Diesel bientôt interdit en ville : faut-il y croire ?

Les véhicules diesel boutés hors de nos cités, c’est le rêve de nombreux politiques et de tous les écologistes. Mais un tel scénario peut-il réellement se produire à court terme ? Pas si sûr.

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Pas de craintes à court terme

Cédric Morançais le 29/10/2018

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Corentin Béchade

Si l’interdiction des diesel les plus anciens est déjà une réalité pour nombre de villes, venir complètement à bout de ces véhicules sera une tâche beaucoup plus ardue. L’exemple de Hambourg, première ville allemande à avoir voulu interdire le diesel sur certains de ses axes, en est la parfaite illustration. Tout d’abord, et contrairement à ce qu’avaient laissé croire les dirigeants de la ville dans un premier temps, seule une partie minime de la ville est concernée : deux rues dont la longueur totale dépasse à peine les 2 km. Moins d’un résident de Hambourg sur 1 000 habite sur ces axes, sachant qu’eux-mêmes bénéficient d’une exemption de se plier à cette règle, tout comme les véhicules de livraison et de secours. De plus, et là encore cela va en contradiction avec les premières déclarations, ne sont concernés que les diesel répondant aux normes Euro 4 ou antérieures. Visiblement, cette mesure a davantage été prise pour faire plaisir aux édiles de l’Union Européenne (Hambourg est régulièrement pointée du doigt par Bruxelles à cause de son niveau de pollution trop élevé, principalement dû au port) que pour avoir une réelle efficacité. Il semble évident que de nombreuses autres équipes municipales, en Allemagne ou ailleurs en Europe, feront, elles aussi, le choix de proposer des interdictions mesurées pour ne pas se mettre trop de leurs électeurs à dos.

La question des normes anti-pollution est également cruciale. Aujourd’hui, les catalogues de la plupart des constructeurs proposent des versions diesel qui répondent aux exigences Euro 6d-Temp, le protocole d’homologation en vigueur. Nombre de juristes, y compris une partie de ceux appartenant aux autorités européennes, considèrent qu’il sera légalement impossible de limiter ou de prohiber la circulation de véhicules qui répondent à des normes toujours en vigueur. Il semble que certains écologistes voudraient mettre en avant la dangerosité sanitaire de ces véhicules pour pouvoir les faire interdire dans des zones à forte concentration de population. Mais, dans ce cas, ne faudrait-il pas aussi interdire les autres véhicules thermiques, à priori tout aussi préjudiciable à la santé ?

Le courage politique est également une donnée à ne pas négliger dans la mise en place de ces décisions d’interdiction. Ne plus permettre à une part importante du parc automobile (plus de 60 % en France) de pouvoir circuler librement aurait forcément des conséquences sur les propriétaires concernés. Leurs autos deviendraient beaucoup plus difficile, voire impossible, à revendre et les pertes financières seraient très importantes pour chacun d’entre eux. Alors que la hausse des prix du carburant dans l’Hexagone fait déjà monter la grogne depuis plusieurs semaines, mettre virtuellement au rebut une part importante des automobiles françaises aurait des airs de suicide politique.

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