartenant au glorieux passé du quadrifolio.

Preuve que l’automobile restera toujours un objet mythique, ces références à l’histoire ont marqué le Mondial, plusieurs marques n’hésitant pas à tirer de leur mémoire une valorisation de leur image. Mercedes donnait à voir trois chefs-d’œuvre intemporels arborant la célèbre livrée allemande gris métallisé : un coupé 300 S, une 300 SL Papillon et le somptueux coupé 280 SE V8 3,5 litres dessiné par Paul Bracq. Alfa Romeo affichait une collection de calandres, un demi-siècle de design facial depuis la 2500 Villa d’Este de 1949 jusqu’à la nouvelle 147. Même chose chez Chrysler, avec la Jeep depuis la Seconde Guerre mondiale jusqu’à aujourd’hui. Et Maserati exposait sa 3200 GT de couleur rouge à côté de la sublime 250 F.

Qu’on ne s’y trompe pas. Cette présence du passé n’a rien de passéiste. Bien au contraire. Le Mondial 2000 a consacré une très large part à l’innovation, qu’elle soit conceptuelle, mécanique ou cybernétique. Les exemples ne manquent pas : Matra M 72 et Ligier Be Up dessinée par Giugiaro, sophistication et montée en gamme de la motorisation diesel, électronique embarquée et multimédia (qui occupaient un hall à part entière).

L’innovation se fait également écologique car, loin d’être antinomiques, passion et raison peuvent cohabiter en parfaite intelligence. La satisfaction de la passion individuelle et le sens de la responsabilité collective ouvrent au contraire sur l’équilibre harmonieux d’une communauté humaine. Plaisir de conduite et vitesse doivent toutefois s’inscrire dans le cadre d’un comportement citoyen et dans le respect des impératifs environnementaux. Au Mondial, les nouvelles énergies étaient notamment représentées par la BMW 750 hL CleanEnergy, équipée d’un moteur à hydrogène, et par la Toyota Prius à la motorisation hybride qui, un an après sa commercialisation au Japon, est lancée en Europe.

Au total, le Mondial a servi d’écrin à une cinquantaine de premières mondiales. Pas moins. Parmi les plus chatoyantes, citons entre autres les Alfa 147, Clio V6, BMW M3 et la nouvelle Mini qui, dans sa version luxe, prend des allures de micro Jaguar. Sans oublier la Volvo S 60. Les allées du Mondial témoignaient également du succès croissant des véhicules de loisirs, les SUV. Un segment qui fait fureur aux Etats-Unis et qui, en France, a connu une hausse de 45% en 1999. Parmi les nouveautés, évoquons le luxueux Lexus RX 300, le Nissan X-Trail et les frères jumeaux Mazda Tribute/Ford Maverick. Parallèlement, l’offre de voitures à transmission intégrale se développe, à l’image des Suzuki Ignis, Daihatsu Sirion et Subaru Outback six cylindres.

Le hall 1 consacrait l’union de l’art et de l’automobile grâce à Opel et à ses Corsa peintes par cinq artistes. Ford, quant à lui, a présenté lors de la journée de la femme, le lundi 9 octobre, un défilé de mode réalisé par de jeunes créateurs. Une manifestation honorée par la présence d’Emmanuelle Béart.

Pour attirer les clients, les constructeurs rivalisent d’imagination et de moyens. Une compétition qui représente des budgets considérables… On ne pouvait qu’être séduit par la qualité des stands du Mondial et leurs scénographies de plus en plus soignées. Les plus belles mises en scène étaient à mettre au crédit de Mercedes-Benz et d’Audi, auxquelles on ajoutera la remarquable présentation de la Lancia Nea. Côté hexagonal, l’inspiration janséniste du vaste plateau conçu par Renault contrastait avec la parti pris agricole et écologique adopté par Peugeot et Citroën (buttes de terre plantées de gazon et de blé agrémenté de coquelicots avec marigot de papyrus…).

Grâce à l’augmentation de la superficie du salon et à l’élargissement des allées, les visiteurs ont pu admirer les voitures de leurs rêves dans des conditions de confort nettement améliorées par rapport au passé. Quant à l’étalement de la durée sur deux semaines, il a permis (sans surprise) de battre, avec plus de 1,4 million de visiteurs, le record de fréquentation de 1998. Un score qui fait du Mondial de Paris le salon automobile le plus visité du monde devant celui de Tokyo. Les records étant faits pour être battus, rendez-vous en 2002… Mais la barre semble placée très haut, tant le Mondial 2000 fut un cru d’une exceptionnelle qualité.

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