Essai MAZDA CX-80 PHEV
Walid Bouarab le 16/08/2025
Sur le papier et visuellement, il n'a pas grand-chose à envier aux références établies. Mais le grand CX-80 ne peut pas se contenter de faire tourner les têtes. Il faut désormais convaincre.
L'alternative crédible ?
Long de 4,99 m pour 1,89 m de large et 1,71 m de haut, le CX-80 affiche une silhouette statutaire mais sobre. Le design Kodo, cher à Mazda, privilégie l'élégance discrète plutôt que l'agressivité. Capot long, flancs sculptés, phares affinés : le style n'est pas spectaculaire mais raffiné, presque premium dans sa sobriété. À bord, l'impression se confirme. L'habitacle respire la qualité avec des matériaux valorisants : cuir Nappa, inserts en bois ou en aluminium selon les finitions, assemblages soignés. La planche de bord, plus horizontale que verticale, mise sur la clarté et évite la surenchère d'écrans. L'instrumentation numérique est couplée à un écran central de 12,3 pouces piloté par une molette, choix atypique mais qui limite les distractions. L'espace est généreux, notamment à la deuxième rangée, et la troisième banquette, sans être royale, peut accueillir deux adultes sur de courts trajets. Le coffre, avec plus de 700 litres en configuration cinq places, répond aux besoins d'une grande famille.
Sous le capot, le CX-80 reprend la motorisation hybride rechargeable déjà vue sur le CX-60. On retrouve un 4-cylindres 2,5 l essence atmosphérique couplé à un moteur électrique de 129 kW, pour une puissance cumulée de 327 ch et un couple de 500 Nm. La batterie de 17,8 kWh autorise jusqu'à 60 km d'autonomie en tout électrique selon le cycle WLTP. La recharge s'effectue à 7,2 kW en courant alternatif, soit environ 2h30 pour une charge complète. Pas de recharge rapide en DC : un manque face à certains concurrents, même si ce type de technologie reste rare sur les hybrides rechargeables. La transmission intégrale est assurée par un système électrique sur l'essieu arrière, complétant le moteur thermique à l'avant.
Agréable à regarder, et à mener
Au volant, ce Mazda CX-80 se distingue par une philosophie bien japonaise : privilégier le confort et la fluidité plutôt que la sportivité. En mode électrique, le SUV se montre agréable et silencieux en ville. Les 60 km annoncés se traduisent en pratique par 40 à 45 km réels, suffisants pour la plupart des trajets quotidiens. Le basculement vers l'hybride se fait en douceur, même si le moteur 2,5 l, lorsqu'il est fortement sollicité, manque de raffinement acoustique : il monte dans les tours avec une sonorité assez banale, loin des standards premium. Les performances sont pourtant correctes : 0 à 100 km/h en 6,8 s, reprises franches, et un confort de croisière impeccable sur autoroute. La suspension, à double triangulation à l'avant et multibras à l'arrière, filtre bien les irrégularités et maintient un bon compromis entre confort et tenue de route. Le CX-80 n'a pas l'agilité d'un BMW X5, mais il se montre stable et rassurant. La direction, douce et précise, contribue à ce sentiment de sérénité. On regrette en revanche une boîte automatique à 8 rapports parfois lente à réagir, surtout en conduite dynamique, où les changements de rapport manquent de rapidité. Globalement, le CX-80 invite davantage à une conduite coulée qu'à un rythme soutenu.
Côté consommation, l'hybride rechargeable tient ses promesses sur les premiers kilomètres. Batterie pleine, on peut parcourir ses trajets quotidiens avec moins de 2 l/100 km en usage mixte. Batterie vide, en revanche, la donne change : le poids (près de 2 200 kg) se fait sentir, et la consommation grimpe rapidement autour de 8-9 l/100 km sur autoroute. Le bénéfice réel dépendra donc fortement de la discipline de recharge des utilisateurs.
La question de la pertinence s'impose : pourquoi choisir un Mazda CX-80 PHEV plutôt qu'un concurrent européen bien établi ? Sur le papier, le japonais propose un rapport prix/prestations intéressant. Avec un tarif d'entrée autour de 62 000 € (et près de 75 000 € pour une version haut de gamme), il reste sensiblement moins cher qu'un Audi Q7 TFSI e ou qu'un Volvo XC90 Recharge. L'équipement de série est généreux : sellerie cuir, sièges chauffants et ventilés, toit panoramique, aides à la conduite avancées. En revanche, il lui manque un argument fort pour séduire les amateurs de premium : pas de réseau haut de gamme comme chez les Allemands, pas d'image statutaire comparable, et une motorisation qui, bien que puissante, n'offre pas le raffinement mécanique des 6-cylindres allemands.
Le CX-80 n'est donc pas une révolution, mais une alternative pragmatique. Pour une famille cherchant un grand SUV confortable, bien équipé, capable de rouler au quotidien en électrique sur de courts trajets, il fait parfaitement sens. Mais pour qui recherche le prestige, la sportivité ou la technologie de pointe, l'Allemand garde une longueur d'avance. Mazda mise sur une approche honnête : de la qualité, du confort, une hybridation pertinente, mais sans artifices. Le CX-80 PHEV est un excellent compagnon de route, spacieux, confortable et sobre à condition d'être rechargé régulièrement. Mais il n'a pas la magie d'un grand premium européen, ni la modernité d'un coréen ultra-technologique. C'est une proposition sérieuse, rationnelle, presque sage. Et peut-être est-ce justement ce qui lui manque : un peu d'audace pour véritablement bousculer les standards établis.
À retenir



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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation
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