Essai PORSCHE Cayenne restylé (2023)

L'histoire de Porsche aurait sans doute pris un tournant très différent sans le Cayenne, arrivé en 2002 dans la gamme du constructeur allemand. Décrié par les puristes mais immédiatement plébiscité par la clientèle partout dans le monde, le premier modèle familial et polyvalent de la marque de Zuffenhausen s'est vite imposé comme son poulain le plus rentable et un véritable sauveur pour Porsche, alors en proie à des difficultés financières liées à son périmètre restreint aux pures sportives. Le succès du Cayenne a totalement changé la stratégie de Porsche (et des marques concurrentes), qui commercialise désormais avant tous des modèles familiaux de large diffusion en plus de ses voitures de sport. Mais après un peu plus de vingt ans d'existence, ce Cayenne fait face à un marché automobile mondial désormais tourné vers l'électrification. Dès 2026, il cohabitera avec un tout nouveau SUV à zéro émission qui chapeautera la gamme au-dessus du Macan électrique attendu l'année prochaine. Porsche estime que 80% de ses ventes en 2030 ne concerneront plus que des modèles électriques et le Cayenne restylé que vous avez sous les yeux aura d'ici là disparu avec sa motorisation thermique.

Alors, quoi de neuf sur la version restylée du Cayenne de troisième génération lancée en 2018 ? Rien que du grand classique et de quoi s'adapter à l'évolution des normes. Très ressemblant à la précédente mouture, il adopte des optiques plus carrées à la signature différente qui peuvent s'équiper en option du nouveau système HD Matrix de Porsche pour un éclairage nocturne idéal (à 2 274€ tout de même).

Les modifications intérieures se remarquent davantage avec une planche de bord remaniée et inspirée de celle de la berline Taycan électrique. On y retrouve un combiné d'instrumentation épuré, un nouvel écran tactile central et en option, un troisième écran devant le passager pour le distraire (1 374€). La belle qualité de finition se conforme avec les standards de Porsche mais la politique d'option aussi, hélas : il n'est vraiment pas difficile d'approcher les 50 000€ d'options pour disposer de tous ses équipements préférés et personnaliser un peu l'intérieur et l'extérieur !

Les nouveautés les plus importantes concernent la mécanique et plus précisément la version hybride rechargeable E-Hybrid, celle qui couvre désormais la quasi-totalité des commandes chez nous car elle évite totalement le malus écologique. Anticipant l'arrivée des normes Euro7 plus exigeantes, l'engin conserve son V6 bi-turbo de 3,0 litres mais remplace ses anciennes batteries de 17,9 kWh par des accumulateurs de 25,9 kWh. Alimentant en électricité un moteur électrique désormais fort de 176 chevaux contre 136 précédemment, cette mécanique électrique permet au Cayenne E-Hybrid de développer 470 chevaux en puissance cumulée mais surtout de parcourir jusqu'à 90 km en mode électrique d'après la norme de mesure officielle (traditionnellement optimiste en la matière).

Volant en main, on se sent tout de suite au volant d'une Porsche avec une direction plus lourde que chez Mercedes ou BMW. Malgré la présence de l'amortissement pneumatique optionnel (2 280€) et d'une technologie de ressort plus sophistiquée que jamais, le Cayenne E-Hybrid conserve en permanence une fermeté latente sans jamais aller jusqu'à l'extrême douceur (voire la mollesse) d'un Range Rover. La contrepartie de cette fermeté réside dans sa tenue de caisse impeccable et son comportement dynamique vraiment sportif, certes aidé en cela par toutes les options dynamiques de notre modèle d'essai (roues arrière directrices à 1 716€, PDCC à 3 300€…).

Les performances en ligne droite sont d'un bon niveau sans faire tourner la tête (0 à 100 km/h en 4,9 secondes, rappelons que la bête pèse 2 425 kg…) et le V6 chante bien (merci à l'échappement Sport facturé 2 868€ !). Tellement bien que la version Cayenne S également essayée, équipée d'un V8 bi-turbo de 474 chevaux marginalement plus performant avec pourtant 190 kg de moins sous la balance, ne nous a pas paru plus excitante à conduire avec son moteur à la sonorité étouffée. Précisons que les conditions d'essai étaient mauvaises avec des routes autrichiennes gorgées d'eau et bourrées de camions. Dommage car quelle que soit la version, ce Cayenne montre un appétit vorace pour la conduite sportive dès qu'un enchaînement de virages se présente. Côté consommation, on lit 9l/100 km derrière le volant du E-Hybrid et plus de 17 l/100 km aux commandes du Cayenne S V8 après un trajet montagneux en plein Tyrol autrichien.

Au lancement, ce Porsche Cayenne restylé coûtera 91 350€ dans sa version de base (V6 353 chevaux), 105 712€ dans sa version hybride (V6 470 chevaux) et 109 933€ dans sa variante S désormais équipée d'un V8 de 474 chevaux. Mais avec un malus écologique de 50 000€ pour les deux modèles thermiques contre aucun malus pour la version hybride rechargeable, vous n'hésiterez probablement pas longtemps surtout que cette dernière n'a pas du tout à rougir au registre des performances et du plaisir de conduire.

Des versions plus puissantes (GTS et Turbo S E-Hybrid très probablement) rejoindront bientôt le catalogue mais en attendant, le Cayenne offre toujours ce toucher de route et ces sensations de conduite plus sportives que chez ses concurrents de chez Mercedes, BMW, Audi, Land Rover ou Volvo. A vous de voir si vous tenez à ce surplus de dynamisme, qui ne coule pas forcément de source sur un gros SUV familial. Rappelons enfin que la version « Coupé » du Cayenne, qui forme désormais la majorité des ventes grâce à sa silhouette allégée, coûte entre 3 000 et 5000€ de plus à motorisation égale.