Essai MASERATI 3200 GT

Maserati 3200 GT: pas facile à dompter

En supervisant la mise au point de ce coupé du renouveau, les responsables de Ferrari n'ont pas souhaité le mettre en concurrence directe avec les produits de Maranello. Avec sa ligne sportive mais plutôt classique, son gros V8 biturbo au couple impressionnant (50,4 mkg à 4500 tours) et ses performances exceptionnelles, la Maserati 3200 GT reste beaucoup plus accessible que le coupé 360 Modena affiché à 137000 €.

Proposé en cabriolet à l'entrée de l'été 2001, le 3200 GT recevra sans doute en 2002 la boite robotisée F1 avec palettes au volant déjà monté sur le spider Ferrari 360 Modena. Le développement de Maserati s'est prolongé avec l'apparition d'une berline Quattroporte.

A première vue, le coupé Maserati apparaît d'une facture classique. Mais comme à son habitude, Giugiaro et les stylistes d'Ital Design ont modelé savamment les formes pour aboutir à une silhouette musclée, agressive et résolument tournée vers la performance.

Si l'avant relève d'une démarche traditionnelle avec son long capot et sa généreuse calandre frappée du trident, l'arrière court et vertical intègre des feux en forme de boomerang. Un "plus" esthétique et sécuritaire puisque les leds que ces feux contiennent s'aperçoivent de beaucoup plus loin que les lampes courantes. Cette technologie a été également choisie par BMW pour son roadster Z8.

L'arrière ramassé pénalise le coffre dont la capacité n'excède pas 220 dm3. Un volume comprenant l'emplacement vide de la roue galette de secours proposée ...en option ! Comme chez Ferrari depuis près de 10 ans, Maserati livre ses voitures sans roue de secours, arguant d'un risque de crevaison rarissime. Une bombe est prévue pour les petits trous. En cas de gros pépin, il ne reste que votre téléphone portable pour alerter un dépanneur.

A noter que du fait de la dimension des pneus, la roue crevée ne tient pas dans le coffre. Et lui trouver une place sur la très belle sellerie en cuir relèverait de l'inconscience.

Maserati est allé à l'essentiel sans chercher à faire de l'esbroufe. Une démarche intelligente qui permet au propriétaire d'une 3200 GT de se sentir à l'aise face à une planche de bord joliment dessinée et tendue de cuir. Derrière une visière efficace ont été rassemblés des cadrans très lisibles et notamment un compteur de vitesse gradué jusqu'à 320 km/h. Tradition oblige, la célèbre pendule analogique ovale très kitch à fond blanc trône au centre entre les aérateurs.

Confortables, ergonomiques et assurant un bon maintien latéral, les sièges s'avancent automatiquement lorsqu'on rabat le dossier pour faciliter l'accès à l'arrière ou ont été placés deux vrais sièges séparés par un accoudoir.

Soigné et agréable à vivre, l'habitacle peut être rehaussé de bois ou de chrome au souhait du client.

Initialement prévu pour la Shamal, le V8 3.2l réunit une culasse à 32 soupapes, quatre arbres à cames en tête et deux turbos au profit d'une puissance respectable de 370 chevaux. Cette cavalerie se double d'un couple de 50 mkg à 4500 tours. Impressionnant dans ses montées en régime grondantes, ce V8 sait aussi se montrer souple en reprenant sans rechigner à moins de 2000 tours en 6ème à 80 km/h ! J'ai apprécié également la progressivité de la suralimentation.

La consommation varie très largement en fonction de la cadence adoptée mais on peut la stabiliser autour de 13 litres sans pour autant jouer les touristes.

Le V8 biturbo est associé à une boite mécanique à 6 rapports bien étagés mais aussi à une boite automatique. Nous l'avons déjà souligné, fut proposée la boite F1 avec commandes au volant.

La Maserati 3200 GT hérite d'une suspension moderne avec des leviers triangulés transversaux double à l'avant et à l'arrière. Mais le "plus" réside dans un pilotage automatique de l'amortissement que le conducteur peut solliciter à partir d'un bouton "sport" sur la planche de bord. Cette option durcit encore davantage les liaisons au sol et enlève partiellement l'ASR (l'antipatinage). Une suppression à déconseiller aux pilotes inexpérimentés surtout sous la pluie.

Le premier contact physique avec le coupé 3200 GT révèle la résistance pénible de la pédale de l'embrayage et du levier de vitesses au moment de verrouiller chacun des rapports. Ces inconvénients expliquent sans doute que plus de 40% des acheteurs optent pour l'excellente transmission automatique.

Plaquée au sol, bénéficiant d'une tenue en cap rigoureuse, la sportive italienne procure des sensations fortes et exige de la vigilance en dépit des différentes aides électroniques à la conduite. Malgré une pédale manquant de mordant, le freinage puissant et endurant fait partie des points forts du modèle.

En revanche, l'amortissement pourra être pris en défaut sur de mauvais revêtements pénalisant du même coup un confort déjà très limite. Quel que soit le style de conduite, le pilotage reste fatigant, voire contraignant.

La direction assistée, les vitres et rétros dégivrant à commandes électriques, la fermeture centralisée des portes avec télécommande, le double airbag, l'ABS, l'antipatinage, la suspension pilotée, le réglage électrique des sièges, l'autoradio (sans cassette ni CD), la climatisation, la sellerie en cuir rouge ou noir (sur les quatre sièges, les panneaux de portes et la planche de bord) et les commandes d'ouverture du couvercle de malle et de la trappe à essence dans la boite à gants.