Interview de Didier Maitret

Didier Maitret, Président de la filiale BMW Group en France, répond aux questions qui se posent à propos de la surpuissante M5 dévoilée à Paris dans sa version définitive.

Motorlegend : Dans un contexte où l’automobile est mise au banc des accusés notamment en matière de rejets polluants et de vitesse excessive, est-il raisonnable de proposer une berline de 500 chevaux comme la M5 ?

Didier Maitret : La Stratégie de BMW n’est pas centrée uniquement sur la France où comme chacun sait une campagne a été initiée par le Président de la République depuis 2 ans pour réduire le nombre de victimes sur la route. Nous nous félicitons de l’efficacité de cette campagne d’autant que BMW n’en a absolument pas souffert. En France, la M5 va trouver preneurs parmi quelques afficionados mais par contre sa diffusion sera plus importante dans d’autres pays comme l’Angleterre où il y a moins d’agressivité, des mœurs apaisées et beaucoup de passionnés de voitures performantes. Pour le groupe BMW, il est important de continuer à innover et à produire ces voitures «image» dotées d’une très haute technologie qui, tôt ou tard, équipera des versions moins puissantes.

ML : N’est-il pas dommage de vendre une M5 à un acheteur qui, à moins de louer un circuit, ne profitera jamais de ses performances ?

D.M : On peut considérez que 80% des voitures vendues en France dépassent 180 km/h alors que la loi limite la vitesse à 130 km/h sur autoroute. La puissance assure un couple et des reprises qui permettent de se sortir de difficultés dans le trafic et encore une fois, la M5 constitue chez nous une vitrine de savoir-faire, même si, et vous n’avez pas tort, les performances sont à peine utilisables sur routes ouvertes.

ML : BMW par l’intermédiaire de sa division Motorsport investit constamment pour développer des moteurs de plus en plus «musclés». Consacre t-on chez vous autant d’argent pour réduire la consommation et la pollution ?

D.M : En marge de la M5, nous présentons au Mondial un nouveau diesel doté de deux turbo, un petit et un plus gros qui autorise un couple et une puissance raisonnable tout en réduisant consommation et pollution. En même temps, nous mettons actuellement en vente une BMW Série 1 de taille modeste et peu gourmande en essence mais qui possède toutes les qualités BMW au niveau du confort et des qualités routières. Récemment, toutes les Série 5 diesel ont été pourvues d’un filtre à particules nouvelle génération qui ne nécessite aucun entretien durant la vie du véhicule. Enfin le prototype à hydrogène exposé à Paris a battu un record en dépassant les 300 km/h. Une vitesse qui ne rime à rien sur le papier mais démontre le travail effectué par nos ingénieurs sur cette énergie propre d’après-demain.

ML : Chaque fois que BMW renouvelle la M5, sa puissance augmente de 100 chevaux. Considérez-vous qu’il s’agit d’une sommet ou va t-on aller encore plus loin, ne serait ce que pour continuer à rivaliser avec Audi, Mercedes, Porsche et quelques autres ?

D.M : Considérant que quelques constructeurs concurrents poursuivent cette escalade, je serai tenté de dire oui, sans doute, nous irons plus loin. Où se situe la limite ? Les marchés, les clients et les circonstances dicteront notre attitude. Dans cette affaire, je vous citerai l’exemple de la dernière Série 7 V12. En élaborant son cahier des charges en 2002, les ingénieurs souhaitaient battre un record de puissance. Le directoire a refusé en exigeant par contre que le nouveau 12 cylindres consomme moins, soit moins polluant tout en offrant de meilleures reprises et un agrément de conduite accru. Nous avons accepté de ne plus être les leaders en performances. Un bon choix car la 760 a connu un succès mondial.