Saga De Tomaso

Quatrième grande marque italienne de GT à côté de Ferrari, Maserati et Lamborghini, ou firme marginale à l’image d’Iso avec laquelle elle partage le statut d’italo-américaine ? A chacun de se faire son opinion.

sommaire :

DE TOMASO Mangusta

Gilles Bonnafous le 21/03/2006

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Alejandro De Tomaso souhaitait construire la Cobra pour Ford et Carroll Shelby. Faute de pouvoir le faire, l’Italo-Argentin sort la Mangusta. La mangouste, ennemie mortelle du cobra…

Dévoilée au salon de Turin 1966, la Mangusta exprime l’ambition d’Alejandro De Tomaso d’accéder au rang de constructeur de GT italiennes à hautes performances pour rejoindre le prestigieux trio Ferrari, Maserati et Lamborghini. Par rapport à la Vallelunga, dotée d’un petit et plébéien quatre cylindres, la Mangusta fait sortir la marque du cercle des petits constructeurs transalpins, comme Moretti ou Siata, pour la faire entrer dans la catégorie supérieure.

DE TOMASO
D.R.
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Le design sublime de la Mangusta jette les projecteurs de l’actualité sur De Tomaso et apporte à la firme la crédibilité qui lui faisait défaut. Grâce à Giorgietto Giugiaro, devenu chef designer Ghia en 1965 et qui entretient une relation de complicité avec Alejandro de Tomaso, la jeune marque entre dans la cour des grands. La ligne épurée et sans concession de la Mangusta en fait la plus belle De Tomaso et l’un des chefs-d’œuvre de Giugiaro.

Tout dans l’esthétique de la Mangusta porte au dithyrambe, sa proue agressive, sa silhouette à couper le souffle, tout comme son spectaculaire arrière fastback doté d’un capot à double ouverture en ailes de papillon. Extraordinairement basse avec 1,10 mètre seulement, elle dépasse à peine la GT 40, qui est pourtant une machine de course. Le revers de la médaille est un habitacle très exigu, ce qui le rend difficilement compatible avec les grands gabarits.

DE TOMASO
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Construite sur un châssis à poutre centrale comparable à celui de la Vallelunga mais renforcé, la Mangusta est propulsée par un V8 Ford de 4,7 litres implanté en position longitudinale. Ce dernier propulse la voiture au-delà de 240 km/h avec le kilomètre départ arrêté couvert en 25 secondes. Très performante, la Mangusta apparaît comme la plus brillante des De Tomaso grâce à ses accélérations, supérieures à celles de la future Pantera. La boîte de vitesses est une ZF à cinq rapports.

La Mangusta reçoit des roues Campagnolo en magnésium (en aluminium sur certains exemplaires) réalisées spécialement pour le modèle. Plus larges à l’arrière (8 pouces) qu’à l’avant (7 pouces), elles sont chaussées de pneus Dunlop (respectivement de 225 et 185).

DE TOMASO
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Par rapport au prototype du salon de Turin, la Mangusta de production subit quelques modifications qui touchent son esthétique. Le toit pour partie en verre est supprimé, ainsi que les caches en plexiglas disposés sur les projecteurs et le bouchon de remplissage rapide du réservoir. Mais la principale concession à la pureté originelle du design concerne le spoiler ajouté à la face avant — un appendice qui s’avère du reste insuffisant à haute vitesse. Quant au tableau de bord groupant tous les cadrans derrière une verrière — dessiné par Tom Tjaarda qui travaille alors avec Giugiaro —, il est abandonné au profit d’un aménagement plus classique.

Le prototype du Salon de Turin
Le prototype du Salon de Turin D.R.
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La Mangusta est diffusée aux Etats-Unis dans une version motorisée par le V8 Ford Windsor de 302 ci (4949 cm3), qui développe 230 ch. Elle y connaît un joli succès puisque 250 voitures (ou 280 selon les sources) y seront vendues. Pourtant la Mangusta ne satisfait en aucune manière les normes de sécurité américaines. Mais elle en est exemptée grâce au « piston » apporté par ses protecteurs d’outre-atlantique ! Elle est commercialisée par Kjell Qvale de British Motor Car Distributors, installé à San Francisco, au prix de 11 500 $, un niveau très inférieur à celui de la Miura. Au total, la Mangusta sera produite jusqu’en 1971 à un peu plus de 400 exemplaires.

DE TOMASO
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En 1967, De Tomaso présente un spider Mangusta dessiné par Giugiaro. Il constitue la réplique au spider Miura réalisé par Lamborghini. Esthétiquement décevant par rapport au coupé, il ne sera jamais produit — pas plus que le spider Miura. Cet exemplaire unique sera vendu à un Grec vivant à Modène.

Mais la Mangusta la plus insolite est certainement celle commandée par William L. Mitchell, le célèbre chef designer et vice-président de la General Motors. Tombé amoureux de la Mangusta au salon de Turin, l’excentrique Bill passa commande à Alejandro à condition que la voiture soit équipée d’un moteur GM. A cette fin, un V8 Chevrolet de 327 ci fut expédié à Modène. Malheureusement, à la réception de la voiture à Detroit, il manquait quelques éléments mécaniques ! Qu’à cela ne tienne, les mécaniciens firent ce qu’il fallait pour terminer la voiture. Mais Bill Mitchell n’était pas au bout de ses peines. Lorsqu’il voulut s’installer au volant, il se rendit compte qu’il lui était impossible de conduire la Mangusta en raison de sa grande taille. Sa tête touchait le rétroviseur ! La voiture fut acquise pour une bouchée de pain par un designer de la GM, qui l’utilisa pour se rendre à son bureau…

Le spider Mangusta
Le spider Mangusta D.R.
Le spider Mangusta
Le spider Mangusta D.R.
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