Saga Lotus

Sans aucun doute. Lotus doit tout à un seul homme. Colin Chapman, qui a su être à la fois ingénieur, mécanicien, pilote et industriel avisé.

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Histoire : Les Lotus F1 de Colin Chapman

Gilles Bonnafous le 15/05/2006

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La première monoplace Lotus est la 12 de Formule 2, qui apparaît en 1957. Contrairement aux machines du rival Cooper, son moteur est situé à l’avant, ce qui surprend de la part d’un homme comme Colin Chapman, qui, là, ne se trouve pas aux avant-postes de l’innovation. La voiture est motorisée par le Coventry-Climax FPF double arbre de 140 ch accouplé à une boîte de vitesses ZF à quatre rapports — elle s’avérera le maillon faible de la voiture. La Lotus 12 sera constamment battue par la Cooper dotée du même moteur.

Lotus 12
Lotus 12 D.R.

En 1958, les débuts de Lotus en Formule 1 ont pour cadre la principauté de Monaco avec deux 12 motorisées par la version deux litres du Coventry-Climax FPF (176 ch). La Lotus 16 qui en dérive apporte un progrès aérodynamique, mais elle constituera un échec total. La 12 et la 16 vaudront à la marque une réputation peu flatteuse, due à leur manque de développement et de fiabilité.

Comme on le voit, les débuts de Lotus en F1 n’ont rien d’une marche triomphale. L’année 1959 sera également difficile. Les monoplaces de Chapman roulent en queue de peloton, systématiquement battues par les Cooper qui utilisent pourtant le même moteur Coventry-Climax, mais disposé à l’arrière. Là est toute la différence. Bien que moins sophistiquées, les Cooper sont devant grâce à leur concept supérieur. Elles sont aussi plus fiables.

Lotus 16
Lotus 16 Motorlegend
Lotus 16
Lotus 16 Motorlegend

C’est en 1960 qu’est lancée la première Lotus à moteur central arrière, la 18. Toujours équipée du moteur Coventry-Climax FPF, elle a été conçue comme une voiture à tout faire : F1, F2 et même, en version simplifiée, Formule Junior — initiée en 1959, cette dernière connaît un franc succès. La Lotus 18 fait précisément ses débuts en Formule Junior à Brands Hatch le 26 décembre 1959. La première F1 apparaîtra au Grand Prix d’Argentine en 1960.

Lotus 18
Lotus 18 Motorlegend
Stirling Moss au volant de la Lotus 18
Stirling Moss au volant de la Lotus 18 D.R.

La première victoire Lotus en Formule 1 intervient à Goodwood, où Innes Ireland gagne sur la 18. Mais l’épreuve ne compte pas pour le championnat du monde. C’est Stirling Moss qui apporte à Chapman le premier succès en Grand Prix. Il remportera même deux épreuves en 1960 sur la Lotus 18 de l’écurie Rob Walker (Monaco et aux Etats-Unis).

La nouvelle Formule 1 inaugurée en 1961 (1500 cm3) est dominée par Ferrari et son moteur V6 supérieur au quatre cylindres Coventry-Climax. Moss remporte tout de même deux Grands Prix (à Monaco et au Nürburgring) sur sa Lotus 18 modifiée, la nouvelle 21 étant réservée aux pilotes d’usine que sont Jim Clark et Innes Ireland. Ce dernier apporte enfin une victoire au Team Lotus en fin de saison aux Etats-Unis. La Lotus 21 se présente comme une 18 perfectionnée par son aérodynamique (position de conduite très allongée et moteur incliné), sa boîte ZF et sa suspension arrière à bras supérieur transversal.

Lotus 21
Lotus 21 D.R.

Jim Clark au volant de la Lotus 25
Jim Clark au volant de la Lotus 25 D.R.

Après que le nouveau V8 Coventry-Climax FWMV a fait ses débuts dans le courant de la saison 1961, Lotus entame l’année 1962 avec la 24 (une 21 affinée) équipée de cette mécanique. Mais ceci n’est qu’un amuse-gueule. Car au GP des Pays-Bas, disputé en avril à Zandvoort, se produit un événement considérable dans l’histoire de l’automobile : l’apparition de la première voiture de course monocoque de l’ère moderne, la célèbre Lotus 25.

Jim Clark au volant de la Lotus 33
Jim Clark au volant de la Lotus 33 D.R.

La Lotus 25 va s’imposer au cours des quatre dernières saisons de la F1 1500 cm3 et elle sera copiée de tous. Elle connaîtra une évolution constante : le moteur bénéficiera d’une injection et d’une culasse à quatre soupapes, la transmission Hewland remplacera la ZF et les roues passeront de 15 à 13 pouces, d’où des modifications de suspension. De sorte qu’en 1964, la Lotus 25 sera rebaptisée 33. Au cours des quatre saisons où la 25/33 a couru, Jim Clark a remporté 19 Grands Prix : sept en 1963 et cinq consécutifs en 1965. Avec à la clé deux titres mondiaux pour l’Ecossais volant en 1963 et 1965.

Avec le passage de la Formule 1 à trois litres, 1966 est une année noire pour Lotus. La raison ? Le moteur Ford Cosworth DFV n’est pas prêt. En l’attendant, Chapman a installé le BRM H 16 lourd et peu fiable dans la Lotus 43, dont le groupe motopropulseur est porteur. Clark réussira néanmoins à gagner un GP, celui des Etats-Unis.

Conçue pour le Cosworth DFV enfin d’attaque pour 1967, la Lotus 49 est également une monocoque à moteur porteur. Elle remporte le GP des Pays-Bas dès sa première sortie (Jim Clark). Pendant les quatre saisons où elle sera engagée, la Lotus 49 remportera douze Grands Prix et elle offrira à Graham Hill le titre mondial 1968 après la mort de Jim Clark à Hockenheim en avril. La 49 connaîtra trois formes : à boîte ZF, Lotus 49 B à boîte Hewland et ailerons, la première F1 ainsi dotée, et Lotus 49 C à roues avant de 13 pouces.

Jim Clark au volant de la Lotus 49
Jim Clark au volant de la Lotus 49 D.R.
Lotus 49 B
Lotus 49 B Lotus

Après l’échec total de la Lotus 63, une F1 à quatre roues motrices lancée en 1969, une nouvelle machine apparaît l’année suivante : la Lotus 72. Autre jalon dans l’histoire de la course automobile, cette monoplace présente trois caractéristiques : la forte prépondérance de son poids sur l’arrière afin de favoriser la propulsion, sa ligne en coin qui contribue à cet objectif en disposant les radiateurs sur les flancs, et ses pneus très légers spécialement conçus par Firestone.

F1 la plus titrée de son époque, la Lotus 72 remportera vingt Grands Prix et trois fois la Coupe internationale des constructeurs en 1970, 1972 et 1973 (championnat du monde des marques avant la lettre). A son volant, Rindt sera sacré champion du monde en 1970 et Emerson Fittipaldi en 1972.

Rindt  au volant de la Lotus 72
Rindt au volant de la Lotus 72 D.R.
Lotus 72
Lotus 72 Lotus

Autre voiture révolutionnaire, la Lotus 78 introduit l’effet de sol. Le but est d’accroître l’adhérence en virages grâce aux pontons latéraux en forme d’aile inversée : en travaillant tout près du sol, l’efficacité est accrue par l’effet de venturi. La Lotus 78 débute en 1977 et permettra à Colin Chapman de reprendre l’avantage sur ses concurrents. Elle remportera cinq Grands Prix, dont quatre pour Mario Andretti.

L’effet de sol est accru en 1978 avec les jupes coulissantes de la 79. L’étanchéité de ce système, supérieur aux « poils de brosse » de la Lotus 78, donne le titre mondial à Mario Andretti. L’année 1982 verra l’accord avec Renault pour la fourniture du moteur V6 turbo à partir de l’année suivante.

Lotus 78
Lotus 78 D.R.
Lotus 79
Lotus 79 Lotus

Depuis 1958, Lotus a participé à tous les Grands Prix de Formule 1, un record seulement dépassé à l’époque par Ferrari, mais Maranello est de création antérieure. Sous la houlette de Colin Chapman, Lotus a remporté en 24 saisons de F1 six titres de champion du monde, sept coupes FIA et 72 Grand Prix.

Après deux tentatives infructueuses, Lotus s’impose aux 500 Miles d’Indianapolis, où Jim Clark gagne en 1965 sur une Type 38 motorisée par un V8 Ford à quatre arbres à cames en tête. Il terminera deuxième l’année suivante. Le rêve américain avait bien failli se réaliser dès la première participation en 1963. Jim Clark remontait le leader Parnelli Jones dans les derniers tours quand la voiture de ce dernier se mit à perdre de l’huile. Mais le directeur de course n’osa pas arrêter l’Américain qui remporta la course ! Le plus important pour Lotus est d’avoir révolutionné la mythique épreuve américaine par ses voitures qui renvoyèrent les dinosaures yankee à l’antiquité.

Jim Clark sur une Lotus 38 à Indianapolis, 1965
Jim Clark sur une Lotus 38 à Indianapolis, 1965 D.R.
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