Oldsmobile Toronado

La genèse de la Toronado

Gilles Bonnafous le 01/03/2005

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Voiture exceptionnelle, la Toronado n’est pas née d’une volonté clairement définie dès le départ du projet. Sa gestation a été longue et complexe. L’histoire commence avec l’UPP (Unitized Power Package), un programme de recherches sur la traction avant engagé au début des années cinquante par la General Motors. La première réalisation en fut en 1954 « l’Universelle », un utilitaire léger carrossé en fourgon et équipé de roues avant motrices, dont le moteur était placé en porte-à-faux devant la cabine. Ce groupe moto-propulseur devait être monté sur les deux show cars La Salle II du Motorama de 1955, un roadster et une berline hardtop. Mais ce projet, le deuxième du programme, n’aboutira pas.

L'Universelle
L'Universelle D.R.
Show car La Salle II
Show car La Salle II D.R.

En 1957, la direction de la General Motors, soucieuse de voir aboutir rapidement ces recherches, confie à Oldsmobile la reprise du programme UPP. Pourquoi Oldsmobile ? Depuis longtemps, la marque de Lansing sert de laboratoire d’essai au groupe tout entier. On en voudra pour preuves le lancement exclusif de la transmission automatique « Safety Automatic » en 1937 (qui ne fut pas un succès), puis de l’HydraMatic en 1940 (promise à un brillant avenir), ainsi que celui du célèbre moteur Rocket en 1949. Due à l’ingénieur Charles Kettering, cette mécanique de 4,9 litres apparaît comme le premier V8 culbuté à haute compression de la General Motors (Oldsmobile le partage avec Cadillac). Il s’illustrera abondamment dans les courses de NASCAR, tandis qu’une Oldsmobile remportera la Course Panaméricaine en 1950.


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Dans le domaine du design également, Oldsmobile a toujours été à la pointe (ligne Futuramic sur la série 98 en 1948, pare-brise panoramique dès 1953 sur le cabriolet Fiesta, etc.). C’est sur des modèles de la marque que de nouvelles carrosseries ont été créées, un privilège partagé avec Cadillac et Buick. Tel est le cas du coupé hardtop (sans montants) apparu en 1949 et baptisé Holiday — au même moment étaient lancés ses homologues DeVille chez Cadillac et Riviera chez Buick. Il en sera de même pour la berline hardtop en 1955. Ces prérogatives vaudront à Oldsmobile une image progressiste dans l’opinion américaine.

Dave North dans le studio de design Oldsmobile
Dave North dans le studio de design Oldsmobile D.R.
Dernières finitions au mur avant la construction de la maquette
Dernières finitions au mur avant la construction de la maquette D.R.

Au début, le projet Oldsmobile de traction avant concerne un modèle compact, car la firme a besoin d’élargir sa gamme vers le bas où elle n’est pas représentée. Conçu sous la direction d’Andrew Watt, responsable de la division des projets expérimentaux d’Oldsmobile, un prototype à traction avant est construit en 1960 sur la base de la F85, une compact qui sera lancée l’année suivante (et qui est à rapprocher de la Chevrolet Corvair et de la Pontiac Tempest). Les essais réalisés sur les pistes de la General Motors révèlent un caractère survireur assez marqué, peu compatible avec la clientèle populaire des modèles compact. L’année suivante, le prototype est doté d’un V6 en aluminium installé en position transversale et accouplé à une boîte de vitesses manuelle à quatre rapports.

Première maquette en clay en deux versions (une par côté)
Première maquette en clay en deux versions (une par côté) D.R.
Maquette en clay pour la présentation à la direction de la GM
Maquette en clay pour la présentation à la direction de la GM D.R.

Sous la pression des responsables marketing, pour qui la clientèle des compacts n’est pas la bonne cible pour les solutions techniques compliquées — l’échec relatif de la Corvair est là pour le démontrer —, la General Motors opère un retournement complet de stratégie. Le projet est repris à zéro. De compact populaire de bas de gamme, le groupe de Detroit va transformer la voiture en modèle de luxe comme on n’en a encore jamais vu. L’Oldsmobile sera la plus grosse et la plus puissante traction avant jamais construite.

Toronado de pré-production en essais
Toronado de pré-production en essais D.R.
Essais de la Toronado sur les pistes de la GM par J.P. Norbye en 1965
Essais de la Toronado sur les pistes de la GM par J.P. Norbye en 1965 D.R.

Elle sera une « Personal Car », une nouvelle catégorie de modèles alors en pleine expansion et qui a été créée par la Ford Thunderbird « Squarebird ». Il s’agit de coupés de moyen-haut de gamme destinés à la clientèle des seniors et dotés d’un châssis, d’une carrosserie et d’un équipement spécifiques. A ce concept automobile appartiennent ou appartiendront la Pontiac Grand Prix en 1962, la Buick Riviera en 1963 (un projet conçu au départ par Bill Mitchell pour ressusciter la marque La Salle) et la Cadillac Eldorado en 1967. A partir de 1962, plusieurs Oldsmobile de la série 98, le haut de gamme de la marque, auxquelles on a greffé la traction avant, réalisent des essais. Le moteur est désormais implanté en position longitudinale et non plus transversale.

Le design de la future Toronado aura pour mission de souligner l’originalité de la voiture et de la démarquer du reste de la gamme Oldsmobile. Signées par David North du bureau de design d’Oldsmobile, les lignes sont arrêtées dès 1963 sous la direction de Bill Mitchell, le tout puissant patron du design de la General Motors. Bientôt la Toronado sera prête pour le grand jour de sa présentation officielle, 14 octobre 1965.


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