Centenaire de la General Motors

"Ce qui est bon pour la General Motors est bon pour les Etats-Unis". Cette célèbre formule illustre la puissance de la première entreprise planétaire, symbole archétypique de l’Amérique triomphante.

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Histoire : La constitution de la GM : William Durant

Gilles Bonnafous le 26/03/2008

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« Ce qui est bon pour la General Motors est bon pour les Etats-Unis ». Au-delà de son arrogance, cette célèbre formule des années cinquante illustre parfaitement l’exceptionnelle puissance de ce qui est alors le numéro un mondial de l’automobile. Première entreprise planétaire, ce géant industriel est le symbole archétypique de l’Amérique triomphante — elle vient de gagner la Seconde Guerre mondiale.

Depuis plusieurs décennies déjà, les Etats-Unis constituent l’Eldorado de l’automobile, laquelle façonne le mode de vie de ses habitants et soumet l’espace nord-américain — l’urbanisme est conçu en fonction de la voiture. Dans ce pays de cocagne, la General Motors est la tête de file des « Big Three », les trois grands groupes automobiles de Detroit qui dominent le monde — et qui finiront par avoir raison des constructeurs indépendants dans les années cinquante.

William Durant
William Durant D.R.
La première Pontiac
La première Pontiac D.R.

Comment s’est donc constitué cet empire ? C'est à partir de Buick que William Durant va créer la General Motors. Né en 1861 à Boston et issu d’une famille bourgeoise d’origine française (son grand père fut gouverneur du Michigan), William Durant n’est ni ingénieur, ni spécialiste de l’automobile. Mais c’est un homme d’affaires brillant et avisé, qui a l’intuition que la voiture est promise à un grand avenir.

Buick est né en 1903, soit la même année que Cadillac et Ford. Le premier modèle est déjà équipé de soupapes en tête, un remarquable niveau technologique qui se maintiendra à l’avenir sur toutes les Buick. Mais la marque connaît des difficultés financières en 1904. William Durant l’acquiert et la relance.

L’époque est marquée par la fragilité des constructeurs automobiles, qui naissent et meurent comme des papillons. Une mauvaise année de production et c’est la faillite. Durant a compris que la diversification de l’offre et la constitution d’un groupe permettront de faire face aux aléas du marché. Il fonde la General Motors en septembre 1908 à Flint (Michigan), année où David Buick quitte l’entreprise qu’il a créée. Constituée en société de portefeuille, la compagnie associe Buick et la Olds Motor Vehicle Company (Oldsmobile), qui se trouve également en difficulté. Doyenne des marques américaines fondée en 1897, la firme de Ransom Olds fabrique des voitures depuis 1901 et elle est devenue le premier constructeur américain en volumes de vente.

Buick 1905
Buick 1905 D.R.
Cadillac 1905
Cadillac 1905 D.R.

En 1909, Durant met la main sur Oakland — d’où émergera Pontiac à partir de 1926. La même année, son empire naissant croît avec l’acquisition de Cadillac, déjà reconnu pour la qualité de ses produits. Mais la vie n’est pas un long fleuve tranquille pour William Durant. La baisse des ventes en 1910 le met en situation difficile face aux échéances financières liées à ses acquisitions frénétiques. Elle entraîne sa perte de contrôle de la compagnie au profit des banques. S’il perd son siège de président, il demeure membre du conseil d'administration.

Aussitôt, Durant fonde une nouvelle entreprise, en 1911, qu’il baptise Chevrolet. Mécanicien et pilote de course suisse, Louis Chevrolet est très populaire aux Etats-Unis, où il s’est illustré au volant de modèles Buick. Durant s’adjoint ses services pour concevoir les voitures et surtout pour utiliser son nom…

Première publicité Chevrolet en couleur
Première publicité Chevrolet en couleur D.R.
Louis Chevrolet
Louis Chevrolet D.R.

Dès 1913, Durant évince Louis Chevrolet, qui se retrouve les mains vides — ironie de l’histoire, la marque automobile qui sera la première du monde porte le nom d’un homme qui ne fut jamais constructeur… En 1915, le nouveau modèle Chevrolet concurrence la Ford T et, en trois ans, la production de la marque est presque multipliée par dix, passant à 111 500 unités. En quelques années, Chevrolet est devenu un acteur majeur de l’automobile américaine. En 1917, Durant échange la firme contre une participation majoritaire dans la General Motors. Il revient ainsi à la tête de la compagnie qu’il a créée.

Le mouvement se poursuit. En 1919, la General Motors achète plusieurs fournisseurs, dont Delco Light Company (électricité), Fisher Body Company (carrosseries) et T.W. Warner Company (engrenages). La taille de la compagnie est multipliée par huit entre 1916 et 1920.

Mais la récession de l'après-guerre va être fatale à William Durant. La crise économique entraîne l’effondrement du cours de l’action de la General Motors et les bailleurs de fonds obligent l’homme à se retirer. Cette fois définitivement. Durant cède la place à Alfred Sloan en 1923. Une nouvelle ère commence, brillantissime, sous la conduite d’un théoricien du management qui demeurera en poste pendant plus de trente ans, jusqu'en 1956. C'est sous l'empire de Sloan que la General Motors dépassera Ford et deviendra le premier constructeur mondial d'automobiles.

Chevrolet Classic Six
Chevrolet Classic Six D.R.
Oldsmobile 1923
Oldsmobile 1923 D.R.
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