Essai BMW M5

Vincent Desmonts le 07/05/2018

Berline sportive par excellence, la BMW M5 F90 s'est réinventée, en adoptant notamment la transmission intégrale. Une victoire du politiquement correct sur le « plaisir de conduire » ? Pas si vite !

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La nouvelle référence

Youpi, l'hiver est fini : le beau temps s'est finalement installé sur la France ! Du moins, c'est ce que je croyais. Car ce matin, c'est la fête à la grenouille dans la campagne nivernaise : ça pleut, ça mouille au circuit de Magny-Cours ! Pour ne rien arranger, le verglas d'été est parachevé par les nombreux dépôts de gomme laissés sur la piste F1 par les courses d'endurance du week-end dernier. « On préfère vous prévenir : ça glisse beaucoup ! » annonce d'emblée le responsable des moniteurs qui nous accompagneront aujourd'hui. Pas grave, ce n'est pas comme si on allait essayer une berline de 600 ch... ! Avec la précédente BMW M5, surpuissante propulsion, l'épreuve serait probablement terrifiante. Mais cette nouvelle BMW M5 F90 possède un atout dans sa manche : c'est la première berline M à disposer de quatre roues motrices ! J'entends déjà les puristes hurler au sacrilège : « une BMW M se doit d'être une propulsion ! Si je veux du Quattro je vais chez Audi »... Alors, en premier lieu, rappelons aux grincheux que la division M a déjà à son catalogue des modèles xDrive depuis pas mal d'années, sous la forme des X5 et X6 M. Ensuite, cette transmission intégrale a été spécifiquement conçue pour la BMW M5 F90. Elle s'appelle d'ailleurs « M xDrive » et propose trois modes de fonctionnement principaux : 4WD, 4WD Sport et 2WD. Oui, vous avez bien lu, comme la récente Mercedes-AMG E 63, cette M5 est capable de fonctionner comme une vraie propulsion ! Rassurés, les puristes avec un logo M tatoué sur l'épaule ?

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Rassurante...

En ce qui me concerne, j'ai beau apprécier les « propus » comme à peu près tout amateur de bagnoles, je suis quand même bien content d'avoir la transmission intégrale, car Magny-Cours est effectivement glissant comme jamais ! Ça dérape devant, ça dérape derrière. Ça dérive au braquage, à la remise des gaz. Ça gigote même lorsque je plante les freins avec les roues biens droites ! Les premiers tours se font donc avec prudence et circonspection... et en mode 4WD normal. Dans ces conditions, la M5 donne l'impression de vous prendre par la main, avec une petite tape rassurante sur l'épaule : « ne t'inquiète pas, ça va bien se passer », semble-t-elle nous susurrer à l'oreille. Vraiment ? Dans le long droite d'Estoril, il faut être patient avant de remettre les gaz, car l'inertie de la bête est palpable (1 855 kg à vide). Mais la direction, transparente, laisse bien ressentir le grip disponible. À la sortie, on s'enhardit et on lâche les watts ! Les 600 ch délivrés par le V8 4.4 biturbo revu et modernisé font que l'on arrive très vite au freinage de l'épingle d'Adelaïde. Dans les enchaînements du Nürburgring ou d'Imola, la BMW M5 F90 se montre prévisible et progressive dans ses réactions. Alors on s'enhardit, et l'on bascule en mode 4WD Sport, ce qui a aussi pour effet de retarder les interventions de l'ESP (M Dynamic Mode ou MDM). Dans ces réglages, la transmission M xDrive renvoie davantage de couple aux train arrière, et le système tolère un peu plus de patinage des roues.

...et exaltante !

Une révélation ! L'auto devient alors épatante, à la fois joueuse et rassurante, avec un essieu arrière qui glisse à la demande et une grande progressivité dans les réactions. On se surprend à entamer de jolies dérives, voire à les entretenir grâce à l'intelligence du différentiel arrière piloté. Tellement gratifiant ! Magny-Cours sous la pluie avec 600 ch ? Un régal, même pour un « pilote » aussi peu expérimenté que moi ! Le reste est au diapason. Adieu la boîte à double embrayage, remplacée par la toujours épatante ZF à 8 rapports. La nouvelle transmission propose trois lois de changement de vitesses, et se montre aussi douce en usage normal que virile en mode sportif, avec un bon à-coup à chaque passage de rapport. Le freinage carbone-céramique optionnel (8 900 €) est facile à doser et ultra-endurant. On imagine que rares seront les propriétaires à emmener leur M5 sur circuit, mais s'ils le font, ils ne seront pas déçus.

Vitesses inavouables

Sur la route non plus, ils ne seront pas déçus. Car les qualités observées sur le circuit y sont encore plus flagrantes. À commencer par les performances dans le monde réel, qui sont carrément d'un autre univers ! Car si la BMW M5 sait aller vite sur le bitume parfaitement nivelé d'un circuit, elle sait aussi aller très, très vite sur le macadam plus irrégulier d'une route secondaire. L'amortissement piloté parfaitement bien calibré encaisse sans sourciller trous et bosses, en en répercutant le moins possible aux passagers et en préservant la tenue de cap. Du coup, on atteint rapidement et en toute décontraction des vitesses inavouables : le paysage vous saute littéralement au visage ! D'autant que la pluie a enfin cessé et que le bitume sèche. Dans ces conditions, le mode 4WD Sport est fascinant d'efficacité. On sent véritablement l'auto à la fois poussée par son train arrière et tractée par l'avant, sans la moindre once de sous-virage, bien au contraire : le postérieur enroule à la demande. Par acquis de conscience, je tente le mode 2WD, qui impose de déconnecter toutes les aides électroniques, mais je me ravise rapidement. En effet, avec son couple de camion (750 Nm dès 1 800 tr/min!), la M5 n'a alors qu'une seule envie : laisser l'arrière passer devant. On réservera donc ce mode au circuit, de préférence sur une piste sèche... et en ayant au préalable acheté pas mal d'actions Pirelli !

Une bonne affaire.... pour Bercy !

Non contente d'être une machine fascinante, la BMW M5 F90 sait aussi faire patte de velours en usage quotidien. Car elle reste avant tout une Série 5, avec son habitacle raffiné, son insonorisation soignée et un confort préservé, les suspensions restant très tolérantes. On appréciera aussi son look discret, les éléments spécifiques à cette version (toit en carbone, ouïes sur les ailes, diffuseur arrière, becquet de coffre) restant subtils. Alors, parfaite la M5 ? Presque ! Deux détails chagrinent. D'abord, la sonorité du V8, assez étouffée en temps normal, et amplifiée de façon un brin caricaturale lorsque l'on active l'échappement sport (la mélodie du moteur est alors « améliorée » par la sono Harman/Karon...). L'autre « détail », c'est le tarif. Non pas que la BMW M5 soit chère par rapport à ses rivales, à 127 550 € elle au contraire plutôt une bonne affaire. Mais c'est surtout une bonne affaire pour Bercy, puisqu'à ce tarif déjà coquet, il conviendra d'ajouter 10 500 € de malus, plus 8 000 € de la nouvelle taxe sur les « voitures de tourisme de forte puissance ». Au final, l'acheteur de cette belle auto aura donc lâché 44 000 € de taxes... s'il la fait immatriculer en France, bien évidemment !

À retenir

quoteBMW a eu bien raison de doter sa M5 F90 d'une transmission intégrale. Loin de s'être banalisée, sa conduite n'en devient que plus exaltante ! Il devient possible d'exploiter la puissance plus souvent, plus efficacement, tout en conservant une agilité et un agrément de conduite hors pair grâce aux différents modes du M xDrive. Le plus beau dans tout ça, c'est que la M5 reste une berline au long cours, accueillante, confortable et discrètement élégante. Un quasi sans faute, n'était-ce le caractère un brin effacé du V8 biturbo...
points fortsEfficacité de haut niveau, agilité magnifiée, transmission intégrale vraiment intelligente, performances décoiffantes, freinage puissant et endurant (carbone-céramique), confort préservé, présentation discrète.
points faiblesSonorité moteur décevante, taxation décourageante.
17.8

20
Les chiffres
Prix 2018 : 127 550 €
Puissance : 600 ch
0 à 100km/h : 3.4s
Conso mixte : 10.5 l/100 km
Emission de CO2 : 241 g/km
Notre avis
Note de coeur : 18/20
Agrément de conduite
  • Accélération
  • Reprises
  • Direction
  • Agilité du châssis
  • Position de conduite
  • Commande de boîte
  • Etagement de la boîte
:
19/20
Sécurité active et passive
  • Adhérence
  • Freinage
  • Equipements de
    sécurité
:
19/20
Confort et vie à bord
  • Habitabilité
  • Volume du coffre
  • Visibilité
  • Espaces de rangement
  • Confort de suspension
  • Confort des sièges
  • Insonorisation
  • Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
:
18/20
Budget
  • Rapport prix/prestations
  • Tarif des options
  • Consommation
:
12/20

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