Saga Matra

La branche automobile de Matra est née de la volonté de diversifier l'activité de l'entreprise très marquée par l'image militaire. En 35 ans, Matra Automobile a dignement honoré la meilleure part du génie automobile français, l’innovation conceptuelle.

sommaire :

Les études et prototypes Matra

Gilles Bonnafous le 24/03/2003

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L'innovation se nourrissant de prospective, Matra a mené tout au long de son histoire une activité de recherche concrétisée par la réalisation de prototypes futuristes. Le nombre, l’intérêt et la créativité de ces études et concept cars témoignent à l’envi de la qualité des efforts déployés pour diversifier la palette Matra. Car cette quête de solutions et de concepts innovants a toujours obéi à deux objectifs stratégiques : multiplier les véhicules pour sortir de la culture monomodèle et trouver de nouvelles associations afin de sortir de la situation de partenariat unique.

« J'ai toujours eu pour idée qu'une marque comme Matra devait accorder une large place à la recherche et se livrer à des études libres. En tant que constructeur situé en marge, nous avons toujours recherché de nouveaux créneaux », souligne Philippe Guédon. Ces multiples propositions se déclinent en voitures d’opportunité et en véhicules de typologie. Ces derniers, de loin les plus nombreux, ont été consacrés dès 1975 à l’automobile urbaine, suburbaine et court courrier. Philippe Guédon : « Les seuls substituts crédibles à l'automobile sont aujourd'hui des moyens de transport sur longues distances. D'où la tendance qui se dessine de ramener l'usage de la voiture à ce que j'appelle le court-courrier, soit 200 kilomètres, distance sur laquelle elle se révèle imbattable ». Avec la conviction que Matra était adapté à la fabrication de modèles de ce type sur la base de cadences intermédiaires (dans une phase de démarrage). Ce que ne peut se permettre un grand constructeur, qui a besoin de volumes importants pour rentabiliser son investissement.

Espace F1
Espace F1 D.R
M 25
M 25 D.R

N'ayant que des moyens limités, Matra devait se placer de manière différente, voire surprenante. A l’image de la M 580 à moteur central, qui offrait quatre places sur 2,97 mètres, soit la longueur de la Fiat 500. Elle fut proposée à Chrysler, qui ne donna pas suite.

A partir des années 80, Matra a beaucoup travaillé sur la voiture électrique, proposant des modèles convaincants. Car aujourd’hui, on sait faire un véhicule doté d’une autonomie de 230 kilomètres et capable, en silence, de 130 km/h en vitesse de pointe. Mais Matra a été découragé par l’attitude des pouvoirs publics, qui n’ont pas manifesté de réelle volonté politique en la matière.

L’innovation conceptuelle s’est par ailleurs doublée d’une exigence supplémentaire due aux tests de sécurité draconiens (chocs latéraux, arrière, en biais etc.). Car en augmentant le poids, ils posent de graves problèmes à des voitures qui se doivent d'être légères. D’où la nécessité d’accompagner ces recherches d'une réflexion sur les moteurs, les structures et les matériaux.

Nous vous proposons de découvrir un florilège de ces concept cars et prototypes, qui rivalisent d’audace et d’imagination.

M 580

Voiture urbaine contemporaine de la Bagheera, la M 580 est dotée, comme sa grande sœur, d’un moteur central transversal et de trois places côte à côte à l'avant. Elle dispose d’une quatrième place à l’arrière grâce à un siège d’appoint situé sur la boîte de vitesses, le tout sur une longueur de 2,97 mètres seulement, soit les cotes de la Fiat 500. Une élégante maquette et un mulet aux lignes taillées à la serpe seront construits. Mais Chrysler fera la sourde oreille.

MS 15

Plus classique, la MS 15 est une traction avant compacte (3,35 mètres) à quatre places et trois portes. Motorisée par un 1600 cm3 accouplé à une boîte de vitesses à cinq rapports, elle affiche en 1980 une vocation sportive qui permet d’évoquer la Golf GTI. Confortable et luxueusement présentée, elle bénéficie également d’une large surface vitrée. Peugeot, qui venait de reprendre Chrysler et se préparait à lancer la 205, n’en voudra pas.


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P 19

En 1981, la P 19 se propose de décliner le concept de monocorps sur un véhicule urbain à quatre places long de 3,10 mètres. La structure utilise des profilés d’acier et un plancher en composite. Les panneaux de carrosserie en matériaux composites, agrafés ou collés sur les profilés, sont teintés dans la masse. Les organes mécaniques sont issus de la Peugeot 104, le moteur étant placé en position transversale.


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P 28

Cyclecar moderne, la P 28 reprend au début des années 80 l'une des idées chères à Jean-Luc Lagardère, la voiture des copains. Présenté comme un produit de diversification pour la société Solex, rachetée par le groupe Matra, ce véhicule minimaliste à deux places, s’affiche comme une auto-moto, un engin destiné aux jeunes, à la fois ludique et sécurisant. Equipé d’un 125 cm3 de moto, il connaîtra une postérité avec la M 72.

P 28
P 28 D.R
M 25
M 25 D.R

M 25

Le concept car M 25 (P 38) célèbre en 1989 les 25 ans de Matra Automobile. Coupé sportif à deux places, il cultive non la puissance mais l’accélération. Equipée d’un moteur Renault de 1,8 litre turbo développant 200 ch, la voiture a été allégée (de l’ordre de 700 kilos) pour aboutir au rapport poids-puissance exceptionnel de 3,45 kg/ch. Le 400 mètres départ arrêté est ainsi parcouru en 13 secondes et le 0 à 100 km/h en moins de cinq secondes. La M 25 se caractérise encore par sa transmission intégrale et ses roues arrière directrices, tandis que la carrosserie monocorps affiche un design aussi spectaculaire que réussi.

P 41
P 41 D.R
P 41
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P 41

Véhicule urbain, la P 41 marie le gabarit de la P 19 et le traitement luxueux de la MS 15. Ce monocorps à deux portes et quatre places affiche une grande compacité — 3,05 mètres de long, soit la cote de la Mini. L’accès à l’habitacle est favorisé par les portes à double cinématique (elles s'avancent en même temps qu'elles pivotent), qui permettent de dégager une large ouverture sans débattement latéral excessif. Une technique qui se retrouvera sur l'Avantime.

P 43

La P 43 propose en 1991 le renouveau du roadster, ce genre ayant pratiquement disparu du marché pour des raisons de sécurité. Construite sur une base de R 21, elle est équipée d’un moteur turbo de 120 ch (200 km/h prévus). Dotée d’un design attrayant et d’un prix attractif, cette voiture sportive ne verra pas le jour, car elle se fera coiffer sur le poteau par la Mazda MX-5.

P 43
P 43 D.R
Zoom
Zoom D.R

Zoom

Présentée au Mondial de 1992, la Renault Zoom (projet Matra P 50) est une étude de véhicule électrique. Le but de Matra est de réaliser une automobile conçue dès le départ comme électrique, par opposition à une voiture préexistante électrifiée. Elle est ainsi dotée de performances attractives, avec 120 km/h de vitesse maximum et une autonomie de 150 kilomètres. De plus, elle jouit d’un caractère très avant-gardiste grâce à un empattement variable (2,30 à 2,65 mètres) lui permettant de se garer perpendiculairement au trottoir. La Zoom est donc une voiture pliante !

P 55

Réalisée en 1993, la P 55 est une voiture citadine monocorps à motorisation électrique, dont les batteries prennent place sous les sièges, dans des tiroirs accessibles latéralement. Surtout, elle se singularise par ses quatre places disposées dos à dos. Le projet a été soumis au professeur Cabrol, dont la conclusion a été claire : le fait de voyager dos à la route n'est pas un facteur déclenchant ou aggravant du mal de la route. De plus, les enfants, qui dans 80% des cas occupent l'arrière de la voiture, apprécient cette position. Mais ce ne sont pas les enfants qui achètent les voitures…

Intérieur Zoom
Intérieur Zoom D.R
P 55
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Espace F1
Espace F1 D.R
Espace F1
Espace F1 D.R

Espace F1

Réalisé en 1994 pour fêter le dixième anniversaire du partenariat avec Renault, l’Espace F1 s’offre dix cylindres en guise de bougies. Mis en chantier sur une idée de Jean-Louis Caussin, cet engin extraordinaire reçoit l'ensemble du groupe moto propulseur de la Williams Renault championne du monde en 1994. Le V10 de 820 ch est installé en position centrale dans l'Espace, dont le plancher a été remplacé par une coque en carbone. Avec un essieu avant spécifique, un train arrière issu de la Williams FW 14, des freins en carbone et des appendices aérodynamiques, l’Espace F1 approche les 300 km/h. Abattant le 0 à 200 km/h en 6,9 secondes, il fut présenté au Grand Prix de Monaco de 1995 avec Alain Prost et Eric Bernard au volant.

P 57
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P 57
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P 57

Symbole du plaisir automobile sans concession, ce roadster de 600 kilos offre deux places en tandem dans une carrosserie au design époustouflant. Dû à Benoît Bielliaeff, ce dernier offre un pare-brise en forme de bulle et des ailes réduites au minimum. Il était prévu de monter, en position centrale transversale, un quatre cylindres d’un litre fonctionnant au gaz naturel. Datant de 1995, le projet n’a pas dépassé le stade des maquettes au 1/5ème.

P 75
P 75 D.R
P 75
P 75 D.R

P 75

Dévoilée en 2003 au salon de Detroit dans le cadre du « Michelin Challenge Design », la P 75 est un monospace compact mesurant 3,54 mètres de longueur. Sa forme arrière cubique favorise le volume de l’habitacle, doté par ailleurs d’un plancher plat et de sièges arrière amovibles. La P 75 innove par son système d’accès au compartiment arrière, où les portes symétriques s’ouvrent se déplaçant vers les côtés de la carrosserie — ce qui permet de limiter l’emprise au sol. Développé en partenariat avec Usinor-Sacilor, le châssis se compose de deux plaques en inox enserrant une couche de composite. En supprimant la cataphorèse, cette technique simplifie le traitement anti-corrosion et réduit les coûts.

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Commentaires

avatar de eric tessier
eric tessier a dit le 09-08-2012 à 22:39
j'ai eu un reel plaisir de participer a la conception de la M 25 que de souvenir