Jean Rédélé

Jean Rédélé a offert à l’automobile française une belle et grande aventure. Et un palmarès riche en lauriers. Il s’en est allé le 10 août 2007.

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Histoire : Les Alpine de compétition

Gilles Bonnafous le 26/11/2007

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Jean Rédélé avait la course dans les veines. Il avait démarré une carrière de pilote au volant de la 4 CV 1063 avant de se consacrer à Alpine. En tant que constructeur, il allait conduire des programmes de compétition sur tous les fronts. Un appétit sans bornes, qui verra les Alpine engagées en rallyes, en F3 et en F2. Une Formule 1 était même en préparation.

Avec la complicité de Louis Pons, son ami et fidèle coéquipier, Jean Rédélé s’est illustré dans de nombreuses compétitions : Mille Miles, rallye de Monte-Carlo, rallye de Dieppe, qu’il gagne devant des Jaguar et Aston Martin, circuit des Essarts à Rouen, où il remporte sa catégorie, et Grand Prix de Lisbonne, qu’il s’adjuge devant les Porsche 1600.

« Lors de l’édition de 1956 des Mille Miles, que je courais avec Pons au volant d’un coach A106, nous nous sommes retrouvés sans frein avant la mi-course ! Ceci ne nous a pas arrêtés, mais les Mille Miles sans frein, je puis vous dire que ce n'est la joie ! Et malgré les 900 kilomètres ainsi parcourus, nous n'avons pas perdu beaucoup de temps », nous déclarait un jour Jean Rédélé.

A210 aux 1000 km de Paris 1967
A210 aux 1000 km de Paris 1967 Renault Communication / D.R.
A110 à la Coupe des Alpes en 1969
A110 à la Coupe des Alpes en 1969 D.R.

Les voitures de course étaient préparées à Dieppe, berlinettes, prototypes et monoplaces de F2 et de F3. Une partie de la semaine était consacrée à la construction de la berlinette, le reste du temps et les week-ends à la compétition. Les essais se faisaient sur route (de nuit pour les prototypes), notamment entre Dieppe et Saint-Valéry.

En rallyes, la berlinette connaît sa première grande consécration en 1971, quand elle réalise le triplé au rallye de Monte-Carlo avec Anderson, Thérier et Andruet. Une première dans l’histoire du rallye. Jean Rédélé me confia que ce triomphe fut l’une des grandes joies de sa vie. En fin de saison, Alpine remportera le championnat international des marques (championnat du monde des rallyes avant la lettre).

Après une saison 1972 décevante, l’année 1973 sera la plus glorieuse de l’histoire de la marque. Celle-ci s’offre un nouveau triplé au rallye de Monte-Carlo avec Andruet, Anderson et Nicolas — cinq Alpine terminant même aux six premières places. La berlinette écrase la concurrence, et, avec six victoires supplémentaires, elle s’adjuge le titre de champion du monde des rallyes.

Ronde Cévénole en 1969
Ronde Cévénole en 1969 Renault Communication / D.R.
Rallye du Portugal en 1973
Rallye du Portugal en 1973 Renault Communication / D.R.

Ayant fait ses preuves en rallyes, Jean Rédélé concentre ses efforts sur l’endurance à partir de 1974. L’objectif est de remporter les 24 Heures du Mans. Ainsi naît l’A440, qui offrira à Alain Serpaggi le titre de champion d’Europe des deux litres en 1974. Ensuite, ce sera Renault Sport et la victoire au Mans en 1978 de l’A442B turbo de Jean-Pierre Jaussaud et Didier Pironi.

Mais avant cela, les Alpine sports-prototypes ont été alignées sur les circuits dès 1963. La première, la M63 (996 cm3), glane en 1963 des victoires de classe au Nürburgring et aux 12 Heures de Reims. L’année suivante, elle récidive à Sebring. Mais Jean Rédélé atteint son véritable objectif en 1964, quand la M64, pilotée par l’équipage Morrogh-Delageneste, s’impose à l’indice énergétique des 24 Heures du Mans.

Après de nouvelles victoires de classe aux 1000 Kilomètres de Paris 1964 (M64 de Grandsire-Rosinski) et aux 12 Heures de Reims 1965 (M65 de Bianchi-Grandsire), Alpine renouvelle en 1966 son succès à l’indice énergétique dans la Sarthe avec l’A210 (Cheinisse-Delageneste), s’adjugeant même les trois premières places. En 1968, l’A210 offrira à Alpine un vrai triomphe sur la piste mancelle en remportant à la fois l’indice de performance (Andruet-Nicolas) et l’indice énergétique — Thérier-Tramont l’emportant devant deux autres Alpine. L’équipage Serpaggi et Elthuin récidivera en 1969 à l’indice de performance.

Tour de Corse 1973
Tour de Corse 1973 Renault Communication / D.R.
Lyon Charbonnière 1970
Lyon Charbonnière 1970 Renault Communication / D.R.

Dessinée comme toutes les autres Alpine de compétition par Marcel Hubert, l’A220 est engagée en 1968 et 1969. Motorisée par le V8 Gordini de trois litres, elle ne réussira pas à s’imposer en raison de problèmes mécaniques récurrents dus au manque d’aboutissement du moteur. Alpine souhaitant se concentrer sur les rallyes, le programme des courses d’endurance sera suspendu à la fin de 1969. Il sera repris en 1973.

En monoplaces, Jean Rédélé a obtenu ses meilleurs résultats en Formule 3, qui concentrent l’essentiel du palmarès, car les Alpine de Formule 2 n’ont pas connu de réel succès. Alpine a remporté trois titres de champion de France de F3 : en 1964 avec Gérard Grandsire sur une P64-2 de 1000 cm3, en 1971 avec Patrick Depailler sur une A360 (un litre également) et l’année suivante avec Michel Leclère sur une A364 de 1600 cm3. On ajoutera les lauriers de Michel Leclère champion de France 1971 de Formule Renault sur une A361 de 1255 cm3, et ceux d’Alain Cudini champion d’Europe en 1973 de Formule Renault sur une A366 (1565 cm3).

Jean Rédélé avait bien sûr rêvé de la Formule 1. Il avait développé un prototype baptisé A350, qui était motorisé par le même moteur que l’A220, le V8 Gordini de trois litres. Des essais furent effectués à Zolder. Mais le projet fut abandonné et la voiture détruite par la suite.

A110 1800 Groupe IV
A110 1800 Groupe IV Gilles Bonnafous

D.R.
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