Semi-conducteurs : une crise qui va durer

C’est une autre crise qui a cours depuis le début de l’année. Mais celle-ci ne touche que ceux qui s’intéressent de près au monde de l’automobile... ou qui sont en attente de leur voiture neuve. Mauvaise nouvelle, certains spécialistes du secteur prédisent qu’elle va se poursuivre encore pas mal de temps. Et pas question de compter sur un vaccin pour s’en sortir.

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Petite histoire d’une grosse crise

Cédric Morançais le 14/09/2021

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L’une des origines de la crise actuelle tient en deux mots : flux tendu. Initié, dans le secteur automobile, durant les années 1970, ce process vise à ne se faire livrer les éléments nécessaires à la fabrication d’une voiture au dernier moment, l’intérêt pour les constructeurs étant de ne pas avoir à supporter les coûts engendrés par le stockage. Naturellement, cela impose d’être parfaitement sûr de la chaine d’approvisionnement. Une pièce manquante peut, en effet, mettre à l’arrêt une usine entière ou conduire à des situations ubuesques. Ainsi, il y’a quelques dizaines d’années, un fabricant d’électro-ménager avait livré plusieurs milliers de fours sans leur porte, promettant aux clients médusés de venir leur installer cet élément primordial le plus rapidement possible. Si le choix du flux tendu a des conséquences très positives en termes de coût de fabrication, et donc de prix de vente, il est très dépendant des imprévus, tels qu’une catastrophe naturelle, un incendie ou… une pandémie. La Covid-19 est, en effet, la cause principale du manque actuel de semi-conducteurs.

Les constructeurs automobiles s’engagent généralement sur leurs achats de composants plusieurs années à l’avance. Début 2020, avec l’arrivée de la Covid, qui a entrainé une chute des ventes et l’arrêt de nombreuses usines d’assemblage pour cause de confinement, la plupart des marques sont revenues sur leurs engagement initiaux auprès de leurs fournisseurs. Jusque-là, rien que de très courant puisque les contrats signés prévoient ce genre de modification. Mais, alors que l’industrie automobile mondiale voyait ses ventes chuter, d’autres produits, eux aussi fortement consommateurs de semi-conducteurs, voyaient leurs ventes exploser. Les fabricants de matériels électroniques grand public (smartphones, informatique, audiovisuel…) ont donc compensé, pour les fabricants de puces, le manque à gagner dû à la baisse des commandes du secteur automobile. Voire davantage puisque, d’une part, il semble que la production mondiale de semi-conducteurs, toujours partiellement impactée par la crise sanitaire qui continue à entrainer l’arrêt temporaire de certaines usines, ne suffise pas à répondre à la demande. Le mécanisme capitalistique de base s’est alors mis en marche : plus de demande que d’offre entraine une hausse des prix. D’autant que, depuis la fin de l’année 2020, les constructeurs automobiles augmentent également leurs demandes. Ainsi, selon certaines sources, le prix de certains composants aurait été multiplié par cinq, voire par dix. Certes, nous ne parlons ici que d’éléments valant généralement une poignée d’euros. Absorber un tel surcoût n’est donc pas un problème pour les géants de l’électronique dont les marges sont plus que confortables. Mais difficile pour un constructeur automobile de suivre le rythme de la hausse des tarifs.

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