Saga Matra

La branche automobile de Matra est née de la volonté de diversifier l'activité de l'entreprise très marquée par l'image militaire. En 35 ans, Matra Automobile a dignement honoré la meilleure part du génie automobile français, l’innovation conceptuelle.

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MATRA Murena

Gilles Bonnafous le 24/03/2003

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Reprenant le concept de la Bagheera, la Murena s'adresse à une clientèle recherchant une voiture originale tout en souhaitant conserver les avantages d'un modèle courant. Par rapport à sa devancière, elle offre un design actualisé et un caractère sportif plus ambitieux, la Bagheera s'étant vu légitimement reprocher des performances insuffisantes.

Prototype de présentation de la Murena.
Prototype de présentation de la Murena. D.R
La Murena effectue des tests dans le Sud marocain.
La Murena effectue des tests dans le Sud marocain. D.R

Présentée le 29 septembre 1980, soit deux ans après la prise de contrôle de Chrysler Europe par PSA, la Murena est née Talbot-Matra. Si elle hérite de l'architecture à moteur central arrière - placé transversalement - de son aînée, la voiture bénéficie d'un empattement allongé de six centimètres. Mais l'innovation majeure réside dans son châssis galvanisé. Si le premier objectif est la protection contre la corrosion, cette opération coûteuse améliore également la résistance à la torsion. La carrosserie se compose d'une douzaine d'éléments assemblés sur cette structure. Le train avant, repris à la Solara, adopte une suspension à double triangulation et barres de torsion longitudinales.

Alimenté par un carburateur Weber double corps, le moteur de 1600 cm3 développe 92 ch, ce qui vaut à la Murena un bon 180 km/h. Si la vitesse de pointe ne progresse pas par rapport à la Bagheera, les accélérations et la souplesse du moteur se trouvent améliorées. Et une boîte de vitesses à cinq rapports bien étagés remplace la précédente à quatre vitesses.

Eclaté de la Murena. La voiture hérite de l'architecture à moteur central arrière transversal de la
Eclaté de la Murena. La voiture hérite de l'architecture à moteur central arrière transversal de la D.R
La Murena est la première voiture à bénéficier d'une galvanisation à chaud par zingage (bain de zinc
La Murena est la première voiture à bénéficier d'une galvanisation à chaud par zingage (bain de zinc D.R

Le design de la Murena apparaît comme une œuvre collective. Testée en soufflerie, sa large silhouette revendique un Cx flatteur de 0,328. Fluide et racée, la ligne frappe par son modernisme et les formes au trait vigoureux ont gagné en dynamisme par rapport à la Bagheera. Sur une face avant très fine, un spoiler bien intégré ajoute une note d'agressivité. Le vaste pare-brise concourt, avec l'immense lunette arrière, à l'abondante surface vitrée dont jouit la voiture. Malgré son architecture qui ne s'y prête guère, la Murena dispose par ailleurs d'un honorable coffre à bagages situé à l'arrière.

La Murena bénéficie d'un design modernisé, dont les lignes ont gagné en dynamisme par rapport à la B
La Murena bénéficie d'un design modernisé, dont les lignes ont gagné en dynamisme par rapport à la B D.R
Par rapport à sa devancière, la Murena est dotée.
Par rapport à sa devancière, la Murena est dotée. D.R

L'habitacle de la Murena demeure fidèle aux trois sièges frontaux de la Bagheera. Ceux-ci offrent un confort de qualité et un bon maintien, celui du milieu ayant été taillé pour un corps plutôt mince... Quant au curieux volant à jante épaisse pourvu d'un méplat - dont la fonction est de faciliter l'accès aux longues jambes -, il ne contribue pas à faciliter la conduite sportive. Si la finition pêche par son caractère assez approximatif, l'équipement s'avère complet et l'on se félicitera de la présence de lève-vitres électriques (en option sur la 1600).

Version sportivement plus convaincante, la 2,2 litres s'est fait attendre plusieurs mois par rapport au lancement de la 1600. Doté d'un arbre à cames en tête, son moteur de 2156 cm3 offre maintenant 118 ch. Cette mécanique d'origine Chrysler, qui équipe la Talbot Tagora et dont la lignée remonte à la 180, permet à la voiture d'atteindre la vitesse de 195 km/h.

La Murena est née Talbot-Matra.
La Murena est née Talbot-Matra. D.R
Les lignes plus anguleuses de la Murena.
Les lignes plus anguleuses de la Murena. D.R

L'heureuse surprise que réserve la Murena tient à son confort, que l'on ne s'attend pas à trouver sur une voiture de ce type. Digne d'une berline, il révèle l'esprit dans lequel la Murena a été conçue et qui tente de concilier les performances et les qualités propres à une grande routière. Même si le réglage souple de la suspension se fait quelque peu au détriment de l'efficacité sportive. La voiture jouit néanmoins d'une excellente tenue de route et le freinage se révèle au-dessus de tout soupçon.

Le siège central peut se rabattre pour offrir une large console faisant office d'accoudoir.
Le siège central peut se rabattre pour offrir une large console faisant office d'accoudoir. D.R
Très confortable, l'habitacle jouit d'un équipement complet avec notamment la présence de lève-vitre
Très confortable, l'habitacle jouit d'un équipement complet avec notamment la présence de lève-vitre D.R

Pour autant, la Murena manque d'un authentique caractère sportif et Matra souhaite ajouter le ramage au plumage. Malheureusement, les réticences de PSA conduiront à une solution non satisfaisante, celle du kit. Proposé à partir de juillet 1982, celui-ci - baptisé "kit 142" - offre 24 ch supplémentaires, soit 142 ch. Son montage, assuré par les concessionnaires Talbot, représente un coût de 19 500 F. Les modifications portent sur un arbre à cames plus pointu, un allumeur différent et un nouveau collecteur d'admission à quatre conduits. Deux Solex double corps horizontaux complètent la panoplie. Inchangée, la transmission encaisse de bonne grâce le surcroît de puissance. Ainsi gréée, la 2,2 litres franchit le cap symbolique des 200 km/h. Les éléments extérieurs d'identification se composent d'une extension des bas de caisse, ainsi que d'un aileron au goût inversement proportionnel à sa taille. Le succès de cette formule bâtarde ne sera pas au rendez-vous, et seulement 100 kits seront montés.

"Dommage que la 142 ne soit pas produite en série", se plaignent les amateurs. Ils devront attendre près d'un an pour que leurs vœux soient exaucés avec le lancement de la Murena S, qui s'analyse comme une 2,2 litres kitée produite en usine. Avec cette version vitaminée, Matra dispose enfin d'une voiture performante qui, avec l'Alpine A 310 V6 (plus pointue), représente en ce début des années 80 le seul vrai coupé sportif français. Pour preuve, les performances se révèlent comparables à celles de la Porsche 944 dotée de 163 ch. Cependant il est bien tard, et seulement 480 Murena S seront construites d'avril à juillet 1983.

La Murena 142 ch.
La Murena 142 ch. D.R
La Murena et son couple à trois…
La Murena et son couple à trois… D.R

Sous-motorisée par rapport à ses qualités routières, à l'exception de la rare S, la Murena aurait mérité d'être développée. Les projets ne manquèrent pas, à l'image de la Murena "4 S", un prototype sur lequel Matra avait tiré 180 ch du moteur 2,2 litres. La voiture devait atteindre les 225 km/h. Mais cette tentative se heurta au veto de PSA. Un autre projet prévoyait de monter dans la Murena une version dégonflée du V12 Matra. Une idée qui ne dépassa pas le stade de la maquette. Et le désaccord PSA-Matra précipita la fin du modèle, qui intervint en juillet 1983.

MATRA
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Certes la Murena avait affaire à une rude concurrence, représentée par l'Alfa Romeo GTV 6 et la Porsche 924, aux images de marque plus fortes. Malgré son design plein de caractère, la voiture a été handicapée par son manque d'habitabilité face à des concurrentes plus classiques comme la Renault Fuego. Sans oublier la concurrence des petites berlines sportives comme la Golf GTI 16 soupapes. Prématurément interrompue, la courte carrière de la Murena laisse un goût d'inachevé. A l'image de son volume de production, qui n'a pas dépassé les 10 680 exemplaires. Elle sera la dernière Matra à porter le nom de la marque, laquelle connaîtra un destin plus heureux dans son nouveau partenariat avec Renault. Ce sera l'aventure de l'Espace…

La Murena a connu une carrière sportive en rallye-cross. Dès 1981, piloté par Jean-Pierre Beltoise, un prototype 4 x4 profondément remanié participe à plusieurs épreuves. Après quoi, la voiture sera vice-championne de France dans cette spécialité en 1981, puis trois fois championne de France de 1982 à 1984. Elle est alors animée par le moteur ROC réalisé sur la base du deux litres Chrysler et qui développe de 285 ch à 310 ch. En 1982, la cylindrée sera portée à 2,4 litres et la puissance à 360 ch.

Malgré son architecture qui ne s'y prête guère, la Murena dispose d'un honorable coffre à bagages si
Malgré son architecture qui ne s'y prête guère, la Murena dispose d'un honorable coffre à bagages si D.R
Le curieux volant pourvu d'un méplat a pour fonction de faciliter l'accès aux longues jambes.
Le curieux volant pourvu d'un méplat a pour fonction de faciliter l'accès aux longues jambes. D.R
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