Le centenaire du Grand Prix de France

Créé en 1906, le Grand Prix de l'Automobile Club de France (ACF) est le doyen des Grand Prix automobiles.

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Histoire : Historique du Grand Prix de France

Gilles Bonnafous le 21/07/2006

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Créé en 1906, le Grand Prix de l'Automobile Club de France (ACF) est le doyen des Grand Prix automobiles. Il se déroule pour la première fois sur un circuit de 103 kilomètres, près du Mans, les 26 et 27 juin 1906. Trente-deux voitures sont au départ, invitées à parcourir 1240 kilomètres en deux jours. Rapidement, la Renault type AK de Ferenc Szisz, un Hongrois de 32 ans, prend une avance qui sera impossible à ses adversaires de combler. Chronométrée en pointe à 148 km/h, la voiture va réaliser la moyenne de 101 km/h. Elle triomphe devant la FIAT de Felipe Nazzaro et la Clément-Bayard du jeune Clément. Au cours de l’épreuve, qui a vu de très nombreuses crevaisons, la Renault a été fortement avantagée par une innovation décisive, la jante amovible Michelin dont elle était équipée, tout comme la Fiat de Nazzaro — une jante montée en moins de deux minutes contre une dizaine pour une roue standard. L’année suivante, Nazzaro prendra sa revanche en l’emportant devant Szisz.

Philippe Etancelin en 1930 à Pau sur Bugatti
Philippe Etancelin en 1930 à Pau sur Bugatti FFSA / ACF
Lyon, 1924
Lyon, 1924 FFSA / ACF

Szisz a débuté sa carrière comme mécanicien de Louis Renault dans les célèbres courses organisées de ville à ville au début du siècle. Disputées sur routes ouvertes, ces compétitions ont été arrêtées en 1903 à la suite des accidents survenus dans le Paris-Madrid, où Marcel Renault, le frère de Louis, a trouvé la mort. Une tragédie qui a entraîné la décision de Louis de ne plus prendre le volant, le laissant à Ferenc Szisz.

A la veille du déclenchement de la Première Guerre mondiale et moins d’une semaine après l’attentat de Sarajevo, le Grand Prix de l’ACF, disputé le 4 juillet 1914 sur le circuit de Lyon, est le théâtre d’une victoire historique de Mercedes et d’une cuisante humiliation française. Cinq voitures d’un type nouveau ont été engagées, motorisées par un quatre cylindres à quatre soupapes de 115 ch, qui les entraîne à 180 km/h. Alors que le public s’attendait à la victoire d’une Delage ou d’une Peugeot, Stuttgart réalise le triplé.

Après le premier cataclysme mondial, le Grand Prix de l’ACF ne reprend qu’en 1921. Il est remporté par l’Américain Jimmy Murphy sur une Duesenberg, devant deux Ballot. L’année suivante, à Strasbourg, Bugatti venu en voisin est battu par Felipe Nazzaro, qui l’emporte pour la deuxième fois sur une Fiat. En 1923, le Grand Prix se court près de Tours, où apparaît pour la première fois le tank Bugatti, qui s’illustre dans un duel avec les Voisin aérodynamiques. L’épreuve est également marquée par la présence de la nouvelle Delage douze cylindres, mais la victoire revient finalement au britannique Henry Segrave sur Sunbeam.

L’Alfa Romeo P2 domine largement le Grand Prix de 1924, mais lors de l'édition 1925, disputée sur l’autodrome de Montlhéry, Antonio Ascari se tue alors qu'il menait la course. Alfa Romeo retire ses voitures en signe de deuil, laissant la victoire à Delage. En 1927, Delage remportera un succès indiscutable avec sa 8 cylindres 1500 cm3 à compresseur pilotée par Robert Benoist.

Fangio et Gonzales sur Maserati à Reims en 1953
Fangio et Gonzales sur Maserati à Reims en 1953 FFSA / ACF
Peter Collins, Stirling Moss et Jean Behra
Peter Collins, Stirling Moss et Jean Behra FFSA / ACF

Nouvelle victoire française en 1931 avec la Bugatti de Chiron et Varzi, qui se relaient pendant les dix heures que dure la course. Un an après, l'Alfa Romeo P3, pilotée par le grand Tazio Nuvolari, remporte le premier Grand Prix auquel elle prend part. Encore un triomphe italien en 1933 : la Maserati de Campari gagne devant cinq Alfa Romeo.

Dans le milieu des années 30, les Grands Prix deviennent une affaire allemande avec la bataille de titans que se livrent les Flèches d’argent Mercedes et Auto Union soutenues et financées par le régime nazi. En 1934, le public français découvre les surpuissantes Mercedes W 25 et Auto Union V16 pilotées par Caracciola, von Brauchitsch, Fagioli et Stuck. En 1935, rien ne résiste aux Mercedes et Rudi Caracciola l'emporte devant Manfred von Brauchitsch : une demi-seconde les sépare à l'arrivée !


FFSA / ACF
Une Ferrari sur le circuit Rouen-Les Essarts
Une Ferrari sur le circuit Rouen-Les Essarts FFSA / ACF

Devant la domination des voitures allemandes et l’impossibilité pour les marques françaises de faire face, l'ACF décide de faire courir les éditions 1936 et 1937 du Grand Prix de l’ACF en Formule Sport, catégorie délaissée outre-Rhin. Mais, pour les deux années qui précèdent la guerre, l'ACF accueille à nouveau les monoplaces. Les écuries allemandes se partagent alors les lauriers sur le rapide circuit de Reims : Mercedes en 1938 avec von Brauchitsch et Auto Union avec Hermann Müller l’année suivante.

L’année 1950 marque la création du Championnat du Monde de Formule 1. A l’exception de 1955 (drame du Mans), le Grand Prix de l’ACF, qui deviendra Grand Prix de France en 1968, se tiendra chaque année. Les Alfetta s'avèrent imbattables au début de la décennie avec Fangio et Fagioli. Après le retrait d’Alfa Romeo, Ferrari prend le relais en 1952 avec Alberto Ascari, puis avec Mike Hawthorn, qui bat Fangio (Maserati) sur la ligne d'arrivée au terme d’un duel d’anthologie. L’Argentin prend sa revanche l’année suivante à Reims au volant de l’impressionnante Mercedes W196 carénée. Il récidivera en 1957 sur la Maserati 250 F.

J. Brabham à Reims
J. Brabham à Reims FFSA / ACF
L. Bandini sur Ferrari en 1964 à Reims
L. Bandini sur Ferrari en 1964 à Reims FFSA / ACF

La décennie 60 débute avec le succès de Jack Brabham sur Cooper, tandis qu’en 1962, à Rouen, Porsche et Dan Gurney connaissent ensemble leur premier succès en Grand Prix. Le grand Jim Clark s’imposera sur Lotus en 1963 et 1965. Matra ne connaîtra les lauriers du Grand Prix de France qu’une seule fois en 1969 (Jackie Stewart).

Il faudra attendre dix ans pour revoir une voiture française s’adjuger le Grand Prix national. En 1979, Jean-Pierre Jabouille donne à la Renault Turbo sa première victoire en Formule 1. La course est célèbre pour la lutte spectaculaire qui a opposé René Arnoux à Gilles Villeneuve pour la deuxième place. C’est également au Grand Prix de France qu’Alain Prost remporte sa première victoire en Grand Prix en 1981. Il montera encore cinq fois sur la plus haute marche du podium (sur Renault, McLaren, Ferrari et Williams-Renault). A ce jour, le recordman des victoires est Michael Schumacher (8), devant Alain Prost (6), Juan-Manuel Fangio et Nigel Mansel (4). A contrario, Stirling Moss n’a jamais remporté le Grand Prix de France.

Tony Brooks vainqueur du GP de l'ACF à Reims en 1959
Tony Brooks vainqueur du GP de l'ACF à Reims en 1959 FFSA / ACF
Fangio sur Ferrari Lancia en 1956
Fangio sur Ferrari Lancia en 1956 FFSA / ACF
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