Essai BYD Dolphin Surf

Après les SUV et les familiales, place à la Dolphin Surf, une puce au look jovial qui vient titiller nos références maison. L'ambition est claire : proposer du contenu, de la techno et de la perf' au prix le plus serré possible. Et à lire la fiche, la version Comfort en rajoute une couche : batterie LFP « Blade » de 43,2 kWh utiles, moteur avant de 156 ch, WLTP combiné annoncé à 310 km, et une dotation généreuse qui coche toutes les cases vendeuses. La première bonne surprise, c'est l'encombrement. Contrairement à la Dolphin « globale » que certains ont en tête, la Surf est compacte (3,99 m) mais bien campée sur ses roues, avec un empattement de 2,50 m et un coffre de 308 l, dans la moyenne de la catégorie. À bord, quatre vraies places — c'est la philosophie du modèle — et une sensation d'espace honnête à l'avant comme à l'arrière. Un gabarit ramassé qui lui donne une belle aisance naturelle en ville, demi-tour court et capot plongeant aidant.

Contact, position D sur l'original sélecteur de la boîte de vitesse, et la Surf bondit avec un bel enthousiasme. Les 156 ch répondent tout de suite, la pointe de 0 à 100 km/h est annoncée à 9,1 s, ce qui, dans la vraie vie, se traduit par des insertions d'autoroute nettes et des relances rassurantes. Mais on découvre assez vite l'ombre au tableau : la motricité. Sur chaussée humide, à la sortie d'un rond-point ou en épingle serrée, le train avant patine facilement et l'antipatinage s'active comme un surveillant trop zélé. Les pneus en 185/55 R16 de la Comfort n'aident pas à faire passer tout le couple instantané, et l'ensemble préfère le moelleux au mordant. Le 0-100 km/h reste là pour le storytelling, mais au quotidien on règle sa pression sur « zen » et on laisse la Surf faire ce qu'elle fait de mieux : le confort.

Suspensions conciliantes (McPherson à l'avant, essieu semi-rigide à l'arrière), direction légère, filtrage soigneux… c'est une citadine-compacte qui berce plus qu'elle n'aiguillonne. Les amateurs de trajectoires tendues la trouveront vite trop tendre, les autres apprécieront sa douceur de roulage. Dans l'habitacle, BYD sait faire le show. Matériaux correctement ajustés, ambiances travaillées, et surtout un grand écran rotatif de 10,1” qui fait mouche. Ajoutez les caméras 360°, les sièges chauffants, un arsenal d'aides à la conduite très complet, et vous obtenez une proposition perçue comme « premium pour le prix ». Sauf qu'au volant, ce totem central devient parfois… une toise de patience. Ergonomie perfectible : menus touffus, logique de navigation qui change selon les sous-menus, fonctions basiques (clim', aides) trop enfouies. On finit par laisser l'écran tourner en rond tout seul et on se concentre sur la route ; dommage, l'idée est bonne, l'exécution encore brouillonne. Reste que pour qui aime la démo techno et la dotation « all inclusive », difficile d'en avoir autant ailleurs à ce tarif.

Côté énergie, la Blade Battery LFP de 43,2 kWh accepte jusqu'à 11 kW en AC et 85 kW en DC. Dans nos usages européens, comptez environ 30 min de 10 à 80% sur une borne 100 kW bienveillante ; BYD communique 22 min de 30 à 80%, différence classique entre promesse constructeur et moyenne terrain. En autonomie réelle, tablez plutôt sur environ 265 km en usage mixte tempéré, davantage en ville, moins sur autoroute. Autrement dit, c'est une citadine-périurbaine très crédible, qui sait assurer les grands trajets occasionnels au prix de pauses bien gérées.

Reste le chapitre « marché », là où la Surf vient bousculer un trio bien installé. Face à elle, la Citroën ë-C3 joue la carte du prix plancher (dès 19 990 € pour la petite batterie), avec un confort typique et une techno plus minimaliste ; c'est l'école du « juste ce qu'il faut ». En haut, la Renault 5 soigne l'image, la mise au point et l'expérience utilisateur ; elle est globalement plus chère à équipement/perf' comparables — la gamme en France démarre désormais à 24 990 € (version Five petite batterie) et grimpe au-delà de 30 000 € pour les versions plus musclées. Enfin la Fiat Grande Panda arrive avec un positionnement EV annoncé sous les 25 000 € et un style cubique malin ; promesse logique.

Dans ce paysage, la Dolphin Surf Comfort française s'affiche à 25 990 €, et revendique « plus de watts et de gadgets » que la moyenne. Traduction : BYD trace une diagonale entre le pragmatisme Citroën et le sur-mesure Renault, avec un rapport prix/prestations qui vise le KO technique. Si l'on prend un pas de recul, l'initiative s'inscrit dans une stratégie millimétrée : BYD intensifie son offensive européenne, élargit son réseau et multiplie les lancements. La Surf est précisément pensée pour notre continent — gabarit, prestations, tarifs — et capitalise sur l'industrialisation maison batterie-moteur. Les concurrents sont prévenus : le rouleau compresseur n'est plus un fantasme PowerPoint, c'est une réalité qui se mesure en volumes et en parts de marché.