Retour au 90 km/h : une bonne idée ?

Depuis la mise en application de la limitation de vitesse à 80 km/h sur le réseau secondaire, la majorité des automobilistes ainsi que certains élus réclament un retour au ‘’bon vieux’’ 90. Les voilà entendus, même si cette marche arrière n’est que partielle.

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Le 80 a-t-il vraiment été bénéfique ?

Cédric Morançais le 07/05/2020

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C’est indéniable : depuis 2017, dernière année complète où le 90 km/h était de rigueur sur les axes départementaux, la mortalité routière a baissé en France. De 3 684 décès cette année-là, nous sommes passés à 3 239 l’an dernier, soit -12%. Sur la période 2005-2017, sous l’ère du 90 donc, ce bilan avait déjà baissé de plus d’un tiers. Proportionnellement, la baisse parait donc plus forte mais, en se penchant de près sur la période allant de l’instauration du 80 km/h (1er juillet 2018) au 31 décembre 2019, certains évènements, tels que le mouvement des Gilets Jaunes, peuvent également expliquer ces données car on enregistre sur cette période une baisse de la circulation. L’épisode sanitaire actuel le démontre : moins de voitures sur les routes, c’est automatiquement moins d’accidents et moins de morts. Début 2019, le Ministère de l’Intérieur se félicitait néanmoins que sur les 140 morts en moins constatés, hors agglomération et hors autoroute, en 2017 et 2018, 127 étaient relevés sur le 2nd semestre, c’est-à-dire une fois le 80 km/h instauré. Pour appuyer son argumentaire, il précise également qu’il y a eu relâchement en novembre et décembre 2018. Un phénomène mis sur le compte des opérations de neutralisations quasi-généralisées des radars automatiques. En clair, si les Français ne craignent pas de sanctions, ils seraient prêts à prendre plus de risque sur les routes. Sauf que, en novembre 2018, le nombre de morts sur les routes hexagonales était inférieur de 1,8% à celui du même mois de l’année précédente. Septembre de cette même année produit même un contre-exemple ‘’idéal’’ avec une hausse de 8,8%.

En fait, l’utilisation (manipulation ?) de ces chiffres fait fi de nombreux critères extérieurs. On l’a vu, une baisse de la circulation correspond à une baisse de l’accidentologie. A l’inverse, une météo clémente entraine quasi-systématiquement une augmentation du nombre de victimes, et principalement des utilisateurs de deux roues. Autre point qui semble négligé par les autorités, l’amélioration du niveau de sécurité du parc automobile. Chaque année, une part croissante des voitures qui circulent en France sont ainsi équipées de l’ABS, de l’ESP, d’airbags et de toute une panoplie d’aides à la conduite : c’est le ‘’jeu’’ normal entre l’arrivée de voitures neuves et la mise au rebut de modèles plus anciens. Sans oublier, qu’en cas d’accident, les voitures protègent de mieux en mieux leurs occupants.

Il était prévu que le 30 juin prochain, ce qui est officiellement une expérimentation prendra fin. Le Gouvernement a promis qu’un bilan serait fait de ces deux ans à 80 afin de déterminer s’il faut revenir au 90 km/h sur l’ensemble du réseau concerné ou pas. Les chiffres étant, heureusement, meilleurs, il parait inimaginable que marche arrière soit faite.

Au final, il est impossible de ne pas se réjouir de la baisse du nombre de morts sur les routes. Le problème, c’est qu’en attribuant tout le mérite au passage à 80 km/h, nos dirigeants ne cherchent pas quels sont les autres moyens de continuer à améliorer ce triste bilan.

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