Essai CHEVROLET Corvette C8 Stingray

Cédric Pinatel le 07/02/2022

Il aura fallu attendre 67 ans pour que la doyenne des voitures de sport se décide enfin à changer la disposition de son moteur. Mais malgré son physique de supercar, la Chevrolet Corvette Stingray mise toujours sur un rapport prix-performances imbattable. De quoi battre enfin la Porsche 911 ?

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Révolution américaine

Une Corvette à moteur central arrière, on en entend parler quasiment depuis l'arrivée du tout premier modèle en 1953. A la fin de cette décennie-là, son concepteur Zora Arkus-Duntov rêvait déjà d'un nouveau modèle à moteur central arrière pour battre toutes les meilleures voitures de sport du monde. Et tout au long de la carrière de la doyenne des sportives, cet hypothétique changement d'architecture est régulièrement revenu sur le bureau des dirigeants de la General Motors. Malgré quelques projets très avancés dans les années 70 et 80, les conservateurs ont toujours eu le dernier mot. Jusqu'à l'arrivée de cette huitième génération donc, qui installe pour la première fois son V8 derrière le conducteur et son passager. Un changement radical pour cette éternelle concurrente américaine de la Porsche 911 qui, contrairement à cette dernière toujours fidèle au flat-six rejeté en porte-à-faux arrière, adopte finalement l'architecture commune à toutes les super-sportives les plus puissantes du marché actuel (McLaren 720S, Lamborghini Huracan, Ferrari F8 Tributo, Audi R8...).

De quoi choquer bien évidemment les puristes, très critiques à l'égard de cette nouvelle approche technique. La C8 Stingray reste-elle une vraie Corvette ? En termes de style en tout cas, la nouvelle mouture conserve les codes de la lignée. On retrouve le tranchant et l'agressivité de la précédente C7, simplement transposés dans une silhouette de berlinette à moteur central. Déroutantes en photo, ces proportions choquent nettement moins lorsque vous observez la bête en chair et en os. Malgré certains détails maladroits et une silhouette un peu bizarre sous certains angles, la Chevrolet ressemble désormais à une vraie supercar. On parie même qu'en rouge, les néophytes la prendront parfois pour une Ferrari !

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L'installation à bord déroute au moins autant que la contemplation de ses lignes. A l'heure où la plupart des constructeurs se débarrassent des boutons physiques, la planche de bord de la C8 Stingray affiche une impressionnante collection de touches et autres commandes le long de sa longue console centrale, dégoulinant jusqu'à l'arrière de l'habitacle. Mais il y a de très bonnes surprises dans cet univers hi-tech : la qualité de finition atteint un niveau jamais vu dans toute l'histoire de la sportive américaine, son système d'info-divertissement semble aussi rapide qu'intuitif et le degré de confort surprend très favorablement. Une fois le V8 6,2 litres réveillé dans un coup de tonnerre typique de ce genre de mécanique, la souplesse de l'amortissement et la douceur de la boîte de vitesses en mode automatique donnent le ton : la nouvelle Corvette s'impose comme une excellente GT. A ce niveau, elle rivalise sans problème avec une Audi R8.

Sur l'autobahn allemande en revanche, la première accélération franche déçoit un peu. Certes, on se retrouve vite à plus de 250 km/h. Mais le niveau de performances en ligne droite n'atteint pas celui des autres grosses berlinettes à moteur central du marché. Avec une silhouette aussi extravagante, on avait en effet oublié que son moteur ne produit « que » 482 chevaux, sans aucun turbo (à titre de comparaison, rappelons qu'une Audi R8 de base revendique 570 chevaux et coûte 160 250 € en prix de base). Chevrolet annonce bien un 0 à 100 km/h expédié en 3,5 secondes, mais la sensation de poussée ne défrise pas par rapport à une 911 Carrera S de 450 chevaux. Rien de plus normal, après tout, puisqu'on parle ici de l'entrée d'une gamme, qui pourrait grimper jusqu'à 1000 chevaux sur les futures versions extrêmes.

Sur les petites routes de la région de Francfort, on aurait voulu aussi profiter d'un moteur plus démonstratif. En ces temps où les mécaniques libres de tout système de suralimentation se font rares, la sonorité du V8 LT2 semble un peu étouffée par les filtres à particules nécessaires au marché européen (qui pompent d'ailleurs quelques chevaux par rapport au modèle américain). Et on se fait parfois surprendre par le rupteur atteint dès 6 600 tr/minute. La transmission à double embrayage et huit rapports offre heureusement une rapidité suffisante en mode manuel, sans atteindre l'instantanéité des meilleures boîtes du marché.

Une virée sur circuit permet de relativiser toutes ces critiques à l'égard de la nouvelle Corvette : en piste (ou sur une route de rêve), la C8 possède vraiment tout pour prendre un pied d'enfer. Outre des sensations de conduite que seule une vraie super-sportive à moteur central peut procurer, avec une direction rapide, aucune inertie dans les réactions et une agilité qui donne l'impression de piloter une voiture très compacte, la Stingray instaure immédiatement une totale confiance entre elle et vous. On jauge parfaitement la limite de grip du train avant et une fois cette dernière atteinte, il suffit d'un petit lever de pied pour faire pivoter la machine.

Tolérante et permissive avec l'accélérateur et riche en motricité, forte d'un freinage endurant, la C8 fait partie de ces machines qu'on cravache toutes aides à la conduite déconnectées sans la moindre arrière-pensée et avec bonheur. Le tout pour 88 620 € avec tout l'équipement dynamique de série (Pack Z51 inclus), là où une Porsche 911 Carrera moins rapide (385 chevaux) démarre à 113 388 €. Précisons au passage que la version cabriolet, proposée à partir de 95 170 €, ne pèse que 37 kg de plus par rapport à la version coupé à toit détachable et ne perd rien en rigidité. Non seulement il y a match avec la reine allemande des voitures de sport, mais on salive déjà en apprenant que la toute nouvelle Corvette C8 Z06 (680 chevaux via un inédit V8 à vilebrequin à plat) sera elle aussi commercialisée en Europe. La 911 GT3 doit-elle commencer à trembler ?

À retenir

quotePlus performante que jamais, plus efficace et facile à piloter que l'ancienne mais également plus confortable qu'une Porsche 911, la Chevrolet Corvette C8 profite indiscutablement de son passage au moteur central arrière quel que soit votre avis sur son design. Proposer une super-sportive de cette race à un prix aussi serré relève du tour de force. Vivement le match avec son ennemie de toujours...
points fortsConfort surprenant, finition intérieure, comportement dynamique excitant, efficacité, prix imbattable
points faiblesStyle clivant, V8 un peu timide
16.1

20
Les chiffres
Prix 2021 : 88620 €
Puissance : 482 ch
0 à 100km/h : 3.5s
Conso mixte : 12 l/100 km
Emission de CO2 : 277 g/km
Notre avis
Note de coeur : 17/20
Agrément de conduite
  • Accélération
  • Reprises
  • Direction
  • Agilité du châssis
  • Position de conduite
  • Commande de boîte
  • Etagement de la boîte
:
14/20
Sécurité active et passive
  • Adhérence
  • Freinage
  • Equipements de
    sécurité
:
16/20
Confort et vie à bord
  • Habitabilité
  • Volume du coffre
  • Visibilité
  • Espaces de rangement
  • Confort de suspension
  • Confort des sièges
  • Insonorisation
  • Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
:
14/20
Budget
  • Rapport prix/prestations
  • Tarif des options
  • Consommation
:
17/20

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Commentaires

avatar de yveslabarthe
yveslabarthe a dit le 09-02-2022 à 15:28
J'aimerai bien savoir d'où vient ce tarif de 88 620 euros , vous êtes bien loin du compte !!!