Saga Alpina

Au pays du tuning, les préparateurs ne manquent pas. Mais un seul est officiellement reconnu en tant que constructeur à part entière. Les raisons d'une telle singularité se trouvent dans les livres d'Histoire…

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ALPINA Roadster V8

Vincent Desmonts le 01/06/2003

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Imaginez un peu la perplexité de l'Enchanteur devant une BMW Z8… Il finirait par penser que des fées lui ont volé son tour et sont passées par là avant lui ! Aboutissement ultime du savoir-faire BMW, la Z8 concentre tout ce que le constructeur bavarois fait de mieux : un V8 débordant de chevaux et incroyablement docile, un châssis affûté comme une lame de rasoir, une ligne à rendre la vue à un aveugle et une finition de montre suisse. Merlin doit se rendre à l'évidence : ses pouvoirs et sa baguette magique ne lui sont d'aucune utilité. De leur côté, les gens d'Alpina sont arrivés au même constat. Plutôt que de chercher à faire mieux, ils ont donc choisi de faire… différent.

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La Z8 est la sportive ultime de BMW : elle reprend le plus puissant des moteurs Motorsport (le V8 400 ch de la M5) et possède des suspensions privilégiant l'efficacité. Des caractéristiques qui enchantent les amateurs de sensations, mais qui ne conviennent pas forcément à toute la clientèle, notamment celle d'Amérique du Nord, qui constitue la cible principale du Z8. L'équipe de Burkhard Bovensiepen a donc décidé de l' "embourgeoiser" ! Au final, le résultat peut surprendre : voilà une drôle de préparation, qui consiste à retirer 19 ch et à ajouter une boîte automatique ! Etonnant, mais, comme toujours chez Alpina, le traitement réservé au Z8 procède d'une implacable logique.

Le moteur, d'abord. Le V8 Motorsport a beau être une formidable machine, il restait aux yeux d'Alpina trop " pointu ", trop typé hauts régimes pour être accouplé à une boîte automatique à cinq rapports. Il fut donc écarté. Pour le remplacer, les ingénieurs travaillèrent sur le V8 du BMW X5 4.6is. Une mécanique déjà généreusement fournie en couple, qui reçut quelques modifications : nouveau vilebrequin, accroissement de la cylindrée à 4,8 litres, nouveaux arbres à cames et soupapes, pistons Mahle et bielles spécifiques… Grâce à ces aménagements, le bloc développe 381 ch et 520 Nm de couple à 3 800 tr/mn. Dix-neuf chevaux de moins que le V8 Motorsport, donc, mais 20 Nm de plus, malgré la cylindrée inférieure. En outre, la courbe de couple extrêmement régulière (au moins 500 Nm restent disponibles de 3 800 à 5 000 tr/mn) garantit une grande disponibilité.

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Gros pourvoyeur en couple, le V8 BMW-Alpina est donc le partenaire idéal pour la boîte automatique ZF. Elle provient elle aussi du BMW X5 4.6is, avec quelques aménagements. Elle reçoit la commande séquentielle Switch-Tronic avec deux boutons de commande situés sur la jante du volant, des pignons de 1ère et de 2nde renforcés et une électronique optimisée pour un changement plus rapide des rapports. L'étagement ne change pas, seul le rapport de pont est modifié.

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Après le moteur et la boîte, troisième chapitre : le châssis. Pour plus de confort, l'amortissement a été adouci. Afin d'améliorer le filtrage des inégalités à basse vitesse, les pneus à roulage à plat du Z8, aux flancs trop rigides, ont été remplacés par des radiaux conventionnels Michelin. Les roues 18 pouces de série sont évincées au profit de roues Alpina en… 20 pouces !

Le Roadster V8 BMW Alpina a beau être un Z8 embourgeoisé, il conserve des performances de vraie sportive… malgré la boîte automatique et la puissance inférieure. Jugez plutôt : 0 à 100 km/h en 5,3 s (4,7 pour le Z8) et un kilomètre départ arrêté abattu en 24,3 s (23,5 pour le Z8). Même assagi, ce Z8 pas comme les autres peut encore batailler ferme avec les Porsche 911 Carrera… Sauf en vitesse de pointe. Le limiteur électronique du Z8 a été simplement reprogrammé pour se déclencher à 260 km/h. Au-delà, la stabilité n'est plus garantie, la partie avant générant un appui aérodynamique trop faible.

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Mais la clientèle américaine à laquelle se destine prioritairement le Roadster V8 n'en a cure, du fait des limitations drastiques en vigueur Outre-Atlantique. Elle appréciera par contre le confort de suspension, remarquable pour une sportive de cette trempe, et la boîte automatique, bien utile dans les traffic jams. Elle pourra également jouer au jeu des sept erreurs dans l'habitacle, en recensant les modifications effectuées par rapport au Z8. Il y a bien sûr le cadran indiquant le rapport de boîte engagé (juste derrière le volant), mais aussi le compteur gradué jusqu'à 280 km/h (au lieu de 260), les cadrans à fond bleu (noirs sur le Z8) et les aiguilles rouges (à la place des blanches). Enfin, les sièges sont revêtus d'une combinaison de cuir Nappa et d'Alcantara, autorisant 8 combinaisons de couleurs.

Plus exclusif qu'un Z8 (555 Alpina seront produites, contre 5000 BMW), le Roadster V8 est également plus coûteux : aux Etats-Unis, où il est distribué dans le réseau BMW, il s'affiche à 139 295 dollars (117 588€ ), soit 5 000 dollars plus cher que son cousin de Motorsport. Un supplément qui peut paraître abusif à nous autres Européens, mais sur la terre d'élection de la boîte automatique, les clients ne manquent pas !

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