Tout savoir sur l'E85

Voulu comme une alternative plus écologique et plus économique aux Super et Gasoil, l’E85, ou Bio-éthanol, recommence à faire parler de lui après une tentative ratée de s’imposer il y a une dizaine d’années. Mais que se cache réellement derrière les discours lobbyistes ?

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Parlons argent

Cédric Morançais le 10/07/2019

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Jamain

En roulant à l’E85, on fait vraiment des économies ? En date du 9 juillet 2019, le SP95-E10 vaut, en moyenne, 1,489 €, contre 0,679 € pour l’E85. Même en tenant compte de la légère surconsommation inhérente (+ 7% en moyenne) à l’utilisation de ce dernier, le jeu en vaut la chandelle. Ainsi, une auto qui consomme 7 l/100 km aura un coût carburant de 10,42 € tous les 100 km. En utilisant du bio-éthanol, sa consommation passera à 7,5 l/100 km, mais le budget E85 ne sera que de 5,09 € aux 100 km. Avec un kit acheté 1 000 €, l’amortissement ne nécessitera que 18 762 km.

Comment être certain que le prix du E85 ne grimpera pas subitement ? Le Gouvernement a établi une feuille de route concernant la taxation du carburant qui court jusqu’en 2023. Selon cette dernière, l’impact sur l’E85 sera minime (+ 0,05 € dans le pire des cas). Au-delà, augmenter fortement les taxes sur ce carburant n’aurait aucun sens, et serait même contradictoire avec les objectifs de réduction de la pollution routière.

Rouler au E85 est-il source d’autres économies ? Dans tous les cas de figure, convertir sa voiture au bio-éthanol permet d’obtenir un « rabais » de 40 % sur ses émissions de CO2 homologuées, ce qui permet, dans la plupart des cas, de supprimer totalement le malus écologique, soit jusqu’à plusieurs milliers d’Euros gagnés à l’achat. En complément, les régions Grand Est, Hauts de France et Provence Alpes Côte d’Azur offrent une prime comprise entre 250 et 300 € à l’installation d’un kit E85. Hormis les régions Centre Val de Loire et les départements d’Outre-mer, toutes les collectivités offrent un rabais significatif sur le prix de la carte grise. Il est de 50 % en Bretagne et en Picardie, et de 100 % partout ailleurs.

A la revente, la présence d’un kit flexfuel n’est-il pas un handicap ? Le marché des véhicules E85 est encore très marginal, il est donc difficile de se prononcer. En tout état de cause, il n’y a aucune raison pour qu’une voiture dotée d’un système légal permettant de diviser son budget carburant par deux trouve difficilement preneur. D’autant que la présence d’une telle installation n’a pas, d’après les premiers retours de possesseurs, d’influence néfaste sur la fiabilité. Dans le pire des cas, cette conversion n’est en rien définitive : il est tout à fait possible de faire démonter ce kit par un professionnel et de récupérer une carte grise « essence ».

Question subsidiaire : affame-t-on le monde en roulant au E85 ? C’est une vieille croyance qui est aujourd’hui sans fondement. D’une part, parce que l’E85 utilisé dans l’Hexagone, et qui y est presque totalement produit (ce qui permet de limiter les rejets de CO2 liés au transport), utilise des déchets végétaux, c’est-à-dire des plantes ou des parties de plante impropres à la consommation humaine. D’autre part, parce qu’une infime partie des surfaces agricoles françaises (moins de 1%) est utilisée pour la production de bio-éthanol.

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