Le sorcier Abarth

Préparateur-constructeur de grand talent, Carlo Abarth a, pour l'essentiel, lié son destin à Fiat.

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FIAT ABARTH 600

Gilles Bonnafous le 15/06/2003

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Rien de plus italien que les petites bombes Abarth dérivées de la Fiat 600. Elles renvoient à l'époque de la motorisation de masse de l'Italie, quand les voitures de poche se substituent aux motos et side-cars des couches populaires. Extrapolée d'un paisible groupe Fiat, la mécanique basique de la 600 sera exacerbée par la magie du sorcier pour donner naissance à de petites voitures nerveuses et agiles. Qui permettront à de jeunes intrépides de s'adonner avec enthousiasme à un sport très méditerranéen, griller au feu vert des voitures beaucoup plus huppées et mieux dotées en cylindrée.

FIAT ABARTH
D.R
FIAT ABARTH
D.R

Lancée en 1936, la Fiat 500, la célèbre Topolino, apparaît comme la première mini-voiture européenne de grande diffusion, aux proportions parfaitement adaptées à un usage urbain. Produite telle quelle jusqu'en 1948 et relookée en 1949 sous l'appellation 500 C, elle est alors parvenue au terme de son évolution. Aussi son remplacement est-il décidé en 1951. Mais foin des appellations ! Car c'est la 600 qui en assure l'héritage, aussi bien chronologiquement qu'en termes de politique de gamme. Mécaniquement aussi d'ailleurs, puisqu'elle reçoit, comme son ancêtre, un quatre cylindres en ligne à refroidissement liquide. Il s'agit d'un moteur paisible et économique de 633 cm3 développant 22 ch à 4600 tr/mn. Il prend place en porte-à-faux arrière dans une structure monocoque à quatre roues indépendantes. Œuvre du grand Dante Giacosa, ingénieur en chef de Ia marque, la Fiat 600 va grandement contribuer à la démocratisation automobile et à la motorisation de masse de l'Italie.

Présentée au salon de Genève de 1955, la voiture occupe un rôle décisif dans l'histoire Abarth. Déclinée en un grand nombre de variantes, elle va devenir le cheval de bataille de la firme, et c'est à elle que Carlo Abarth doit la dimension vraiment industrielle de son entreprise. Si elle est sa première berline transformée, la Fiat 600 est aussi à la base de toutes les berlinettes Abarth 750, 850 et 1000. Abarth comprend le parti qu'il peut tirer du moteur de la petite Fiat, dont il va augmenter les cotes, changeant arbre à cames, pistons, soupapes et bien sur l'échappement. Les performances seront sans cesse améliorées et, à chaque étape du développement, quelques chevaux supplémentaires seront grattés grâce à de nouvelles sophistications mécaniques.

La première étape de la transformation de la Fiat 600 est la 750. Pour porter la cylindrée à 747 cm3, on a joué à la fois sur l'alésage et la course qui passent de 60 x 56 millimètres à 61 x 64 mm. Avec un taux de compression augmenté (9 à 1) et l'adoption d'un carburateur Weber de 32, la puissance passe à 42 ch à 5500 tr/mn. La carrosserie originelle reste inchangée et seul le logo Abarth permet d'identifier la voiture. A l'intérieur, un compte-tours Jaeger au tableau de bord et le scorpion trônant sur la commande d'avertisseur singularisent le véhicule. Premier modèle de grande diffusion à être amélioré, la 750 connaît un vif succès auprès des amateurs peu fortunés désireux d'obtenir une voiture sportive et agile à un prix abordable. Elle conquerra même certaines bourgeoises soucieuses de se distinguer du gros du peloton. Au début des années soixante, apparaît une version plus affûtée appelée MM, dont la puissance atteint 47 ch.

850 TC
850 TC D.R
850 TC Corsa
850 TC Corsa D.R

Un accord est passé avec Fiat qui livre à Abarth des voitures dépourvues des éléments constituant la base de la transformation : vilebrequin, carburateurs, freins avant, échappement, etc. Les choses se corsent nettement en 1961 avec le lancement de la 850 TC. Le moteur gagne 100 cm3 (847 cm3, 62,5 x 69 millimètres) et la puissance dix chevaux (52 ch). La voiture atteint maintenant les 140 km/h. Plusieurs rapports de pont sont disponibles et une boîte de vitesses à cinq rapports est proposée en option. La 850 TC va donner naissance à plusieurs variantes plus musclées, la 850 TC Nürburgring à la suspension surbaissée (55 ch et 150 km/h) et la méchante 850 TC Nürburgring Corsa (64 ch à 7000 tr/mn et 165 km/h).

De la 850 TC on passe bientôt à la 1000 Berlina, dévoilée au salon de Turin de 1962. Moins pointue que la 850 TC Nürburgring, la nouveau-née vise un usage moins exclusif sinon plus quotidien, son 982 cm3 ne développant " que " 60 ch pour 155 km/h. Fidèle à sa politique, Carlo Abarth ne tarde pas à proposer une très violente version destinée à la compétition, la 1000 Berlina Corsa, dont les 70 ch (170 km/h) seront portés en 1965 à 78 ch à 7400 tr/mn. La bombe flirte alors avec les 180 km/h ! Les deux modèles 850 et 1000 s'illustreront sur de nombreux circuits européens, remportant divers challenges en catégorie tourisme.

850 TC et 1000 Corsa à Monza, 1966
850 TC et 1000 Corsa à Monza, 1966 D.R

Avec l'année 1966 naissent deux nouveaux modèles extrêmement pointus, la 850 TC Corsa (70 ch à pas moins de 8000 tr/mn et 175 km/h) et la 1000 Berlina Corsa, qui développe maintenant 80 ch (185 km/h). On a affaire là à de vraies machines de course, aisément reconnaissables à leur monstrueux appendice antérieur, siège du radiateur d'huile, et qui seront des terreurs sur les circuits. Trois ans plus tard, leur puissance sera encore accrue : 76 ch pour la 850 TC Corsa et 85 ch pour la 1000 Berlina Corsa.

1000 Berlina Corsa 1965
1000 Berlina Corsa 1965 D.R
1000 Berlina Corsa 1964
1000 Berlina Corsa 1964 D.R

L'année suivante, la gamme se voit adjoindre la TCR 1000 ou 1000 Berlina Corsa Radiale, une bête de compétition homologuée en groupe 5 ne développe pas moins de 100 ch à 8000 tr/mn - soit la bagatelle de 100 ch au litre… La voiture reçoit une culasse spéciale à chambre de combustion polysphérique avec soupapes en V. Gavé par deux carburateurs de 40, la légère gazelle (poids inférieur à 600 kilos) touche le cap symbolique des 200 km/h ! Lancé à cette vitesse sur une telle machine, la préoccupation principale est de rester sur la piste… Elle saura le faire puisqu'elle remportera, en 1967, la première place de la classe des moins d'un litre dans le Challenge Européen des voitures de tourisme.

En guise de point d'orgue et pour la dernière année de production de la Fiat 600, retirée en 1969, la culasse radiale équipe le moteur de la 850 TC Corsa, également baptisée Radiale (93 ch et 190 km/h).

Maublanc et Roussin vainqueurs du rallye du Var en 1966 sur 1000 Berlina Corsa
Maublanc et Roussin vainqueurs du rallye du Var en 1966 sur 1000 Berlina Corsa D.R
1000 Berlina Corsa victorieuse de sa classe aux 6 Heures du Nürburgring 1968
1000 Berlina Corsa victorieuse de sa classe aux 6 Heures du Nürburgring 1968 D.R
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