La Manufacture de Dresde

Inaugurée le 11 décembre 2001, la Manufacture de Dresde est dédiée à la fabrication de la Volkswagen Phaeton.

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L'usine à rêves

Vincent Desmonts le 16/12/2003

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Seul l’observateur attentif remarquera que nous nous trouvons sur le territoire de l’ancienne Allemagne de l’Est. Certes, le parc automobile est moins luxueux que celui de Munich ou Stuttgart, et les monuments historiques attendent encore un coup de plumeau pour les débarrasser de la suie qui les recouvre. Mais l’aérogare est très design, le centre-ville fourmille de « petites boutiques avec de gros prix » (pour reprendre la pittoresque expression de notre guide) et le centre historique possède quelques trésors d’architecture. Des trésors qui se seraient perdus si les habitants ne les avaient pas défendu bec et ongles face à des apparatchiks qui auraient bien volontiers édifié leur ville idéale sur les décombres de la « Florence de l’Elbe ». Ils sont comme ça, les Dresdois : fiers des joyaux de leur ville.


D.R

Et depuis peu, ils ont un nouvel édifice dont ils sont très fiers, en plus des multiples églises, de l’opéra, et des galeries d’art. A côté du Grosser Garten, un vaste jardin public, se dresse un bâtiment imposant, tout de verre et d’acier. Le fait d’y entrer ne suffit pas à lever immédiatement le voile sur son utilité. Est-ce un théâtre, un studio de design, un musée… ou bien une usine ? Difficile de trancher : la Manufacture Transparente est un peu tout ça !

« Manufacture » : le terme fleure bon l’Ancien Régime, les Gobelins, Sèvres… l’artisanat d’art ! Le terme est incontestablement bien choisi, à mi-chemin entre l’exclusivité de la pièce unique et le tout-venant des produits industriels. Quant à la transparence, l’architecture du bâtiment parle d’elle-même : le verre est partout, tant sur les façades que dans les bureaux ou sur les chaînes de montage.


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La Manufacture est destinée à marquer les esprits. Quelle est donc cette usine qui renferme un élégant restaurant (au nom à consonance française : « Lesage »), un bar qui ne déparerait pas dans une boîte de nuit à la mode et un simulateur de conduite à rendre jaloux un pilote d’Air France ? A-t-on déjà vu un centre de production dont les chaînes d’assemblage sont recouvertes de parquet et les couloirs parsemés de pots de fleurs ? Non, jamais. Cette débauche de luxe, d’opulence, de raffinement doit faire oublier que la voiture fabriquée ici porte le même blason qu’une Golf. Qu’on se le dise : la Phaeton est une voiture à part, assemblée dans une usine à part !


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Pour s’offrir cette icône industrielle, le groupe Volkswagen n’a pas lésiné sur le chèque (186,62 millions d’euros), ni sur les technologies de fabrication. Les pièces sont délivrées dans un centre logistique situé à l’extérieur de la ville, puis acheminées jusqu’à la Manufacture par des tramways à marchandises spécifiques. Toutes les pièces « lourdes » (moteurs, carrosseries) sont fabriquées dans d’autres usines du groupe, afin de préserver l’atmosphère feutrée de la Manufacture. Sur le convoyeur recouvert de parquet, des tables élévatrices supportent les voitures en cours d’assemblage. Des chariots automatisés se chargent de transporter dans un silence de cathédrale les armoires contenant les pièces détachées. Une fois l’assemblage et les tests de routine terminés, les Phaeton prêtes sont stockées dans la grande tour de verre de 40 m de haut qui flanque le bâtiment.


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ertains clients – principalement des Allemands – viennent prendre possession de leur limousine directement à l’usine, avec visite guidée et déjeuner à la clé. D’autres s’y rendent au moment de la commande, pour choisir sur échantillons les peausseries et boiseries qu’ils désirent. Mais la Manufacture est ouverte à tous, et nombreux sont les Dresdois qui viennent en famille découvrir l’étonnant bâtiment, conduire (en simulateur !) une Phaeton ou simplement prendre un café.


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En ce sens, le contrat est rempli : la Manufacture Transparente fabrique du rêve. Encore faut-il que cela se sache au-delà des limites de Dresde ! Car pour l’instant, faute de demande suffisante, les ouvriers de l’usine ne sont pas frappés par le stress : seules 30 à 40 Phaeton quittent les chaînes chaque jour, alors que la Manufacture est censée pouvoir en produire jusqu’à 150 quotidiennement. En attendant un coup d’accélérateur sur les ventes, la Manufacture fait briller ses parquets et lustre ses vitres, sert de palais d’apparat pour les grandes réunions du groupe… Voire de succursale de l’opéra de Dresde, comme ce fut le cas lors des inondations de 2002, lorsqu’une douzaine de représentations eurent lieu dans les murs de la Manufacture. Preuve supplémentaire, s’il en était, que les Dresdois sont fiers de leur « usine à rêves ».

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