Le désamour pour le diesel est-il justifié ?

Si, au fil des décennies, les goûts automobiles des Français n’ont cessé d’évoluer, jamais il n’y avait eu de mouvement aussi brutal que la chute actuelle des ventes de diesel. L’adage voulant que tout ce qui est excessif est insignifiant, ce rejet est-il réellement justifié ?

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Trop d’incertitudes

Cédric Morançais le 13/02/2017

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Les automobilistes qui repassent à l’essence le font-ils pour des raisons de santé publique ? Il est permis d’en douter pour une part non-négligeable d’entre eux. Les problèmes soulevés récemment posent, en effet, des problèmes plus concrets au quotidien. A commencer par tout ce qui concerne le porte-monnaie des propriétaires. C’est, évidemment, un point crucial car l’achat d’un véhicule diesel était principalement motivé par les économies réalisées sur le budget carburant. Au fil du temps, l’écart entre le sans-plomb et le gasoil tend toutefois à s’amenuiser. La volonté de certains politiques est d’ailleurs d’arriver, dans les prochaines années, à une fiscalité identique entre ces deux carburants. Plus cher à produire, le gasoil devrait donc être plus couteux à la pompe le jour où cette égalité sera devenue réalité. En parallèle, l’écart entre les prix de vente d’un modèle essence et son équivalent diesel ne cesse d’augmenter. Aujourd’hui, il faut compter, en moyenne, de 2 000 € à 3 000 €. Une hausse due à l’obligation, pour les dCi, HDi et autres TDI, de se doter de systèmes de dépollution toujours plus chers permettant de satisfaire à des normes toujours plus contraignantes. Et si ces dispositifs grèvent les factures d’achat, ils ont aussi une incidence sur le budget d’usage, notamment ceux qui utilisent de l’AdBlue, ce dérivé d’urée qui nécessite des appoints réguliers. En quelques années, l’entretien d’un véhicule diesel a, lui aussi, augmenté, ces blocs réclamant des consommables, notamment des lubrifiants, toujours plus pointus et donc plus chers. Dans le même temps, la revente des voitures diesel se complique et entraine une baisse des cours sur le marché de la seconde main. Récupérer, lors de la revente, le surcoût consenti à l’achat devient désormais mission impossible. Voiture plus dispendieuse à l’achat, plus couteuse à l’usage mais qui se revend moins cher, voilà une équation qui rend impossible, pour une grande partie des conducteurs français, l’amortissement de ce type d’auto.

En parallèle, la complexification de ce type de moteur est allée de concert avec une baisse de leur fiabilité. Vanne EGR encrassée, turbo grippé, filtre à particules obstrué, injecteur hors-service : la liste de ces nouveaux griefs est longue. A chacune de ces pannes est associée une facture coûteuse : tablez sur 400 à 600 € pour une vanne EGR, de 1 500 à 2 500 € pour un turbo, jusqu’à 1 200 € pour un filtre à particules et de 600 à 1 000 € pour un seul injecteur. Sans oublier les problèmes liés à l’immobilisation de la voiture durant ces réparations.

Les automobilistes qui vivent dans les grandes villes s’inquiètent également de la possible interdiction de circuler de leur auto. L’arrivée de la vignette Crit’Air à Paris, et bientôt dans une vingtaine d’autres agglomérations françaises, perturbe déjà la vie de milliers de nos concitoyens. En effet, à date de mise en circulation égale, certains diesel peuvent se voir interdit de circuler tandis que les essence ne subiront aucun restriction. Et même si elles sont non-fondées, les volontés de certains de nos dirigeants d’interdire, à terme, totalement les voitures utilisant ce carburant sur le territoire français ne peuvent qu’inquiéter quelqu’un sur le point de choisir une nouvelle voiture avec la perspective de la conserver le plus longtemps possible.

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