Essai PEUGEOT e-5008 Dual Motor

A 57 690 €, il n'en demande finalement pas beaucoup plus, pour un menu nettement plus appétissant. Avec environ 325 chevaux cumulés, la 5008 change de dimension. Le 0 à 100 km/h expédié en moins de six secondes n'est pas qu'un chiffre de brochure : on le sent dans les reins, avec des relances franches et une réserve d'énergie qui gomme les hésitations du simple moteur. Mais ce n'est pas la cavalerie qui surprend le plus, c'est la manière dont elle est mise au sol. Grâce au moteur arrière, la motricité devient enfin digne de ce gabarit. Fini l'ESP qui s'affole au moindre appui trop généreux, place à un SUV qui accroche et s'inscrit avec sérénité. La différence n'est pas subtile, elle est flagrante. Le vrai saut qualitatif, il est dans le travail de mise au point. Les trains roulants ont été raffermis, l'amortissement adapté, les barres antiroulis recalibrées.

Résultat : le 5008 Dual Motor tient la route avec beaucoup plus de rigueur. Là où les versions de base donnaient vite le sentiment de flotter, ce modèle affiche une stabilité impressionnante sur autoroute et une agilité bien meilleure sur route secondaire. Entendons-nous : avec 2,3 tonnes sur la balance, il n'a rien d'un félin. Mais il ne se traîne pas non plus, et pour un SUV familial de sept places, le dynamisme est franchement au-dessus du lot. Peugeot a clairement voulu muscler son jeu, et ça se sent.

Reste que les lois de la physique ne s'oublient pas. Les changements d'appui exigent toujours une certaine anticipation, et les enchaînements de virages rappellent vite que la masse reste l'ennemi numéro un. Ce n'est pas un sportif, mais un grand SUV mieux tenu que la moyenne, et ça suffit déjà à rehausser son intérêt. On peut dire que Peugeot a fait ce qu'il fallait pour que le châssis suive la mécanique, mais le miracle n'existe pas.

Côté efficience, les chiffres parlent d'eux-mêmes. Nous avons relevé une consommation moyenne de 20,2 kWh/100 km en usage mixte, avec des pointes à plus de 21 kWh/100 km en terrain vallonné. Sur autoroute, à vitesse stabilisée de 130 km/h, elle grimpe à près de 23,5 kWh/100 km, limitant l'autonomie à un peu plus de 200 km réels. En usage quotidien plus mesuré, l'autonomie tourne autour de 300 à 320 km, soit une trentaine de kilomètres de moins que la version monomoteur dotée du même pack batterie de 73 kWh. Le second moteur apporte de l'agrément et de la sécurité, mais il se paye au prix fort côté autonomie.

L'arrivée de la version Grande Autonomie, promise à plus de 700 km se fait décidément attendre. La recharge, elle, est dans la moyenne actuelle. Jusqu'à 160 kW en courant continu, de quoi regagner 20 à 80 % en une trentaine de minutes, à condition de trouver une borne rapide disponible. En courant alternatif, le chargeur embarqué de 11 kW assure un plein en environ sept heures sur une borne domestique adaptée. La courbe de charge est correcte, avec une puissance soutenue jusqu'à 40 %, mais comme souvent, au-delà de 80 %, mieux vaut couper court si l'on ne veut pas passer plus de temps à attendre qu'à rouler.

Là où la 5008 conserve son ADN, c'est dans le confort et l'accueil. L'amortissement, malgré son tarage plus ferme, conserve une vraie capacité de filtration. L'insonorisation est soignée, la position de conduite bien étudiée, et l'espace à bord reste royal pour une famille. Sept places, une modularité intelligente et un coffre encore utilisable, voilà qui maintient son statut de référence dans la catégorie. Car c'est bien là le point clé : cette 5008 Dual Motor n'a quasiment pas de concurrent direct. Aucun autre constructeur généraliste ne propose aujourd'hui un SUV électrique 7 places avec transmission intégrale. Ceux qui veulent une alternative doivent se tourner vers des modèles premium, nettement plus chers, ou vers des mastodontes surdimensionnés, moins adaptés aux routes et aux familles européennes. En clair, Peugeot occupe une niche laissée vide, et ce positionnement malin pourrait bien faire toute la différence.

Alors, carton plein ? Pas tout à fait. La Peugeot e-5008 Dual Motor a ses limites : autonomie contrainte, recharge correcte mais pas exceptionnelle, consommation sensible dès que l'on hausse le rythme. Et malgré le travail louable sur la dynamique, elle ne peut pas masquer totalement son poids. C'est une réussite technique, une vraie montée en gamme, mais pas encore une révolution. En définitive, cette 5008 Dual Motor est la version la plus aboutie du SUV sochalien. Elle apporte puissance, motricité et une tenue de route sérieusement améliorée, sans renier le confort et la polyvalence qui font le succès du modèle. Peugeot n'a pas seulement ajouté un moteur, elle a revu la copie pour donner plus de caractère à son grand SUV. Et dans un marché où la concurrence généraliste n'existe pas, cela suffit déjà à en faire une proposition singulière, sans doute la plus désirable de la famille.