Louis Vuitton Classic 2003

Pour sa seizième édition, le célèbre concours d'élégance quittait la pelouse du Parc de Bagatelle pour le domaine national de Saint-Cloud.

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JAGUAR XK SS de Steve McQueen

Gilles Bonnafous le 06/09/2003

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Venue spécialement de Californie pour le Louis Vuitton Classic, la Jaguar XK SS, qui fit partie de la collection de Steve McQueen, était l'une des stars de la manifestation. Et pas seulement pour son riche historique. La XK SS fut en son temps l'une des plus performantes automobiles commercialisées : 250 km/h et le 0 à 100 km/h abattu en 5,5 secondes, des chiffres époustouflants pour l'époque.

Version routière de la Jaguar Type D, par trois fois victorieuse aux 24 Heures du Mans (de 1955 à 1957), la XK SS a été fabriquée pendant un mois et demi (janvier/février 1957) à seize exemplaires seulement (deux exemplaires supplémentaires seront transformés en 1958 à partir de Types D). Originellement motorisée par le six cylindres XK 3,4 litres de la Type D gavé par trois carburateurs Weber, la XK SS reçoit la boîte de vitesses Jaguar à rapports courts (" close ratio "), qui lui vaut ses brillantes accélérations. Plus légère que la Type C construite sur un châssis, elle doit son rapport poids-puissance très favorable (900 kilos) à sa structure monocoque. Quant à la formidable efficacité de son freinage, atout maître de Jaguar en compétition, elle est à mettre au crédit de ses quatre disques Dunlop - par ailleurs assez complexes en raison du nombre élevé de pistons.

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La XK SS reprend la carrosserie à nez court (" short nose ") de la Type D, mais légèrement retouchée par Malcolm Sayer lui-même et dotée des équipements indispensables à une utilisation routière. Ainsi, la voiture reçoit un vrai pare-brise bombé, des petites portes équipées de volets non coulissants, une capote, des pare-chocs en forme de moustache qui préfigurent ceux de la Type E, un porte-bagages, des clignotants et quelques accessoires chromés (dont un jonc ceinturant le carénage des phares). L'appuie-tête et la dérive de la Type D ont également disparu, ainsi que la séparation pilote-passager de l'habitacle, lequel bénéficie d'une sellerie en cuir. Une roue de secours prend place à l'arrière dans un logement ceinturé par le pare-chocs. Fixées par un papillon central, les roues Dunlop en magnésium de seize pouces sentent bon la piste. Tout comme le bouchon de réservoir situé dans l'habitacle, ce qui suppose de décapoter pour faire le plein ! Sans parler du refoulement éventuel du carburant sur les effets des passagers…

La XK SS présentée au Parc de Saint-Cloud fut acquise neuve aux Etats-Unis par un passionné de voitures de sport nommé Peterson. Deux ans plus tard, ce dernier la cède à une vedette de la télévision américaine de l'époque, Richard Layton, un Californien de Los Angeles. C'est lui qui la revendra à Steve McQueen. A l'époque, l'acteur, qui n'est pas encore la star qu'il sera plus tard, prend part non sans succès à des compétitions, aussi bien au volant de voitures de course (notamment Lotus 11 et Porsche Spyder 550) qu'au guidon de motos. Mais bientôt, les studios vont lui interdire par contrat cette activité en raison des risques encourus.

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C'est alors que Steve McQueen acquiert la XK SS pour exprimer sa passion du pilotage, mais cette fois sur route ouverte ! A son volant, il conduit à des vitesses folles dans Los Angeles, récoltant de nombreuses contraventions et quelques retraits de permis ! Chaque matin, il dévale à toute allure les virages de Mulholland Drive, une célèbre rue de la ville où il réside, pour se rendre aux studios… Authentique passionné et féru de mécanique, Steve McQueen aime mettre les mains dans le moteur. Il fait également repeindre la voiture en vert foncé (british racing green), en lieu et place de la couleur voyante qu'elle arborait précédemment. En 1967, cédant à un " deal " intéressant, il vend la Jaguar, mais, pris de remords, il la rachète deux ans plus tard. Il la gardera dans sa collection jusqu'à sa mort en 1980.

Après la disparition de l'acteur, la XK SS est vendue aux enchères à Las Vegas avec ses autres voitures : Corvette, Porsche 356 Speedster et coupé, Ferrari, Chevrolet 1957, etc., ainsi que quelques véhicules utilitaires comme un pick-up Chevrolet de 1954. Richard Freshman, un collectionneur connu de Los Angeles, qui possède une entreprise de restauration dédiée aux Ferrari, s'en porte acquéreur. La voiture part alors en restauration en Angleterre. C'est là que son moteur sera réalésé et porté à 3,8 litres, comme beaucoup de XK SS - d'après son propriétaire actuel, sa puissance avoisinerait les 325 ch.

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Après être demeurée douze ans dans la collection de Richard Freshman, la XK SS est acquise en 1996 par le Petersen Museum de Los Angeles. Elle constitue aujourd'hui l'une des attractions de ce musée, qui expose de l'ordre de 120 véhicules. Elle trône dans la " Hollywood Gallery ", un espace consacré aux voitures ayant tourné pour le cinéma, comme la Batmobile et Herbie (la Coccinelle de Walt Disney), ainsi qu'à des modèles ayant appartenu à des stars du septième art, à l'image de la Lincoln de Jane Mansfield.

Richard G. Messer, le Directeur du Petersen Museum, ne tarit pas d'éloges sur son XK SS. Il se plait à en vanter le parfait fonctionnement, le couple généreux, ainsi que le confort. Mais, ajoute-t-il, il est impossible de la conduire à vitesse modérée… La voiture reçoit de nombreuses offres de riches passionnés, mais elle n'est pas à vendre. Du moins pour l'instant, car, aux Etats-Unis, tout est négociable…

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