Retour au 90 km/h : une bonne idée ?

Depuis la mise en application de la limitation de vitesse à 80 km/h sur le réseau secondaire, la majorité des automobilistes ainsi que certains élus réclament un retour au ‘’bon vieux’’ 90. Les voilà entendus, même si cette marche arrière n’est que partielle.

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Quels changements au quotidien ?

Cédric Morançais le 07/05/2020

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Combien de fois vous êtes-vous déjà demandé quelle était la vitesse maximale autorisée sur le tronçon que vous êtes en train d’emprunter ? En ajoutant une possibilité supplémentaire, il sera encore plus difficile de s’y retrouver. Le piège est double : soit vous vous ferez ‘’pousser’’ par les autres automobilistes parce que vous roulez à 80 sur une route à 90, soit vous vous ferez verbalisé car vous serez à 90 au lieu de 80. Cerise sur le gâteau, on imagine mal que la situation concernant la signalisation, déjà catastrophique, va s’améliorer.

La signalisation va d’ailleurs devenir une autre source de tracas, financière cette fois-ci. Faudra-t-il préciser la limitation de vitesse en vigueur sur chaque tronçon, ce qui est très loin d’être le cas aujourd’hui ? Dans ce cas, les coûts seraient largement supérieurs à ceux d’ores et déjà annoncés, qui vont de 50 000 € pour le département des Deux-Sèvres à plus de 500 000 € pour la Seine-et-Marne. Des montants qui ne tiennent compte que de la réinstallation de panneaux 90 sur les axes concernés. Sachant que le coût d’un panneau, pose incluse, oscille entre 200 et 250 €, la facture pour couvrir entièrement le territoire serait faramineuse… et à la charge des départements.

Quant aux détracteurs du retour à l’ancienne limitation de vitesse, ils mettent en avant deux arguments majeurs. Le premier concerne la pollution. En effet, sur un axe où les relances sont peu fréquentes, plus une voiture va vite, plus, en théorie, elle consomme et, donc, plus elle émet de rejets polluants. Pas si simple, en réalité, car les niveaux de consommation et de pollution dépendent du régime moteur. Ainsi, une auto qui circule à 80 en 5ème à 2 500 tr/mn polluera plus qu’une autre roulant à 90 en 6ème à 2 000 tr/mn. Les constructeurs eux-mêmes reconnaissent d’ailleurs que l’étagement de leurs boites de vitesses manuelles est surtout optimisé pour rouler entre 90 et 100 km/h, ce qui correspond à la majorité des limitations de vitesses sur le réseau secondaire des différents pays européens. Les transmissions automatiques sont moins concernées par ce problème car elles n’hésiteront pas, contrairement à un conducteur, à passer le rapport supérieur dès que possible quitte à rétrograder immédiatement si le besoin de puissance se fait sentir (dépassement, faux-plat…).

Le second argument est le plus épineux, puisqu’il concerne la sécurité routière. Toutes les associations de victimes de la route ne manquent de prédire une hécatombe sur les axes repassant au 90 km/h. Aucun élément tangible ne permet d’aller dans ce sens… ou dans l’autre. En effet, l’amélioration constante du niveau de sécurité des voitures pourraient compenser la hausse du risque causé par l’augmentation de la vitesse (à données constantes, plus la vitesse est élevée, plus la gravité des blessures occasionnées lors d’un accident le sont). Malheureusement, seul le temps répondra à cette question et il est naturellement à souhaiter que le nombre de victimes de la route continue à baisser. Pour parvenir à ce résultat, plusieurs points devraient déjà être mis en œuvre car leur efficacité n’est pas à prouver : améliorer fortement la qualité des infrastructures routières, intensifier la chasse aux conducteurs roulant sous l’emprise de l’alcool ou de drogues et permettre plus facilement aux Français d’accéder à des voitures plus récentes, et donc plus sûres, ne pourra que permettre de sauver des vies.

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