Saga AMG

Lorsqu'ils lancent AMG en 1967 Aufrecht et Melcher, deux ingénieurs de Mercedes, sont loin d'imaginer que 40 plus tard ils atteindraient de tels sommets. Pourtant aujourd'hui le préparateur fait figure de référence dans ce tout petit monde.

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Histoire : AMG : 40 ans déjà !

Vincent Desmonts le 04/06/2007

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Lorsque Hans-Werner Aufrecht et Erhard Melcher, deux anciens ingénieurs de Mercedes, fondent leur petite entreprise en juin 1967, ils sont certainement loin d'imaginer le fabuleux destin que connaîtra AMG. AMG pour Aufrecht, Melcher et Großaspach, qui n'est pas le nom d'un troisième associé-mystère, mais celui de la ville de naissance d'Aufrecht, une paisible bourgade du district de Stuttgart. Les deux hommes installent leurs locaux dans un ancien moulin, à Burgstall, dans la banlieue de Stuttgart.

Ils se consacrent dans un premier temps à la préparation de Mercedes pour la compétition. Il se penchent sur le cas de la 300 SE, et s'engagent dans le championnat européen de supertourisme. Après quelques années d'apprentissage, le premier succès arrive en 1971 : leur 300 SEL 6.8 AMG termine les 24 Heures de Spa-Francorchamps à la deuxième place au classement général, et en tête de sa catégorie !

Pourtant, la 300 SEL 6.8 AMG n'a a priori pas grand-chose d'une bête à dévorer les circuits. Certes, sa base – la fameuse Mercedes 300 SEL 6.3 – est une berline à fort tempérament, dotée d'un V8 de 250 ch et 500 Nm capable de donner des sensations fortes au chef d'entreprise en costume-cravate que l'on trouve généralement à son volant. Mais cette grande limousine n'a rien d'une ballerine, et il faudra tout le talent d'Aufrecht et Melcher pour retravailler en profondeur son moteur afin porter sa puissance à 425 ch sans en altérer la fiabilité.

300 SEL 6,3 litres
300 SEL 6,3 litres Mercedes
300 SEL 6,3 litres
300 SEL 6,3 litres Mercedes

La 300 SEL 6.8 AMG ne connaîtra cependant qu'une carrière-éclair : un changement de règlement du championnat la bannit du circuit l'année suivante. Mais la victoire de 1971 s'accompagne d'une divine surprise pour Hans-Werner Aufrecht et Erhard Melcher. Attirés par le succès, les propriétaires de 300 SEL 6.3 se présentent à Burgstall dans l'espoir que les deux sorciers la transforment leur auto en une version routière de la berline victorieuse à Spa. Les ingénieurs ne se font pas prier, et développent une gamme d'accessoires pour le V8 : culasses usinées, arbres à cames plus pointus, échappements spécifiques, suspension sport. Aufrecht et Melcher ne touchent pas à la cylindrée, mais la puissance passe de 250 à 280, 300 ou 320 ch suivant le degré de préparation. Le petit commerce se développe, et les deux associés deviennent officiellement préparateurs. Justement, l'époque voit se développer une nouvelle clientèle, désireuse de s'offrir des modèles véritablement exclusifs et personnalisés : les prémices de ce qui deviendra quelques années plus tard le « tuning ». Cette clientèle très sélect apprécie déjà la qualité des réalisations AMG, et le bouche à oreille fait le reste. La réputation du préparateur devient telle que les carnets de commande se remplissent. En 1976, le vieux moulin de Burgstall devient trop petit, et les locaux d'AMG sont transférés dans la localité voisine d'Affalterbach. Ils n'en bougeront plus. Erhard Melcher quitte alors la société et se consacre à la fourniture de pièces moteur.

300 E 6.0, 300 SEL 6.8 AMG, E 50 AMG
300 E 6.0, 300 SEL 6.8 AMG, E 50 AMG Mercedes

Dans le même temps, AMG ne délaisse pas la compétition, qui reste un outil de promotion fort. Au tournant des années 80, alors que Mercedes engage son coupé SLC en championnat du monde des rallyes, AMG se distingue en préparant le SLC pour l'European Touring Car Championship (ETCC). La 450 SLC AMG cultive les paradoxes : avec son équipement mobile allégé, son moteur peut prendre 6 550 tr/min (contre 5 000 seulement sur le modèle de série), mais elle se contente d'une antédiluvienne boîte automatique à trois rapports, la boîte manuelle n'ayant pu être homologuée ! Et si la voiture termine troisième dès sa première course, à Monza en 1978, il faudra encore attendre deux ans avant de la voir franchir la ligne d'arrivée en tête...

Mercedes 450 SLC AMG
Mercedes 450 SLC AMG Mercedes
Mercedes 450 SLC AMG
Mercedes 450 SLC AMG Mercedes

Si le succès en compétition tarde à venir, la clientèle continue de se bousculer. AMG inaugure sa deuxième usine en 1985, et compte alors 100 salariés. Mais le vrai coup d'accélérateur sera donné en 1990 : AMG signe alors un accord officialisant le partenariat avec Mercedes. Les AMG seront désormais commercialisées et entretenues au sein du réseau à l'Etoile, ouvrant ainsi à la compagnie d'Hans-Werner Aufrecht d'immenses débouchés à l'international. La même année, les Mercedes E190 AMG commencent à se faire remarquer en DTM, le championnat allemand de voitures de tourisme... En 1992, AMG commet un hold-up sur le DTM, en remportant 16 courses sur les 24 du calendrier ! Au final, la firme réalise le triplé : Klaus Ludwig, Kurt Thiim et Bernd Schneider squattent les trois premières places du classement général avec leurs E190 AMG ! Ce sera le début d'une longue domination des flèches d'argent dans cette discipline...

En 1999, Aufrecht revend la majorité des parts d'AMG à DaimlerChrysler, afin de se consacrer pleinement au département compétition, qu'il dirige encore aujourd'hui. Six ans plus tard, il cède l'intégralité de sa participation. AMG devient alors la pleine propriété de DaimlerChrysler.

Mercedes E190 AMG
Mercedes E190 AMG Mercedes
Mercedes E190 AMG
Mercedes E190 AMG Mercedes
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