Essai MERCEDES G580 Electrique
Walid Bouarab le 21/07/2025
Peu de modèles peuvent se vanter d'incarner à eux seuls l'idée du 4x4 de luxe. Depuis plus de quarante ans, le Mercedes Classe G traverse les époques, fidèle à sa silhouette cubique et à ses capacités de franchissement hors normes. Son passage à l'électrique, est-ce une bonne idée ?
L'icône se met au courant
Visuellement, Mercedes n'a pris aucun risque. Le G580 reprend trait pour trait la ligne massive de ses prédécesseurs : capot plat, vitres droites, phares ronds, porte battante arrière. Les connaisseurs noteront tout de même une calandre fermée et un module de rangement des câbles de recharge en lieu et place de la roue de secours. L'habitacle, lui, conjugue robustesse et raffinement : sellerie cuir tendue avec précision, inserts bois ou carbone, double dalle numérique pour instrumentation et multimédia. On est bien dans un Classe G moderne.
Mais à la mise en route, pas de V8 grondant : seulement un silence presque déconcertant. Sous la carrosserie, Mercedes a profondément revu l'architecture sans abandonner son châssis échelle. La batterie de 116 kWh occupe le plancher, protégée par un blindage en aluminium et composites de 86 mm d'épaisseur. Résultat : une masse totale de 3 050 kg, soit l'équivalent d'un minibus. Les quatre moteurs électriques, un par roue, développent ensemble 587 ch et 1 164 Nm, avec une gestion indépendante du couple sur chaque roue. L'autonomie officielle est de 473 km WLTP, mais l'expérience révèle un autre visage : 380 km sur route à allure régulière, moins de 300 km en tout-terrain exigeant. La recharge rapide à 200 kW permet de regagner 10 à 80 % en une trentaine de minutes, mais encore faut-il trouver une borne capable d'accueillir ce mastodonte.
Sur route, le G580 fascine et déçoit à la fois. Fascine par son silence : rouler à 130 km/h dans un Classe G sans aucun grondement mécanique est une expérience étrange, presque apaisante. Déçoit par sa masse : malgré un 0 à 100 km/h en 4,7 s, on sent constamment les trois tonnes, que ce soit au freinage ou dans les changements d'appui. La direction, lente et peu communicative, accentue cette sensation de lourdeur. Dans les enchaînements, le roulis est marqué et la précision n'a rien d'un SUV moderne plus dynamique. En revanche, la suspension préserve un confort étonnant, et la régénération paramétrable permet de moduler le style de conduite. Reste que l'on n'échappe pas au paradoxe : le G580 sait accélérer comme une sportive, mais se comporte comme un poids lourd en courbe. Rien d'étonnant cependant, vu la philosophie du modèle. Surtout, il ne faut pas oublier les énormes progrès réalisés par cette seconde génération.
Capacités tout-terrain préservées
C'est hors bitume que l'électrique dévoile ses atouts. La gestion indépendante des quatre moteurs fait des merveilles : le G580 grimpe, franchit et se sort de situations complexes avec une facilité désarmante. Plus besoin de jongler avec les blocages de différentiels : l'électronique anticipe et distribue le couple instantanément. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 250 mm de garde au sol, 850 mm de profondeur de gué, angles d'attaque et de sortie de 32° et 35°. Même en croisement de pont, le G580 progresse là où un thermique patinerait. La fonction « G-Turn », qui lui permet de pivoter sur lui-même comme un char d'assaut, amuse les spectateurs et s'avère utile dans un chemin étroit.
Mais là encore, tout n'est pas parfait : les suspensions peinent parfois à contenir la masse en descente raide, et l'inertie se ressent fortement quand le terrain devient cassant. Surtout, l'autonomie chute drastiquement : une journée d'off-road peut vider la batterie bien plus vite qu'un réservoir de diesel. Le silence en pleine nature, lui, reste une expérience inédite, presque troublante : on entend les pierres qui craquent sous les pneus, les branches qui frottent contre la carrosserie, sans aucune mécanique en fond sonore.
La question de la pertinence s'impose alors. Un 4x4 de plus de 3 tonnes, électrique, vendu à partir de 180 000 € et largement au-delà avec options, peut-il être considéré comme une réponse aux défis actuels de la mobilité ? Objectivement, non. Son autonomie reste limitée, son poids est rédhibitoire pour l'efficacité énergétique et sa taille le rend peu adapté à la circulation urbaine. Mais là n'est pas son rôle. Le G580 vise une clientèle ultra privilégiée, pour qui le Classe G n'est pas un outil mais un objet de prestige, un symbole. Dans cette logique, il fonctionne : il conserve l'aura du modèle tout en offrant un visage tourné vers l'avenir. Reste un goût partagé après l'essai. Oui, le G580 est bluffant par son confort, son silence et ses capacités en tout-terrain. Oui, il est fascinant de voir un monument automobile entrer dans l'ère électrique avec autant de soin technique. Mais non, il n'est ni rationnel ni universel. C'est une vitrine, une déclaration de style, un produit destiné à quelques milliers de clients dans le monde. Pour eux, il incarne la continuité d'une légende, sans compromis sur le luxe ni sur le caractère. Pour le reste, il symbolise aussi les contradictions de notre époque : électrifier à tout prix, quitte à fabriquer des véhicules de trois tonnes qui consomment leurs batteries en une matinée de franchissement.
Le Mercedes G580 réussit son pari en tant qu'icône réinventée, mais il laisse une interrogation : un mythe doit-il se plier à l'air du temps, ou peut-il rester fidèle à lui-même ? Mercedes a choisi la première option. Et force est de constater que, malgré ses défauts criants, ce G électrique a suffisamment de charisme et de capacités pour rester fidèle à une devise vieille de quarante ans : le G ne recule devant rien.
À retenir



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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation
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