Essai MG Cyberster

Dans sa version la plus musclée à quatre roues motrices, ce roadster pas comme les autres sort les crocs : 544 ch, 725 Nm et un 0 à 100 km/h expédié en 3,2 secondes. À ce niveau-là, on ne parle plus d'un gadget de salon mais d'une machine à sensations. Surtout qu'il ne ressemble à rien d'autre sur le marché. Face avant basse et affûtée, portes en élytre à la McLaren, poupe large et sculptée façon manga sous acide… Le MG Cyberster fait tourner les têtes, et c'est déjà une victoire. C'est aussi l'unique cabriolet tout électrique à ce jour, une position singulière qui le rend presque inclassable.

Il évoque les Mazda MX-5, BMW Z4 et Porsche Boxster par son format, mais joue dans une tout autre cour, surtout en matière de punch. Derrière ce look de concept-car autorisé à prendre la route se cache une architecture technique bien pensée : deux moteurs électriques alimentent les quatre roues, une batterie de 77 kWh assure jusqu'à 444 km d'autonomie sur le papier, et le châssis, signé SAIC, entend concilier dynamisme et confort.

Mais le revers de cette ambition, c'est une masse imposante : 2 tonnes à vide. De quoi transformer ce petit roadster en GT plus que sportive. Le Cyberster ne cherche pas l'agilité d'un kart mais se rattrape par des performances d'avion de chasse et une motricité exemplaire. Pied droit franc, et c'est une catapulte silencieuse qui vous plaque au fond du siège. Pas de turbo, pas de boîte, juste un flux continu d'accélération. Ça grimpe si vite que l'on se surprend à lever le pied juste pour écouter le sifflement léger des moteurs. En mode Sport, les lois de direction et d'amortissement se raffermissent, la direction gagne un soupçon de consistance et l'ensemble devient plus sérieux. Trop peut-être, car le châssis, bien qu'affûté, montre vite les limites de sa suspension encore sautillante.

MG a bien corrigé le tir avec une mise à jour récente des lois d'amortissement, car notre Cyberster conserve cette tendance à rebondir sur les irrégularités, comme si son assise n'était jamais vraiment posée. À faible allure, c'est surtout la suspension arrière qui remonte sèchement les défauts de la chaussée. Sur route sinueuse, ça bouge, ça remue, et si cela ne nuit pas au plaisir de conduite, cela brise un peu l'illusion GT.

Heureusement, la direction directe et la transmission intégrale assurent une stabilité exemplaire en courbe rapide. L'avant accroche bien, le train arrière suit sans rechigner, et malgré son poids, le MG Cyberster reste sain, jamais piégeur. On s'amuse à son volant, d'autant plus qu'en cabriolet, les sensations sont décuplées : le vent, les bruits, les regards... il y a une vraie expérience derrière le volant, une invitation à rouler pour le plaisir, ce qui devient rare, surtout en électrique.

Techniquement spectaculaire, avec son écran en arc de cercle façon cockpit d'avion et son interface 100 % numérique, il étonne autant qu'il dérange. Trop de commandes tactiles, une ergonomie qui manque de logique, et des menus à tiroirs qui vous font oublier le sens de la route. Si l'ambiance est flatteuse, avec des matériaux convenables et des sièges baquets qui maintiennent bien, l'ensemble demande un vrai temps d'adaptation. On navigue à tâtons, et le simple fait de modifier une ventilation ou désactiver une aide à la conduite relève parfois du casse-tête chinois. Dommage, car l'interface pourrait parfaitement accompagner le caractère moderne et audacieux du modèle. Il reste tout de même une belle impression globale, renforcée par un rapport prix/prestations difficile à battre : à partir de 69 900 € pour cette version 4 roues motrices, c'est moitié prix d'une Porsche 718 Spyder, et bien plus performant. L'équipement est pléthorique, l'agrément bien réel, et le style, lui, ne laisse jamais indifférent.

Le MG Cyberster ne plaira pas à tout le monde. C'est justement sa force. Il casse les codes, ose un format abandonné par la concurrence et propose une nouvelle lecture du plaisir automobile. S'il reste des points à affiner – une suspension qui gagnerait à mieux filtrer, une ergonomie à repenser – l'essentiel est là : du style, des watts, un toit ouvert et une envie furieuse de tracer la route cheveux au vent. Finalement, ce roadster venu de Chine nous rappelle que l'auto peut encore faire rêver. Sans essence. Sans bruit. Mais pas sans émotion.