Essai RENAULT Espace IV

Jean-François Destin le 30/09/2002

Le Renault Espace quatrième génération met un terme à la fabuleuse saga du pionnier des monospaces né en 1984 et vendu en 18 ans à près de 900.000 exemplaires !

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Présentation

En se séparant de Matra et en décidant de fabriquer l'Espace IV à Sandouville aux côtés de la Laguna et de Vel Satis, Renault a orchestré une révolution jugée nécessaire pour pérenniser un concept familial déjà totalement abouti avec l'Espace III. A deux reprises en effet (en 91 et 96), Philippe Guédon, président de Matra et père de l'Espace avait réussi a garder ses distances vis à vis d'une concurrence de plus en plus inventive. En fonction de ses choix inspirés, ses stylistes avaient affiné la silhouette tandis que la modularité intérieure copiée par tout le monde évoluait au même rythme.

Mais pour cette quatrième génération, Renault devenu comme dit la pub "créateurs d'automobiles" a souhaité gérer sans partage l'avenir de l'Espace. Finie la fabrication artisanale de Romorantin, finie la structure en plastiques avec bain de zinc en fusion, et finie l'empreinte Matra dont le devenir automobile s'est subitement assombri.

Désormais plus près de la berline de luxe que du vrai monospace, l'Espace IV désormais en traditionnelles tôles d'acier a rejoint l'offre haut de gamme de Renault aux côtés de l'Avantime (encore sous sceau Matra), de la Laguna et surtout de Vel Satis avec laquelle elle partage quelques traits stylistiques.

Outre sa présentation, le Renault Espace IV a progressé dans tous les compartiments. Accueil intérieur, position de conduite, confort, tenue de route et surtout offre moteurs (dont 2 six cylindres) font le bonheur d'une gamme riche de 25 versions. Le Renault Espace est disponible à des tarifs allant de 26.350€ à 48.500€.

RENAULT Espace IV RENAULT Espace IV

Design

Examinez l'Espace IV de profil et amusez-vous à cacher avec votre main le haut du véhicule (vitres et pavillon), vous vous apercevrez quelle a été la démarche de Renault. Conscient que la carrosserie de l'Espace III constituait un travail abouti intouchable, les stylistes de Renault ont dessiné une vraie berline de haut de gamme en rapportant une superstructure "haut-de forme" de monospace. Cette association discutable sur le papier confère à l'Espace IV une personnalité forte conforme à la nouvelle identité visuelle de Renault.

Sans renier les critères de base du monospace (carrosserie monocorps, pare-brise panoramique, surface vitrée- ici accrue de 25% avec 7,22 m2-, flancs sculptés), le nouvel Espace se distingue par son porte à faux arrière réduit, ses roues affleurantes (16,17 ou 18 pouces) et ses voies élargies. A l'avant au traité plus moderne, les optiques à fond chromé et découpe presque triangulaire rappellent Vel Satis tandis qu'à l'arrière, la vitre du hayon a pu être agrandie par le positionnement vertical des feux.

Un seul vrai regret : l'abandon des rétroviseurs en bout d'ailes si beaux et si pratiques sur l'Espace III.

Habitacle

Côté dimensions, l'Espace IV s'accroît de 14 cm en longueur, 5 cm en largeur et quatre en hauteur ce qui profite directement aux occupants. Toutes les cotes progressent, notamment aux niveaux de la place arrière pour les jambes, et du plancher (2.150m contre 2.135m) lorsque tous les sièges arrière sont enlevés. Même les occupants éventuels de la troisième rangée trouveront davantage leurs aises.

En revanche l'augmentation de la capacité du coffre (de 291 à 2860 dm3) reste insignifiante. A noter que le "Grand Espace" adopte une caisse de 4.86m (20 cm plus long).

Les sièges désormais à ceintures intégrées ont fait l'objet d'une étude visant à les rendre plus confortables et enveloppant, et ceux-ci (plus étroits de l'arrière) conviennent mieux pour des grands parcours. Toujours amovibles, ils coulissent sur des glissières plus ou moins longues, rendant le nombre de combinaisons infini, permettant d'accueillir 2 à 7 personnes.

Pour ne pas dépayser les très nombreux clients fidèles de l'Espace, l'esprit de l'ancienne planche de bord a été conservé mais pas - heureusement - le tissu moiré si terne et triste. Une large visière abrite l'affichages "black panel" digital bleu sur fond noir : un bon choix sauf pour la lecture du compte-tours.

Les rangements multiples sont toujours présents y compris la grande boite fourre-tout en position centrale. A noter aussi l'implantation de quatre platines de commandes d'une climatisation mieux diffusée (14 sorties dont certaines sur le plancher).

Beaucoup mieux fini qu'auparavant, l'Espace IV a recours à différents types de plastiques de décoration de qualité inégale notamment dans les parties inférieures. Dans l'ensemble, l'ambiance haut de gamme ne se discute pas.

Châssis

Avec ses voies élargies et son empattement rallongé (2.80m), l'Espace n'a aucun mal à supplanter son aîné d'autant qu'il bénéficie d'un train avant commun avec celui de Vel Satis et d'un train arrière entièrement nouveau. Cette association couplée à un ESP (contrôle dynamique de conduite) de dernière génération monté en série sur tous modèles atténue de fait le caractère sous-vireur inhérent à tous les monospaces. Lorsqu'on rentre trop vite dans un virage, l'ESP corrige automatiquement la trajectoire par un freinage simultané sur deux des roues et une réduction du couple moteur.

Moteur

L'Espace IV a franchi un palier au niveau des motorisations. Si l'on retrouve pour les modèles d'accès un 2l essence de 140 chevaux et un diesel 1.9 dCi de 117 ch, les autres variantes de milieu de gamme bénéficient d'un 2l turbo de 165 ch et d'un 2.2 dCi de 150 chevaux (peut-être le moteur le plus intéressant de tous). Mais l'exclusivité de cette quatrième génération tient en effet à ses propositions 6 cylindres. Toutes deux d'origine japonaise, elles lui offrent des prestations uniques sur le marché.

Ainsi le V6 3.5l Nissan de 245 ch autorise 225 km/h et un 1000 mètres départ arrêté en 28,7 secondes. En diesel, le 3 litres dCi d'origine Isuzu permet avec ses 180 chevaux de rouler à 205 km/h et d'abattre le 1000 mètres en 32,2 secondes. Hélas, cent fois hélas ce dernier moteur se voit muselé par une boite automatique proactive à la logique déconcertante !

Sur la route

C'est précisément en s'installant derrière le volant (réglable enfin dans les deux sens) que l'on constate le premier des nombreux progrès du nouvel Espace. Beaucoup mieux installé qu'auparavant, on se sent immédiatement à l'aise dans un univers plus vaste, plus lumineux et résolument haut de gamme malgré quelques légères imperfections d'assemblages çà et là. A noter la disparition du levier de frein à main au profit d'un système automatique ou d'une commande à gauche du volant..

Silencieux, facile à piloter, l'Espace s'est débarrassé définitivement de ses origines un peu utilitaires pour entrer dans le monde feutré de la berline de catégorie supérieure. On le ressent aussi en terme de confort de suspension. Train avant bien guidé, amortissement contrôlé, faible prise de roulis : l'Espace IV se conduit désormais comme une voiture normale et non plus en tenant compte de sa hauteur un peu atypique. En position dominante bien agréable, on peut forcer l'allure sans craindre une embardée difficile à maîtriser.

Profitant d'un freinage bien dosé et d'une direction précise, j'ai essayé de tirer le meilleur parti du 6 cylindres Isuzu de 180 ch. Malheureusement accouplé à la seule boite automatique proactive, il se révèle dolent et même parfois franchement lymphatique pour dynamiser un poids en forte inflation. La faute à cette transmission qui se cale rarement sur le bon rapport et vous oblige à patienter même lorsqu'il s'agit de doubler une file de camions. Les commandes séquentielles ne changent rien à l'affaire, l'automatisme reprenant le dessus si vous sortez des lois préétablies. Résultat : un agrément de conduite moyen et une consommation élevée proche de 14 litres.

La même boite réglée différemment permet de mieux exploiter le 6 cylindres essence Nissan très agréable à écouter ronronner. En fait la version dCi équipée du 2.2l de 150 ch et d'une boite mécanique à 6 rapports nous est apparue comme un bon compromis.

RENAULT Espace IV RENAULT Espace IV

Equipements

L'Espace IV sera disponible en 4 finitions : Authentique, Expression, Privilège, et Initiale. Le milieu de gamme Privilège disposera de tous les équipements traditionnels + 8 airbags, le contrôle dynamique ESP avec ASR (antipatinage), les sièges arrière avec ceintures intégrées trois points, les jantes en alliage 17 pouces, l'assistance au freinage d'urgence, le système de surveillance de la pression des pneus, l'antidémarrage électronique, l'alarme anti-intrusion, la direction à assistance variable, le frein de parking automatique, les projecteurs à lampes bi-xenon et la climatisation régulée.

À retenir

quoteRenault n'avait pas une copie facile à rendre en reprenant totalement l'avenir de l'Espace. Le résultat est pourtant à la hauteur des ambitions du constructeur qui souhaite livrer 450.000 unités d'ici 2009, année d'introduction d'Espace V. Un pari réussi d'avance en regard de ce que peut proposer la concurrence et notamment le groupe Peugeot/Fiat avec le 607, le Citroën C6, le Fiat Ulysse et le Lancia Phaedra. Aucun des quatre ne peut rivaliser. Toujours cher, l'Espace IV sera comme ses prédécesseurs, très demandé en occasion. A ce titre, son achat, qu'il soit raisonné ou passionnel, constitue une excellente affaire.
points fortsDesign inspiré et insensible aux effets de modes, qualité de fabrication intérieure, agrément de conduite, confort, comportement, insonorisation, grand choix de moteurs, montants de pare-brise amincis, large palette d'équipements.
points faiblesBoite automatique (diesel 3l dCi), quelques défauts de finition, sièges amovibles lourds, poids en hausse, consommation (6 cylindres essence et diesel).
Les chiffres
Prix 2002 : 47 300 €

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