Saga Alfa Romeo

Avec la Saga Alfa Romeo, Motorlegend vous propose de visiter la légende d'une firme qui a écrit quelques-unes des plus belles pages de l'histoire de l'automobile et qui a suscité l'attachement de millions de passionnés, fous des Chevaux de feu.

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ALFA ROMEO Giulietta

Gilles Bonnafous le 28/01/2002

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C'est sous l'égide de l'IRI qu'Alfa Romeo accède à la construction en série après la guerre. Dès 1950, la firme milanaise trace la voie avec le lancement de la 1900. Cinq ans plus tard, naît la Giulietta, motorisée par un formidable 1300 cm3 double arbre. Elle connaîtra une exceptionnelle renommée, particulièrement dans ses versions coupé et cabriolet, la Sprint et le Spider, deux chefs-d'œuvre du design italien signés Bertone et Pinin Farina.

Berline à caractère sportif héritière de la 1900, la Giulietta paraît de la même veine que sa grande sœur. Pourtant, sa mécanique s'avère plus sophistiquée et sa petite cylindrée, mieux adaptée aux conditions économiques de l'après-guerre, lui vaudra une très large diffusion. Etape capitale de l'histoire de la marque, la Giulietta constitue la première génération de modèles Alfa Romeo à avoir connu la production en grande série.

Giulietta Berline 1955
Giulietta Berline 1955 D.R
Giulietta Berline 1955
Giulietta Berline 1955 D.R

Accessible à un plus large public grâce à sa cylindrée modeste et construite à plus de 175 000 exemplaires dans ses différentes versions, l'enfant prodige de l'automobile italienne peut-il être considéré pour autant comme une voiture populaire ? Certainement pas si l'on se réfère à son prix de vente très élevé. Proposée en 1961 à 23 800 francs, la Sprint Veloce est beaucoup plus chère que la MGA (de l'ordre de 16 000 francs), la Triumph TR 3 (15 000 francs) et la Morgan + Four plus puissantes, et même que l'Austin Healey 3000 (20 000 francs) pourvue de 140 ch. Par contre, avec leurs moteurs plébéiens, ces belles Anglaises de cylindrées très supérieures ne font guère le poids face à la sophistication du double arbre milanais en aluminium.

C'est sous les traits du superbe coupé dessiné par Bertone, et baptisé Sprint, qu'apparaît en 1954 la première Giulietta. Phénomène rare, son lancement précède celui de la berline, qui n'est présentée qu'au début de l'année 1955. Quelques mois plus tard, c'est au tour du Spider, dû à Pinin Farina, d'entrer en scène.

Giulietta Sprint
Giulietta Sprint D.R
Giulietta Spider
Giulietta Spider D.R

Engagée en compétition dans toutes ses versions (à l'exception du Spider), rallye de Monte-Carlo, Tour de Corse, Tour de Sicile, etc., la Giulietta se révélera imbattable dans sa catégorie. Y compris la berline, qui, par son prix plus accessible, contribuera à la démocratisation du sport automobile italien.

Dévoilée au salon de Turin en avril 1955, la berline Giulietta frappe les esprits par sa superbe ligne, nerveuse et ramassée. Œuvre des stylistes de l'usine, cette esthétique pleine de caractère traduit la mécanique d'élite cachée sous le capot : un quatre cylindres carré (74 x 75 mm) entièrement en alliage léger, dont la noblesse tient à sa culasse à deux arbres à cames en tête, un privilège exceptionnel pour une petite cylindrée de large diffusion. De 53 ch en 1955, la puissance passera à 62 ch en 1961, entraînant la voiture à 145 km/h. Une version plus brillante fait son apparition en septembre 1957. Equipée du moteur du coupé Sprint (65 ch, puis 74 ch à partir de 1961), la berline TI (Turismo Internazionale) atteint les 155 km/h.

Giulietta Berline 1959
Giulietta Berline 1959 D.R
Giulietta Berline 1961
Giulietta Berline 1961 D.R

Comme tous les modèles de la génération Giulietta, la berline conservera sa ligne jusqu'au terme de sa carrière. On observe juste un léger remodelage de la face avant et de la poupe (feux plus largement dimensionnés) en 1959, suivi deux ans plus tard d'un nouveau lifting de la calandre. En février 1961, la célèbre actrice Giulietta Masina baptise d'un bouteille de champagne la sortie de la 100 000ème Giulietta, un chiffre qui constitue une première pour la marque au Quadrifolio.

Giulietta Berline Châssis Long Colli
Giulietta Berline Châssis Long Colli D.R
Giulietta Berline Moretti 1958
Giulietta Berline Moretti 1958 D.R

Giulietta Berline Vignale 1958
Giulietta Berline Vignale 1958 D.R
Giulietta Giardinetta Colli
Giulietta Giardinetta Colli D.R

Pour Bertone, la Giulietta Sprint marque également un tournant décisif dans la vie de la carrosserie turinoise. Première voiture construite en grande série, elle marque la fin de la période artisanale de l'entreprise. De même, la Sprint offre la consécration à son designer Franco Scaglione et lui permet de sortir des véhicules expérimentaux, à l'image des fameuses et excentriques BAT, dont il est l'auteur. D'une grande pureté, le design de la Sprint en fait un classique indémodable. Comme on ne touche pas à un chef-d'œuvre, Alfa Romeo n'aura pas la mauvaise idée de modifier la carrosserie, si ce n'est quelques détails sans conséquences (la grille de calandre et les feux arrière agrandis en 1959). Doté d'un carburateur double corps Solex, le double arbre développe 65 ch, puis 79 ch à 6300 tr/mn à partir de 1958. Bénéficiant d'un meilleur Cx que la berline, également plus léger, le coupé approche les 165 km/h.

Giulietta Sprint
Giulietta Sprint D.R
Giulietta Sprint 2ème série
Giulietta Sprint 2ème série D.R

Giulietta Spider prototype
Giulietta Spider prototype D.R
Giulietta Spider
Giulietta Spider D.R

Après la présentation en 1954 d'un prototype au design très (trop) inspiré de la Lancia Aurelia B 24 America - dont il reprenait notamment le pare-brise panoramique -, la version définitive du Spider Giulietta est dévoilée au salon de Paris de 1955. Synthèse de pureté et de caractère, sa ligne constitue l'un des grands chefs-d'œuvre de Pinin Farina. Elle restera immuable jusqu'au retrait du modèle, y compris dans sa version Giulia 1600. Symbole de la Dolce Vita, le Spider a marqué toute une génération de jeunes, pour qui il a représenté l'arme absolue de la drague au cours des fifties et des sixties… Equipé du moteur de la Sprint, il suivra la même évolution mécanique que le coupé, notamment la version Veloce.

Chez Bertone, Franco Scaglione rêvait d'une ligne plus spectaculaire pour le coupé Sprint. Adepte des recherches aérodynamiques, il allait doter le coupé Giulietta d'un profil aéronautique et d'imposants porte-à-faux. Ce sera la Sprint Speciale, une merveille de style présentée au salon de Turin de 1957. Construite sur l'empattement court du Spider (2,25 mètres) et équipée de portes en aluminium, la voiture reçoit le moteur Veloce de 96 ch. Bénéficiant en série de la boîte à cinq rapports, elle atteint la vitesse de 183 km/h.

Giulietta Sprint Speciale
Giulietta Sprint Speciale D.R
Giulietta SZ 1960
Giulietta SZ 1960 D.R

Dévoilée au salon de Genève en mars 1960, la Sprint Zagato apparaît comme la version la plus sportive du coupé Giulietta. Réalisée sur la même base que la Sprint Speciale (empattement court, moteur Veloce, boîte à cinq vitesses), la SZ ne pèse que 850 kilos grâce à sa carrosserie entièrement en aluminium (à l'instar de toutes les Zagato). Cette qualité, jointe à une aérodynamique particulièrement soignée, lui permet de franchir le cap des 200 km/h. Toutefois, la carrière de la SZ sera courte (1960-1962) et seulement 217 exemplaires en seront construits en deux séries. Apparue en 1961 avec une robe encore mieux profilée et une lunette arrière panoramique, la seconde série est équipée de freins à disque à l'avant.

Malgré le lancement de sa grande sœur Giulia, la Giulietta poursuivra sa carrière jusqu'en 1963, du moins dans sa version berline, car le Spider et les coupés Sprint et SS (mais pas le SZ) recevront dès 1962 le moteur 1600. En neuf années de carrière, la berline Giulietta aura été produite à plus de 130000 exemplaires ! Demeurée sans concurrence sur son marché, elle aura permis à Alfa Romeo de devenir le deuxième constructeur italien, derrière Fiat, mais devant Lancia.

Giulietta SZ  2ème série
Giulietta SZ 2ème série D.R
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