Geneva Classics 2008

FERRARI 250 MM

Gilles Bonnafous le 29/10/2008

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La 250 MM représente la première berlinette Ferrari due au carrossier turinois, le début d'une longue et brillante collaboration.

Principal centre d’intérêt de Geneva Classics 2008, la collection de Jean-Pierre Slavic était présentée au public pour la première fois. Un événement donc, car l’ensemble réuni par l’industriel genevois apparaît d’une ampleur exceptionnelle : 65 voitures représentant de nombreuses marques sportives et de prestige européennes, Lamborghini, Maserati, Alfa Romeo, Abarth, AC Bristol, Jaguar, Aston Martin, Mercedes, Rolls-Royce, Bentley, Porsche, etc. Surtout, la collection ne regroupe pas moins de 25 machines de Maranello, car l’homme voue une vraie passion à l’association Ferrari-Pininfarina.

Jean-Pierre Slavic est un collectionneur dans l’âme. Dès l’enfance, il a accumulé toutes sortes d’objets, les timbres, les trains électriques, les autos miniatures… Adulte, il a naturellement eu envie de faire grandir les miniatures ! Sa première voiture a été une Fiat Abarth 850, qu’il a revendue pour acheter une TR4. Il a commencé à vraiment bâtir sa collection vers l’âge de quarante ans.

FERRARI 250 MM FERRARI 250 MM

Jean-Pierre Slavic nous parle de la démarche qui a été la sienne. Il s’agit d’un parti pris purement esthétique. L’homme se dit d’abord collectionneur de formes. Bien qu’ingénieur de métier, il n’est pas attiré par la technique — la Ferrari 333 SP qu’il a acquise pour rouler sur circuit constitue une exception. Pour lui, les formes les plus abouties sont celles qui sont nées du couple Ferrari-Pinin Farina. Pendant longtemps, il a surtout collectionné les coupés, cabriolets et machines de course issus de cette association. Il se souvient de l’époque où, aux Etats-Unis, il faisait la tournée des garages de Long Island à la recherche de Ferrari. Ceci a pris fin avec l’envol du marché dû à la spéculation, qui l’a empêché d’acquérir de nouvelles pièces compte tenu du niveau de prix atteint.

Jean-Pierre Slavic est ainsi parvenu au terme de sa collection, qu’il compare à un puzzle : « C’est le puzzle qui est l’objet. Il n’est pas possible d’avoir une pièce disparate ». Or le puzzle était terminé. « J’étais à la fois satisfait et triste ». Il a eu envie de tout vendre et d’acheter une autre « boîte ». Mais aucune autre n’a trouvé grâce à ses yeux. Il a pensé à Aston Martin, à Porsche, mais rien n’était pour lui à la hauteur de Ferrari-Pinin Farina. C’est précisément pour montrer ce puzzle terminé qu’il a exposé sa collection pour la première fois à Geneva Classics. Pour l’avenir, il réfléchit à un nouveau puzzle. Il cherche une nouvelle émotion…

La Ferrari 250 MM qu’il possède illustre bien sa démarche. C’est une voiture magnifique, mais dont la stricte authenticité n’est pas la qualité première. Cela importe peu à ses yeux. La Ferrari avait été exportée en son temps aux Etats-Unis, où il l’a achetée dans années 80 à un distributeur automobile connu. Il l’a acquise à l’état d’épave, car elle avait brûlé. Au moment de la transaction, elle se trouvait en Italie.

La 250 MM était à reconstruire entièrement. Jean-Pierre Slavic s’est rendu à Modène, où il a contacté les meilleurs spécialistes. Il a récupéré des pièces originales du modèle, dont le moteur et la boîte de vitesses. Il a aussi consulté des photos d’époque retrouvées par son ami Jean Guichet. La reconstruction a ainsi pu commencer. Mais un jour, passant à l’improviste dans l’atelier auquel la voiture avait été confiée, il a découvert qu’une deuxième 250 MM était en train d’être réalisée ! On lui a dit que cette dernière était destinée à un musée japonais et qu’elle ne serait pas utilisée… L’affaire a fait des vagues.

D’après un spécialiste reconnu, il existerait ainsi plusieurs 250 MM dotées du même numéro de châssis ! Quoi qu’il en soit, Jean-Pierre Slavic demeure serein. La stricte authenticité n’est pas son obsession. Sa voiture est aussi belle qu’une 250 MM dont l’histoire serait limpide, tel est l’essentiel à ses yeux.

Machine de course, la 250 MM (pour Mille Miglia) dérive de la 250 S. Exposée au salon de Genève en 1953, elle reçoit un nouveau châssis tubulaire et le V12 de trois litres à trois carburateurs quadruple corps Weber, qui ont été révélés au salon de Paris en octobre 1952. Autre nouveauté, la boîte de vitesses possède cinq rapports. Mais la sensation de Genève est la splendide carrosserie dessinée par Pinin Farina. Cette voiture historique représente la première berlinette Ferrari due au carrossier turinois, le début d’une longue et brillante collaboration. Une bonne quinzaine d’exemplaires en seront réalisés, à côté du Spider assemblé à un nombre sensiblement égal par Vignale sur un dessin de Giovanni Michelotti.

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