Avignon Motor Festival 2008

ASTON MARTIN Ulster 1934

Gilles Bonnafous le 03/04/2008

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Construite comme les voitures du Mans 1934, l'Aston Martin Ulster de Jehan de Penfentenyo est une voiture est unique en son genre.

Ulster, l’Aston Martin 1500 cm3 de Jehan de Penfentenyo ? Pas si simple ! En fait, cette voiture est unique en son genre.

Si les spécialistes de la prestigieuse marque britannique la rangent dans la série des Ulster, cette machine possède une histoire très particulière. Elle a été construite en même temps que les trois voitures fabriquées pour les 24 Heures du Mans de 1934, et exactement aux mêmes caractéristiques. Car l’amateur qui l’a commandée à l’usine la voulait strictement identique aux Aston du Mans (châssis CA 403 S). Comme des dernières donc, elle a subi une cure d’allègement : châssis perforé, ainsi que les tambours de freins, et éléments réalisés en aluminium.

Après l’échec subi par la marque en 1934 sur la piste mancelle, les voitures d’usine, qui ont toutes abandonné, rentrent en Angleterre. On les prépare pour le Tourist Trophy, couru dans l’Ulster, où aucune modification mécanique par rapport aux modèles de production n’est admise par le règlement (par contre, les carrosseries peuvent recevoir des caisses en pointe). Pour satisfaire le règlement du Tourist Trophy, les voitures sont déshabillées, les châssis déposés et les organes allégés sont remplacés par des composants identiques aux voitures de production.

ASTON MARTIN Ulster 1934 ASTON MARTIN Ulster 1934

Ayant été accidentée peu avant la guerre, la voiture, qui appartient aujourd’hui à Jehan de Penfentenyo, revient à l’usine pour y être réparée. Mais au lieu de procéder à la réparation, Aston Martin change son châssis en lui greffant l’un des trois châssis (le LM 12) des voitures du Mans 1934, qui étaient restés pendus dans un atelier. Construite à l’identique des voitures du Mans 1934, la voiture a ainsi reçu postérieurement un châssis ayant couru les 24 Heures. Elle est la seule Ulster — si l’on retient cette appellation — dotée d’un châssis allégé et perforé. Elle est néanmoins répertoriée par les spécialistes de la firme parmi les 23 Ulster construites, dont la plupart sont parvenues jusqu’à nos jours, la majorité se trouvant au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.

Cette Ulster à nulle autre pareille possède la poupe tulipée caractéristique des Aston Martin du Mans 1934, qui les rend aisément reconnaissables. Une forme particulière due à la présence de la roue de secours dans la queue de la voiture. Elle est également équipée des ailes moto très enveloppantes spécifiques aux machines du Mans 1934 (les Ulster classiques sont différentes). Autre particularité, le tableau de bord reçoit un gros manomètre de pression d’huile (course d’endurance).

Aux mains de son premier propriétaire, un officier, la voiture court, notamment à Brooklands. Elle est ensuite achetée par un autre militaire, qui, se plaignant de l’absence de coffre à bagages, transforme la partie arrière de l’Aston, occupée, il est vrai, par le réservoir d’essence et la roue de secours à laquelle on accède en soulevant la queue. Le réservoir est déplacé pour placer les bagages, tandis que l’extrémité de la queue est enlevée. La roue de secours est disposée à l’avant droit.

Ayant à nouveau changé de mains au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la voiture voit sa pointe reconstruite, mais à la manière des Bugatti. Ce n’est que dans les années soixante qu’elle sera restaurée conformément à l’origine. Elle part ensuite dans une collection japonaise, avant d’être acquise il y a une dizaine d’années par Jehan de Penfentenyo à Rétromobile chez Bruno Vendiesse.

Rapidement, Jehan se rend en Grande-Bretagne, où il rencontre les spécialistes des Aston Martin d’avant guerre. Ces derniers lui révèlent l’originalité de la voiture et lui donnent un dossier complet sur la machine — il croyait jusqu’alors, comme Bruno Vendiesse, qu’il s’agissait d’une Mk II recarrossée à la manière d’une Ulster.

Ravi de son acquisition, Jehan prend un grand plaisir au volant de son Aston Martin. Endurante et dotée d’une bonne tenue de route, elle bénéficie d’un freinage efficace (les freins en aluminium sont surdimensionnés). Elle se révèle toutefois assez lourde (une tonne) et manque d’agilité dans les courses de côte — pour lesquelles elle n’a pas été conçue. Jehan s’est rendu à Avignon par la route depuis la région parisienne.

Le quatre cylindres de 1,5 litre à arbre à cames en tête unique développait à l’époque de 80 ch à 90 ch. Aujourd’hui, on dépasse les 100 ch grâce aux préparations modernes (160 km/h). La lubrification est assurée par carter sec, le circuit de 13 litres d’huile concourant au refroidissement du moteur. Voiture d’endurance, l’Aston reçoit de nombreux éléments doublés par précaution. Ainsi, elle possède deux circuits d’eau indépendants, l’un dans le bloc, l’autre dans la culasse, et un double circuit électrique : à titre d’exemple, un bouton commande le phare droit et un autre celui de gauche. Un tel dispositif permettait, en cas d’arrachage d’une aile, ce qui était fréquent au Mans, de mettre hors circuit le réseau défectueux.

ASTON MARTIN Ulster 1934 ASTON MARTIN Ulster 1934

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