Essai ALFA ROMEO 159

Jean-François Destin le 20/10/2005

Encore plus attractive que la 156, l'Alfa Romeo 159 fait partie des plus séduisantes berlines que l'on puisse s'offrir.

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Présentation

Comment passer de 160.000 à 300.000 ventes d'ici à l'horizon 2010 tout en devenant un concurrent redouté par BMW et Audi ? Telle est la question cruciale à laquelle tente de répondre Alfa Romeo avec la 159. Quelques mois avant la sortie du magnifique coupé Brera (remplaçant du coupé GTV), la berline 159 succède à une 156 qui, grâce au design inspiré de Walter de Silva a fait renaître Alfa dans le cœur des Alfistes. Aujourd'hui, de Silva étant passé à l'ennemi (il préside au style du groupe Volkswagen), la firme milanaise s'est tournée vers Giorgetto Giugiaro, le talentueux patron d'Ital Design. L'artiste italien a su trouver les lignes d'un style original à la fois racé, élégant et sportif. Et ce malgré des dimensions en forte augmentation.

Pour rouler sur les plates-bandes de BMW, la 159 a vu sa longueur portée à 4.66m. Au point qu'on se demande si elle ne fera pas de l'ombre à la 166, le vaisseau amiral de la gamme appelé lui aussi à grandir.

Architecturé sur un empattement rallongé, la 159 dont l'habitabilité se révèle décevante misera une nouvelle fois sur son panel de moteurs. Avec l'handicap que le V6 si cher aux Alfistes depuis plusieurs décennies a du céder sa place à un 6 cylindres General Motors, en réalité un Holden Australien. Impossible à dépolluer, le vieux V6 aux sonorités envoûtantes n'avait plus aucun avenir et l'investissement dans un nouveau bloc était économiquement inenvisageable. D'ou la greffe contre-nature effectuée dans le droit fil de la coopération technique maintenue entre GM et le groupe Fiat. Délivrant tout de même 260 chevaux, ce V6 3.2l du bout du monde autorise des performances dignes d'une Alfa (240 km/h et 7 secondes pour passer de 0 à 100 km/h).

Ce sommet de gamme appelé à connaître une vraie diffusion aux Etats unis ne sera pas très prisé en France ou l'on s'orientera, un peu, vers les versions essence 4 cylindres mais surtout, hélas, vers les diesel. Alfa France propose ainsi deux variantes 120 et 150 chevaux du 1900 cm3 JTD d'origine Fiat et un 2.4 JTD 5 cylindres de …200 chevaux qui fut notre modèle d'essai. Avec 228 km/h en pointe, un 0 à 100 km/h en 6,8s et une consommation moyenne normalisée de 6,8l, ce moteur, il faut le reconnaître, procure un bon agrément de conduite.

Trop lourde (signe des temps), mais dotée de solides qualités routières, la 159 relève dignement le challenge imposé. Elle est disponible en 17 versions à des prix oscillant entre 28.300 € à 44.500 €.

ALFA ROMEO 159 ALFA ROMEO 159

Design

Encore plus attractive que la 156, la 159 fait partie des plus séduisantes berlines que l'on puisse s'offrir. Le capot en V, la calandre volontairement surdimensionnée et les étroites meurtrières horizontales enchâssant les petits optiques ronds lui donnent une agressivité sportive latente. On remarque aussi la nervure des flancs au dessus des clenches de portières et un arrière très sobre intégrant un becquet à la pointe du couvercle de malle. Enfin, le rapport entre la surface vitrée et les flancs a été calculé pour augmenter la sportivité de la silhouette.

Malgré son allongement, la silhouette de la 159 paraît compacte tout en bénéficiant d'une allure élégante et racée. Une belle réalisation de Giorgetto Giugiaro même s'il ne s'agit que d'une réinterprétation moderne de la 156.

Habitacle

Par manque de moyens, Alfa Romeo n'a pas commandé à Giugiaro un habitacle aussi exclusif. On retrouve ainsi le style cockpit de la 156 avec une console centrale tournée vers le pilote. Alfa s'en sort par une finition et une qualité des matériaux en progrès. Ainsi la plaque d'alu recouvrant la console et l'entourage de la commande de boite. A travers la jante du volant, le conducteur aperçoit des cadrans cerclés d'alu à la fois lisibles et modernes.

Les sièges, recouverts de cuir ont été dessinés pour offrir un bon maintien latéral en conduite sportive. Ils se révèleront également confortables lors des longs parcours. Bref, vous l'avez compris, on se sent bien à bord de la 159 mais pas aussi à l'aise que l'accroissement des dimensions le laissait augurer. C'est surtout vrai à l'arrière ou la position trop droite et le manque de place pour les jambes ne ménageront pas les occupants. Sans parler d'une hauteur sous pavillon pénalisante pour une personne de plus de 1.80m. On se demande pourquoi on n'a pas pu faire bénéficier les occupants des 23 cm supplémentaires (par rapport à la longueur de la 156). La réponse tient dans une capacité du coffre en légère augmentation sans qu'elle fasse référence dans la catégorie. Néanmoins, les dossiers des sièges arrière se rabattent pour embarquer des objets longs.

Châssis

Pour aller se frotter à la meilleure concurrence allemande et notamment à BMW, Alfa a beaucoup travaillé sur les liaisons au sol. Avec à l'avant des leviers transversaux double et à l'arrière un système multibras. On verra plus loin que l'amortissement filtre presque toutes les mauvaises routes tout en apportant un confort correct aux occupants. Le guidage de la voiture s'avère également plus facile qu'au volant de la 156 entre autres, grâce à une direction très directe qui permet de placer la voiture au millimètre.

Les Alfa étant achetés surtout en diesel et par une clientèle pas toujours férue de pilotage, la 159 offre en série tous les systèmes électroniques connus. Citons l'ESP baptisé ici VDC (Véhicle Dynamic Control), l'antipatinage, l'ABS avec le répartiteur et l'aide au freinage d'urgence et le Hill Holder facilitant les démarrages en côte. A noter que tous les modèles disposent d'une touche de désactivation de l'antipatinage et du contrôle de trajectoire.

Côté transmission, seule la version haut de gamme équipée du V6 3.2l de 260 chevaux hérite de quatre roues motrices permanentes (Q4). La répartition dynamique s'effectue sur les quatre roues au travers d'un différentiel central autobloquant Torsen. Envoyant 57% du couple sur les roues arrière et 43% sur les roues avant, il maintient volontairement un effet survireur très prisé par les conducteurs sportifs.

Moteurs

Alfa Romeo n'a pas lésiné pour tenter de compenser le poids élevé de la 159. En essence, les trois blocs proposés disposent tous de la fameuse injection directe JTS (Jet Thrust Stoichiometric). Le client a le choix entre un 1.9l de 160 chevaux, un 2.2l de 185 chevaux et en haut de gamme d'un V6 3.2l qui fait jaser. Pour remplacer le légendaire V6 impossible à dépolluer, Alfa a du accepter d'emprunter à General Motors son V6 3.2l d'origine Holden. Celui de la Cadillac CTS et en version turbo de la Saab 9-3 Sport-Hatch. Il ne démérite pas mais ne fera pas oublier l'agrément de conduite et les sonorités du V6 milanais.

Disponible seulement au début de l'année prochaine, ce V6 australien permet, tout en passant la norme Euro IV de délivrer davantage de puissance (260 ch) et un couple supérieur (322 Nm).

Bénéficiant d'un double variateur de calage à l'admission et à l'échappement pour optimiser le rendement, ce moteur autorise des performances de haut niveau (240 km/h et 7 secondes pour passer de 0 à 100 km/h).

En France, les trois quarts des ventes concerneront les moteurs diesel. En base, on trouve le 1900 cm3 JTD 8 soupapes développant 120 chevaux. Il assure des performances honorables (190 km/h et 11s pour le 0 à 100 km/h) en restant très sobre (5,9l en cycle mixte). Le même JTD 1900 cm3 en version 150 chevaux devrait procurer une vivacité supérieure sans pour autant consommer davantage (6l en cycle mixte). Un bon choix.

Griffe sportive oblige : Alfa a cru bon, même en diesel d'offrir 200 chevaux grâce à un 5 cylindres de 2.4l. La combinaison de l'injection directe et d'un turbo compresseur avec échangeur thermique débouche sur des données flatteuses : 228 km/h en pointe, 8,4s pour le 0 à 100 km/h et 6,8l en consommation mixte.

Sur la route

Sans doute parce son habitacle reprend le design d'ensemble de la 156, la 159 ne dépayse pas. En revanche, dès les premiers kilomètres, les progrès se ressentent viscéralement. La direction directe d'abord qui permet de mieux sentir l'auto et le train avant, la suspension ensuite grâce à des réglages fermes induisant un comportement sain et sans surprise. Contrairement à la Saab 9-3 Sport-Hatch essayée récemment, les effets de couple sur les roues motrices ne se manifestent presque pas même lors de réaccélérations franches.

Comme c'est souvent le cas chez quelques concurrents, Alfa n'a pas exagérément privilégié le confort, préférant répondre aux attentes de sa clientèle sportive par une voiture au châssis rigoureux. Malheureusement, en raison d'un poids trop élevé, la 159 même avec 200 chevaux et un couple appréciable n'affiche pas l'agilité espérée. C'est d'autant plus dommage que le freinage désormais puissant et endurant et la commande de boite ne sont plus critiquables.

Côté insonorisation, Alfa aurait pu mieux faire. Le 5 cylindres diesel d'origine Fiat ne passe pas inaperçu en montées en régime et au ralenti, les vibrations qu'il génère parviennent dans l'habitacle et remonte un peu dans le pédalier et le levier de vitesse. Rien de catastrophique mais surprenant compte tenu de l'effort réalisé par Alfa pour encoconner la mécanique. Fort heureusement, en croisière en 6ème, la signature diesel se fond totalement dans le bruit de l'écoulement de l'air sur la carrosserie.

A lire aussi : les concurrentes

ALFA ROMEO 159 ALFA ROMEO 159

Equipements

2.4l JTD "Selective"

En plus des équipements classiques : 8 airbags y compris genoux conducteur et passager, le MSR (système anti calage du moteur), le pédalier rétractable en cas de choc frontal, la fermeture centralisée des portes à partir de 20 km/h, le capteur de pression des pneus, le capteur de buée, les radars de parking avant et arrière, le démarrage par bouton poussoir, les vitres avant avec isolation phonique (5mm d'épaisseur), les rideaux pare-soleil arrière, la banquette rabattable 2/3 1/3, la climatisation régulée tri-zone avec réglages séparés, les sièges avant chauffants à réglages électriques et mémoire, la sellerie cuir, le volant et pommeau de levier de vitesses gainés de cuir, la console centrale en aluminium, le système audio avec lecteur CD et 8 HP, les commandes radio et téléphone au volant, la double sortie d'échappement et les jantes en alliage de 17 pouces.

À retenir

quoteCette superbe 159 n'aura aucun mal à trouver sa clientèle. Certes Alfa, motoriste légendaire a un peu perdu son âme en empruntant ses mécaniques à Fiat et surtout à Géneral Motors. Les Alfistes seront déçus mais pas forcément fâchés. L'ensemble des qualités routières, le large choix des moteurs et l'agrément de conduite permettront par contre de séduire une clientèle de conquête. Reste que sans un poids très élevé, Alfa aurait pu vraiment rivaliser avec les meilleures concurrentes allemandes. Enfin, Alfa Romeo fait payer bien cher sa nouveauté alors que la finition, en progrès, reste inférieure à celle des produits d'Outre Rhin.
points fortsDesign splendide, comportement routier, direction, freinage, choix de moteurs, trois ans d'entretien gratuit.
points faiblesPoids, habitabilité (compte tenu de l'augmentation des dimensions extérieures), qualité de fabrication, perfectible, insonorisation (diesel).
Les chiffres
Prix 2005 : 36 950 €
Puissance : 200 ch
0 à 100km/h : 8.4s
Conso mixte : 6.8 l/100 km
Emission de CO2 : 179 g/km

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Avis des propriétaires

Commentaires

avatar de bretagne29
bretagne29 a dit le 18-10-2011 à 20:01
bonjour je compte acheter une alfa 159 2,4 200 CH mais en roulant 15 MN je m'apercois que le ventilateur est deja en route normal ????